La péninsule Fosheim est située sur la côte ouest du centre de l’île d’Ellesmere, au Nunavut. Cette péninsule, qui couvre approximativement 10 230 km2, est bordée par les chaînons Sawtooth au sud-est et par le fjord Bay, le détroit d’Eureka et les fjords Greely et Canyon du sud au nord-est.
Géographie
La péninsule Fosheim est une vaste région de basses terres. La plupart des terres sont proches du niveau de la mer, à l’exception de quelques rares crêtes isolées. La péninsule est entourée de montagnes qui la protègent contre les courants d’air froid qui naissent sur la banquise polaire et les tempêtes qui arrivent de la baie de Baffin. La région est par conséquent sèche, son ciel en général sans nuages et son climat, relativement doux malgré sa latitude élevée, correspond à celui d’un désert polaire. La température annuelle moyenne de l’air y est de -19,7 °C, et les moyennes pour janvier et juillet sont respectivement de -36,1 °C et +5,4 °C. La péninsule Fosheim est la région du Canada qui est la moins arrosée, avec approximativement 64 mm par an, la plupart sous forme de neige. Sous la surface de la péninsule s’étend un pergélisol riche en glace d’approximativement 600 m d’épaisseur.
Flore et faune
La péninsule Fosheim est connue pour être le « jardin de l’Arctique », sa végétation étant plus dense et plus diverse que celle qu’on attendrait à cette latitude.
Cette abondance est due à la protection offerte par les montagnes qui assurent des températures estivales plus douces et au sous-sol gorgé d’eau grâce au pergélisol. On a ainsi identifié 145 espèces de plantes vasculaires dans la seule région du ruisseau Hot Weather, sur la péninsule, alors que les autres îles de la Reine-Élisabeth ne comptent qu’au plus 35 espèces.
Les bœufs musqués, les lièvres arctiques et les loups sont communs dans cette région. Parmi les oiseaux les plus communs, on peut citer les bruants des neiges, les labbes et les sternes arctiques.
Histoire humaine
C’est Adolphus Greely, de l’armée des États-Unis, qui aperçoit le premier la péninsule en 1881, mais ces terres ne sont explorées qu’à partir de 1899 par Otto Sverdrup et les membres de son expédition. Otto Sverdrup baptise la péninsule en l’honneur d’un membre de son groupe, Ivar Fosheim. La station météorologique Eureka, exploitée par Environnement Canada (et située à 79° 59’ N, 85° 56’ O), enregistre quotidiennement plusieurs variables météorologiques depuis son installation en 1947. C’est la plus ancienne des cinq Stations météorologiques mixtes de l’Arctique fondées conjointement par le Canada et les États-Unis. Eureka est par ailleurs le bureau de poste le plus septentrional du monde.
Changement climatique
Les changements climatiques affectent principalement la péninsule Fosheim par leurs effets sur le pergélisol de la région, riche en glace, en particulier par le développement de thermokarst. Le thermokarst est une dépression de la surface due à la fonte du pergélisol. Ce phénomène s’accompagne de la formation d’éléments topographiques tels que des fosses et des ravins. Le thermokarst survient dans des zones recouvrant un pergélisol riche en glace qui, une fois fondu, ne peut plus soutenir les terres qui le recouvrent.
L’été 2012, l’un des étés les plus chauds jamais enregistrés, s’est accompagné d’une multiplication par trois du thermokarst, ainsi que d’un type particulier de ce phénomène connu sous le nom de « décrochements de fonte régressifs ». Les décrochements de fonte régressifs surviennent lorsque le pergélisol commence à fondre, que des couches sédimentaires sont déplacées et de la glace souterraine est exposée en surface. La glace souterraine ainsi exposée fond en créant des dépressions en surface qui peuvent mesurer jusqu’à 100 m de large. En 2012, 240 décrochements en cours de fonte ont été recensés sur la péninsule Fosheim, à comparer aux 85 à 90 décrochements actifs documentés entre 1991 et 1995.
Les températures estivales plus élevées ont également engendré la fonte de coins de glace. Dans certaines zones, ce phénomène a provoqué une densification du couvert végétal qui pourrait contribuer à une stabilisation de la fonte des coins de glace.
Le thermokarst continuera à se développer sur la péninsule Fosheim tant que le climat continuera à se réchauffer. Ce processus entraînera probablement un remodelage du paysage actuel, aura un impact sur l’écosystème de la région et menacera les infrastructures présentes dans les zones touchées (p. ex., la piste d’atterrissage d’Eureka).