Éditorial

George Orton : premier champion olympique canadien

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George Orton est connu comme étant le premier athlète canadien à avoir remporté une médaille d’or aux Jeux olympiques. Sur le site Web officiel de la compétition, on trouve deux mentions concernant George Orton aux Jeux de Paris de 1900 indiquant qu’il a remporté la médaille de bronze masculine sur 400 m haies et la médaille d’or sur le 3 000 m steeple. Les données olympiques précisent que George Orton concourait pour le Canada, ce qui fait de lui le premier Canadien vainqueur aux Jeux olympiques. L’Association olympique canadienne confirme ces informations. Elle considère George Orton comme le tout premier médaillé olympique canadien. Pourtant, le Canada n’avait pas envoyé d’équipe aux Jeux olympiques en 1900, la première participation d’une équipe olympique canadienne aux JO ayant eu lieu lors de la compétition suivante, à Saint‑Louis, en 1904. George Orton, alors étudiant, a participé aux Jeux de Paris en tant que membre de l’équipe de l’Université de Pennsylvanie. Lors des Jeux, les officiels l’ont enregistré comme un athlète américain et ce n’est que plusieurs années plus tard qu’on a réalisé qu’un Canadien avait remporté une compétition olympique.

Originaire de Strathroy en Ontario, George Orton était un athlète incroyable qui a atteint un excellent niveau dans plusieurs sports, dont le soccer et le hockey. C’est enfant qu’il découvre ses capacités pour la course, lorsqu’il est obligé de se livrer à des exercices physiques intenses pour surmonter les blessures subies lors d’un accident. En tant qu’étudiant à l’Université de Toronto puis à l’Université de Pennsylvanie, il participe à des compétitions de soccer et à des courses d’athlétisme. Il étudie les langues romanes et obtient un doctorat. Il parle couramment neuf langues et devient un auteur prolifique de livres et d’articles sur les techniques de course.

Lorsque George Orton se rend aux Jeux olympiques où il dispute les différentes épreuves de course sur un terrain bosselé de la banlieue de Paris au bois de Boulogne, il a déjà dominé les épreuves d’athlétisme sur piste en Amérique du Nord et accumulé 121 victoires, dont 15 lors des championnats américains.

Or olympique

Si un athlète court pour un pays autre que le sien et qu’il remporte une médaille, celle‑ci doit‑elle être attribuée à son pays ou au pays qu’il représente? En 1900, lorsque George Orton remporte sa médaille d’or, sa victoire est considérée comme une victoire américaine; toutefois, cette question aurait été, à l’époque, une pure question d’école, étant donné que les athlètes n’avaient aucune obligation d’appartenir à une équipe nationale. Le concept d’équipe nationale n’a été introduit qu’à l’occasion des Jeux olympiques de Londres en 1908. Avant cette date, les athlètes concouraient à titre personnel ou comme membres d’un club. Des athlètes de différents pays pouvaient participer au sein d’une même équipe aux compétitions de sports collectifs et les résultats qu’ils obtenaient été comptabilisés, au chapitre des pays d’origine, dans la catégorie « combinés ».

En ce qui concerne les médailles, aucune n’a en fait été attribuée lors des Jeux de Paris, les médailles d’or, d’argent et de bronze n’ayant été introduites qu’à l’occasion des Jeux olympiques de 1904. Les concurrents terminaient simplement premier, deuxième ou troisième. Ainsi, lorsque George Orton a gagné sa course, il n’a pas reçu de médaille d’or ce jour‑là.

Jeux olympiques de Paris

Lorsqu’on s’intéresse à l’histoire des JO, on peut se poser de nombreuses questions sur la façon dont les médailles ont été et sont attribuées à chacune des nations. Toutefois, une chose est sûre, un Canadien a gagné une épreuve olympique à Paris en 1900. Cependant, cette année-là, de nombreux athlètes n’étaient pas vraiment certains de participer aux Jeux olympiques. En effet, les épreuves olympiques se déroulaient en même temps que l’Exposition universelle de Paris, qui a duré cinq mois, et ont été disputées en parallèle avec de nombreuses autres compétitions non olympiques.

L’idée d’accueillir les Jeux olympiques dans la Ville Lumière, au moment même où la cité brillerait de ses plus beaux atours, semblait excellente à l’époque, toutefois les choses ne se sont pas du tout déroulées comme prévu et les JO ont tourné au fiasco. Pierre de Coubertin, fondateur du Comité international olympique, a fait remarquer plus tard que c’était un véritable miracle que le mouvement olympique eût survécu aux Jeux de Paris. Les épreuves olympiques, présentées par le gouvernement français comme une attraction secondaire de l’Exposition universelle, se sont avérées un échec patent en matière de planification et d’exécution. Les organisateurs de l’Exposition universelle n’appréciaient que très modérément la tenue simultanée des JO et le mot « olympique » lui‑même était ostensiblement absent du programme de la manifestation. En résumé, on pourrait dire que les Jeux olympiques de Paris de 1900 ont été des Jeux quasiment fantômes!