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George Coles

George Coles, premier ministre de l’Île-du-Prince-Édouard (1851-1854, 1854-1859, 1867-1868), distillateur, brasseur, marchand et fermier (né le 20 septembre 1810 à l’Île-du-Prince-Édouard ; décédé le 21 août 1875 à Charlettetown Royalty, à l’Île-du-Prince-Édouard). George Coles a participé à la Conférence de Québec et à la Conférence de Charlottetown en tant que chef du Parti réformiste de l’Île-du-Prince-Édouard. Il s’est toutefois opposé à la Confédération parce que ses résolutions ne réglaient pas la question des terres de l’Île-du-Prince-Édouard. Cette question a poussé George Coles à se distancer de l’élite locale et à militer pour un gouvernement responsable. Il a été la première personne à occuper le poste de premier ministre à l’Île-du-Prince-Édouard.

Jeunesse

George Coles est élevé sur la ferme de son père à East Royalty, à l’Île-du-Prince-Édouard, et reçoit une éducation plutôt minimale. À 19 ans, il voyage en Angleterre, où il épouse Mercy Haine en 1833. De leur union naissent 12 enfants. Plus tard la même année, il revient à l’Île-du-Prince-Édouard avec sa femme et se met vite à vendre des produits rapportés d’Angleterre. Il ouvre une boutique à Charlottetown avant de lancer d’autres entreprises, se faisant surtout connaître comme brasseur et distillateur.

Carrière politique

En 1842, George Coles entre dans la vie publique en se faisant élire dans une circonscription rurale. Étant lui-même propriétaire, il s’aligne avec les conservateurs à la Chambre d’assemblée, qui représente plus ou moins les intérêts des colons les mieux nantis. Au 18e siècle, l’île est divisée de façon inégale en 67 cantons, ou « lots ». Cette « question des terres » constitue le problème principal de la colonie. Par conséquent, il n’y a presque pas de terres de la Couronne où les colons peuvent obtenir une tenure franche, et la plupart sont forcés de devenir locataires. George Coles en vient à considérer que le système de gestion des terres est un obstacle au développement de la colonie, particulièrement pour des entreprises comme les siennes, qui nécessitent des marchés intérieurs solides.

George Coles change donc de parti et émerge, à la fin des années 1840, en tant que chef incontesté des réformistes. Il prouve son talent d’orateur à l’Assemblée, s’exprimant franchement et directement, et exploitant sans attendre les failles dans les arguments de ses adversaires. Quand l’île adopte le gouvernement responsable, en 1851, il en obtient le tout premier mandat de premier ministre.

Dans les années 1850, George Coles dirige le gouvernement réformiste le plus progressiste de la région atlantique. Son administration étend le droit de vote à presque tous les hommes adultes, et rend l’éducation gratuite à l’échelle régionale en 1852, en éliminant les frais de scolarité et l’évaluation locale. Cette mesure, que l’on considère comme la première expérience de gratuité scolaire dans l’Empire britannique, augmente grandement la fréquentation scolaire.

Cependant, la question des terres continue de tourmenter le gouvernement de George Coles, et ses initiatives législatives visant la réforme du système pour les locataires et les squatteurs sont diluées ou carrément bloquées par le gouvernement impérial.

Confédération

La majorité des habitants de l’île croyaient que la Confédération (telle que discutée à la Conférence de Charlottetown en 1864) leur a été imposée sans qu’on les avertisse ou qu’on les consulte au préalable. George Coles n’est alors plus premier ministre, car son Parti réformiste a été défait deux fois, en 1859 et en 1863, après des conflits portant sur la religion et l’éducation. Étant un protestant à la tête d’un parti soutenu principalement par la minorité catholique, George Coles ne parvient pas à rassurer ses coreligionnaires, qui traitent les catholiques avec crainte et méfiance.

Outre les différences religieuses, l’île est aux prises avec une nouvelle manifestation de la question des terres. Les conservateurs, comme les réformistes de George Coles, n’ont pas su résoudre le problème de la tenure à bail. Au printemps 1864, les locataires de l’île et les sympathisants passent à l’action et forment la « ligue des locataires », comprenant ceux qui s’engagent à ne pas payer leur loyer, et ceux qui appuient ces refus, avec l’objectif de forcer l’achat négocié des propriétés à bail.

George Coles dénonce la ligue des locataires, malgré la grande popularité de celle-ci. Après avoir fait face à la question des terres pendant des décennies, toutefois, il reconnaît son importance cruciale pour les îliens. Ainsi, quand la question de la Confédération émerge, il déclare à la Conférence de Charlottetown et à la Conférence de Québec qu’il n’accepterait que des termes d’union mettant fin à la tenure à bail à l’Île-du-Prince-Édouard. Ces remarques sont critiquées par les délégués de la Province du Canada, qui jugent que les subventions financières déjà promises à l’île seraient suffisantes. Par conséquent, George Coles convainc les libéraux de s’opposer catégoriquement aux Résolutions de Québec. L’opinion publique étant fortement opposée à ce plan et le gouvernement de James Colledge Pope étant divisé sur la question, l’île demeure donc à l’écart du Dominion, formé le 1er juillet 1867.

Voir aussi l’Île-du-Prince-Édouard et la Confédération.

Après la politique

Plus tôt en 1867, les réformistes ont défait les conservateurs, alors profondément divisés. George Coles reprend alors le poste de premier ministre, mais il commence à faiblir. À la mi-1868, il démissionne officiellement. Lors de la session législative qui suit, il parle rarement et s’absente finalement pendant toute la session de 1870. Sa sénilité est souvent attribuée au surmenage et à l’anxiété. Selon lui, son déclin aurait commencé après le grand feu de Charlottetown, en 1866, qui serait la source de son épuisement. Il s’était alors écroulé deux fois alors qu’il luttait contre le brasier.

Héritage

George Coles est le parlementaire prince-édouardien le plus exceptionnel de son temps, dominant l’Assemblée avec son esprit vif. Il amène aussi une passion exceptionnelle aux politiques de son époque. Son legs le plus important est la gratuité scolaire, qu’il considérait comme un moyen de régler la question des terres. En effet, l’alphabétisation allait par la suite en partie corriger le déséquilibre des relations entre locataire et propriétaire, marquée par l’importance des contrats écrits et la capacité de les déchiffrer. La question des terres explique pourquoi il rompt avec l’élite locale et rejoint le Parti réformiste. Comme les autres colonies se trouvent incapables de mettre fin à la tenure à bail, George Coles ne peut appuyer la Confédération.