La génération X regroupe les gens nés environ entre 1965 et 1980. (Voir Population du Canada.) Au Canada et dans plusieurs pays de l’Occident, elle compte peu de membres, surtout lorsqu’on la compare à la génération précédente, celle des baby-boomers, et à la suivante, celle des milléniaux. La génération X est généralement considérée comme un pont entre ces deux générations plus nombreuses. L’expérience de vie des membres de la génération X se caractérise par des changements technologiques et sociaux accélérés.
Définition
La génération X fait référence au groupe de personnes nées après le baby-boom et avant la génération des milléniaux. Les dates exactes de son début et de sa fin ne font pas consensus. Certains considèrent qu’elle commence dès 1960 et affirment qu’elle se termine en 1978 ou en 1983. Toutefois, il est généralement admis que la plupart des membres de la génération X sont nés à la fin des années 1960 et pendant les années 1970.
Selon Statistique Canada, environ 7,5 millions de personnes vivant au Canada en 2020 sont nées entre 1965 et 1980, ce qui correspond à environ 20 % de la population totale du pays à l’époque, soit 38 millions. (Voir Population du Canada.)
La période où est née la génération X est aussi parfois qualifiée d’« hiver démographique ». En effet, à la fin du baby-boom survenu après la Deuxième Guerre mondiale, le taux de natalité (voir Accouchement au Canada) commence à chuter au Canada et dans d’autres pays occidentaux. Cela s’explique notamment par l’accès à de meilleures méthodes contraceptives et par le nombre de plus en plus élevé de femmes sur le marché du travail. En général, les bébés de l’hiver démographique sont désignés comme les premiers membres de la génération X, nés entre 1966 et 1971.
Le terme « génération X » est attribuable à l’auteur et artiste canadien Douglas Coupland. Quoique n’ayant pas inventé le terme, il le popularise grâce à son roman de 1991, intitulé Generation X: Tales for an Accelerated Culture (trad. Génération X : contes pour une culture accélérée). Le roman raconte l’histoire d’un groupe de jeunes adultes devant affronter un avenir pessimiste et des options de carrière limitées.
La génération de l’« enfant milieu »
La génération X est rarement caractérisée par ses propres mérites. En effet, elle est plutôt définie comme étant en « sandwich » entre les deux beaucoup plus nombreuses générations qui l’encadrent, celle des baby-boomers avant et celle des milléniaux après, dont les préférences culturelles et les priorités politiques ont dominé le paysage. Ainsi, la génération X a été « tassée », ou négligée, par les gouvernements, les médias et le marketing de masse. Le New York Times a d’ailleurs déjà décrit la génération X comme un « enfant du milieu oublié, morose et maladroit ».
La génération X peut aussi être considérée comme un pont entre les différentes époques qu’ont connues les baby-boomers et les milléniaux : les ères analogique et numérique; les 20e et 21e siècles; les tensions bipolaires de la guerre froide et une nouvelle géopolitique fragmentée marquée par la montée de l’Asie et le déclin de l’influence occidentale.
La majorité des membres de la génération X ont grandi avec un téléphone fixe (dont certains étaient dotés de cadrans rotatifs). Leurs journaux leur étaient livrés à la porte, et ils pouvaient acheter des cassettes dans des magasins de disques au centre commercial. (Voir aussi Enregistrement sonore - Technologie.) Il s’agit de la dernière génération à grandir dans un monde analogique. Cependant, une fois parents, les membres de la génération X ont élevé leurs propres enfants dans une société transformée par la technologie numérique, notamment marquée par l’accès à Internet, aux téléphones intelligents (voir aussi BlackBerry ltée) et au magasinage en ligne. Une variété infinie de chansons et de films leur est maintenant disponible grâce aux services de diffusion en continu.
La génération X a été témoin de moments importants, comme la chute du mur de Berlin et la fin de l’apartheid en Afrique du Sud. (Voir aussi Ségrégation résidentielle.) Avec le temps, son attention s’est détournée des injustices à l’étranger (notamment en raison des champs d’intérêt des milléniaux) pour se tourner vers les injustices raciales et sexuelles perçues sur son propre territoire. (Voir Racisme; Les mouvements de femmes au Canada :de 1985 à aujourd’hui.) Après avoir grandi avec une crainte d’apocalypse nucléaire au 20e siècle, les membres de la génération X vivent aujourd’hui sous la menace constante de la crise climatique du 21e siècle.
