Espace GO
Espace GO. L'un des principaux théâtres institutionnels de Montréal, Espace GO, qui existe sous ce nom depuis le début des années 1990, est issu du Théâtre Expérimental des Femmes, dont il conserve en partie l'héritage. La compagnie a élargi sa mission au fil des ans pour devenir un lieu de production, de diffusion et d'accueil des dramaturgies contemporaines, principalement de langue française, tout en maintenant son engagement envers les créations de femmes. L'exigence dans les choix artistiques, le désir d'échange avec son public et l'ancrage dans le monde actuel colorent la démarche d'Espace GO.
Fondé en 1979 par Pol Pelletier, Louise Laprade et Nicole Lecavalier, le Théâtre Expérimental des Femmes (TEF) marque les années 80 par ses créations collectives résolument féministes, et par son travail en faveur de l'émergence d'une dramaturgie de femmes, notamment lors des différentes éditions du Festival de créations de femmes. Le noyau d'origine, auquel se joignent Ginette NOISEUX et Lise Vaillancourt en 1982, administre collectivement, en autogestion, tous les projets du théâtre, alors domicilié à la Maison Beaujeu, dans le Vieux-Montréal. Le bail n'étant pas renouvelé en 1983, le TEF se fait itinérant pendant deux ans, avant de dénicher un local en sous-sol dans une petite manufacture de la rue Clark, à Montréal; ce lieu est baptisé Espace GO.
La situation financière de la compagnie étant des plus précaires à l'époque, un grand spectacle bénéfice, Le Beau Show, a lieu au Spectrum en mai 1987; cet événement, qui sauvera le TEF de la faillite, est organisé par l'auteure Hélène Pedneault. Sa pièce La Déposition sera d'ailleurs l'un des spectacles mémorables présentés à Espace GO en 1988, dans une mise en scène de Claude Poissant, le premier homme invité à collaborer avec le TEF par la nouvelle directrice artistique, Ginette Noiseux. La même année, Alice Ronfard signe une version audacieuse de La Tempête de Shakespeare, dont elle confie les principaux rôles masculins à des actrices, Françoise FAUCHER incarnant Prospéro avec brio; son utilisation réussie d'écrans vidéo sur scène constitue aussi un élément novateur.
À nouveau déficitaire au début des années 90, Espace GO doit encore déménager. Sous la gouverne de Louise BEAUDOIN, alors présidence de son conseil d'administration, la compagnie réussit à réunir les fonds nécessaires à la construction d'un nouveau théâtre, boulevard Saint-Laurent. L'édifice moderne, inauguré le 9 mars 1995, vaut à l'architecte Éric Gauthier le Prix d'Excellence de l'Ordre des architectes du Québec. La production inaugurale, Inventaires, de Philippe Minyana, mis en scène par Louise Laprade, connaît le succès, de même que, quelques mois plus tard, Albertine, en cinq temps de Michel TREMBLAY, mise en scène par Martine Beaulne.
Parmi les spectacles ayant marqué les saisons d'Espace GO, il faut nommer la création de Cendres de cailloux et de Celle-là de Daniel Danis (1993), Quartett de Heiner Mûller (1996), dans lequel Anne-Marie CADIEUX et Marc BÉLAND brûlent les planches, sous la direction de Brigitte Haentjens, l'une des metteurs en scène fidèles du théâtre; Serge Denoncourt y signe pour sa part Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce (2003), Les Feluettes ou la Répétition d'un drame romantique de Michel-Marc BOUCHARD (2004) et Gertrude (Le Cri) de Howard Barker (2005), trois spectacles couronnés de plusieurs récompenses.
Espace GO accueille en résidence permanente, depuis 1995, le Théâtre PàP, qui y présente ses nouvelles créations. Le Théâtre de l'Opsis, Transthéâtre et la compagnie UBU s'y produisent également, ainsi que des artistes invités par le Festival TransAmériques (FTA), le Festival international de la littérature (FIL) et le Festival Voix d'Amériques. Espace GO multiplie les partenariats à l'international, notamment avec des artistes et des institutions de la France. Récipiendaire de nombreux prix au fil des ans, Espace GO recevait en 2005, à l'occasion de son 25e anniversaire, le Grand Prix du Conseil des arts de Montréal pour son rôle éminent dans l'évolution de la pratique théâtrale au Québec, et pour « son engagement absolu envers un théâtre contemporain ouvert à tous les dialogues ».
Voir aussi: THÉÂTRE D'EXPRESSION FRANÇAISE.