Identité
Contrairement aux générations précédentes, la génération X a grandi à une époque où, souvent, les deux parents étaient sur le marché du travail. De plus, avec l’augmentation du nombre de divorces et de leur acceptation dans les années 1970, certains membres de la génération X ont grandi dans un foyer monoparental. Ensemble, ces deux tendances ont valu à la génération X le surnom d’« enfants à clé ». En effet, plusieurs d’entre eux revenaient de l’école pour trouver la maison vide et devaient se montrer autonomes pendant que leurs parents étaient au travail.
Adolescents, les membres de la génération X ont été transformés par d’importants changements économiques. La crise énergétique mondiale des années 1970 a notamment engendré une hausse des prix du pétrole, une forte inflation et un taux de chômage élevé. Pour la première fois depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, les gens occupaient plus d’un emploi au cours de leur vie. L’économie instable des années 1970 a fini par laisser place à la prospérité dans les années 1980. Les jeunes membres de la génération X ont alors vu les baby-boomers échanger leur philosophie « hippie » contestataire contre une économie de marché libre. Cette nouvelle tendance a notamment été appuyée par le président américain Ronald Reagan et la première ministre britannique Margaret Thatcher. (Voir aussi Brian Mulroney.) Ce mouvement a également été accompagné d’une augmentation des richesses sur le marché boursier et d’une « consommation ostentatoire », soit l’habitude qu’ont prise les baby-boomers aisés d’acquérir plus de biens que nécessaire. Toutefois, au début des années 1990, cet élan de richesse s’est estompé et une nouvelle récession est survenue. Lorsque bon nombre de membres de la génération X ont quitté les bancs d’école ou décroché un diplôme universitaire (voir Universités au Canada), les bons emplois se sont raréfiés une fois de plus.
Les membres de la génération X, ou du moins la culture qui les a façonnés, ont réagi à ces changements avec cynisme et détachement. Ils sont alors considérés comme des « fainéants » anticonformistes, une étiquette qu’explore le film hollywoodien de 1994 intitulé Reality Bites (Génération 90). Le film présente une génération de jeunes adultes bien éduqués, mais blasés politiquement et manquant d’enthousiasme. Se méfiant de l’argent et de l’élite, ils préfèrent la vie en périphérie et occupent de petits boulots peu rémunérés. Les membres de la génération X adhérant à cette philosophie considèrent comme une « trahison » le fait de se joindre au mouvement économique des baby-boomers et de participer aux courants populaires.
Culture et valeurs
La musique grunge et la culture de la mode qui émergent dans les années 1980 reflètent le détachement politique et social de la génération X. Dans sa chanson Breed, le populaire groupe grunge Nirvana chante « I don’t care, I don’t care, I don’t care, I don’t care, I don’t care » (Je m’en moque). Le groupe et son chanteur principal, Kurt Cobain, deviennent des icônes culturelles pour plusieurs membres de la génération X. Ceux-ci se tournent également vers une variété de nouveaux styles musicaux, comme le hip-hop. Ils écoutent leur musique dans des compilations sur leur Sony Walkman, un lecteur de cassettes portatif. Certains visionnent aussi des vidéoclips à la télévision, notamment sur MuchMusic et MTV. Les adolescents de la génération X peuvent également passer facilement d’une chaîne à l’autre grâce à la magie des télécommandes.
Les membres de la génération X ont aussi été les premiers à jouer aux jeux vidéo sur leur télévision. Ils ont loué des VHS dans des clubs vidéo et ont célébré la représentation de leur génération dans des films à succès comme The Breakfast Club (Breakfast Club) et Ferris Bueller’s Day Off (La Folle Journée de Ferris Bueller). Une autre source de bonheur de la génération a été l’arrivée des répondeurs, qui leur permettaient d’utiliser des téléphones publics pour appeler à la maison, attendre le « bip » et écouter tous les messages vocaux laissés par leurs amis.
La génération X marque une distanciation quant à la promiscuité sexuelle et la culture de la drogue des baby-boomers. (Voir Hippies au Canada.) Les membres de la génération X ont été rendus craintifs par l’épidémie de VIH-SIDA et ont appris à dire non aux drogues et au sexe avant le mariage. Sans les adopter entièrement, ils sont plus ouverts aux valeurs familiales traditionnelles. Ils sont aussi les derniers à connaître le fait de ne pas être en contact avec ses proches. En effet, la génération X connaît les sentiments associés à l’éloignement et au silence temporaires, contrairement aux générations suivantes, plongées dans les médias sociaux et les communications en continu.