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Grande-duchesse Olga

Son Altesse impériale la grande-duchesse Olga Alexandrovna de Russie, aquarelliste et agricultrice (née le 13 juin 1882 à Saint-Pétersbourg, en Russie; décédée le 24 novembre 1960 à Toronto, en Ontario). La grande-duchesse Olga était la sœur du dernier tsar de Russie. En compagnie de sa famille, elle s’est enfuie au Danemark après la Révolution russe de 1917, puis au Canada après la Deuxième Guerre mondiale. Des centaines de milliers de Russes ont immigré au Canada dans la première moitié du 20e siècle. Il s’agissait notamment de travailleurs industriels et agricoles, ainsi que de membres de l’ancienne aristocratie russe.

Family of Emperor Alexander III of Russia, ca. 1889

Naissance et famille

Olga est la cadette des cinq enfants survivants de l’empereur Alexandre III de Russie et de l’impératrice Marie Feodorovna (née Dagmar, princesse du Danemark). Elle grandit au palais Gatchina, non loin de Saint-Pétersbourg. Olga reçoit son éducation à la maison et entretient une relation étroite avec son père, partageant son amour du plein air. En 1894, alors qu’Olga est âgée de 12 ans, son père décède et son frère aîné accède au trône russe en tant qu’empereur Nicolas II. Olga rend régulièrement visite à Nicolas et à sa famille.

Première union

Le 9 août 1901, Olga, âgée de 19 ans, épouse le duc Peter d’Oldenburg, un cousin éloigné. Cette union permet à Olga de demeurer en Russie, et elle reçoit un million de roubles, en plus de la rente annuelle versée par son frère Nicolas, de 100 000 roubles. Olga, loin de vivre un mariage idéal, révélera plus tard n’avoir jamais eu de relations sexuelles avec son époux : « Ayant vécu sous son toit pendant 15 ans, nous n’avons tout de même jamais véritablement été mari et femme. » Peter est aussi un hypocondriaque et un joueur compulsif, qui fera perdre à Olga une grande partie de sa fortune. Le couple divorce en 1916.


Grand Duchess Olga


Première Guerre mondiale et seconde union

En 1914, la Russie entre dans la Première Guerre mondiale en tant qu’alliée de la Grande-Bretagne et de la France contre l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie. Olga quitte Saint-Pétersbourg pour le front de l’Est et suit une formation d’infirmière. Elle travaille dans des hôpitaux militaires près du front à Rovno, puis à Kiev, et se voit décerner l’ordre de Saint-Georges après avoir essuyé des tirs ennemis. Le 16 novembre 1916, elle épouse le colonel Nikolai Kulikovsky (1881-1958) à Kiev. Olga se souviendra plus tard : « Après la cérémonie, nous sommes retournés à l’hôpital et avons dîné tous ensemble. Tous mes camarades, les médecins et les infirmières, étaient si heureux pour moi et nous ont souhaité du bonheur du fond du cœur. Nous étions si heureux. » Le couple aura deux fils, Tikhon (1917-1993) et Guriy (1919-1984).

Révolutions russes de 1917

Le 15 mars 1917, Nicolas II abdique le trône de Russie à la suite de défaites militaires sur le front de l’Est et de grèves ouvrières à Saint-Pétersbourg. Nicolas, Alexandra et leurs enfants sont assignés à résidence au palais Alexandre par le nouveau gouvernement provisoire, puis envoyés en Sibérie. Olga et son nouveau mari, Nikolai, quittent Kiev pour la Crimée avec la mère d’Olga, l’impératrice douairière Marie. Après que la révolution bolchevique porte Vladimir Lénine au pouvoir en novembre 1917, d’autres membres de la famille d’Olga sont assignés à résidence en Crimée. Olga, cependant, n’est pas du nombre parce que Nikolai est un roturier. (Voir aussiIntervention du Canada dans la guerre civile russe.)

Évasion de Russie

Le 16 juillet 1918, Nicolas, Alexandra et leurs cinq enfants sont assassinés par les bolcheviks. Olga craint alors que la Crimée soit un peu comme une « souricière » pouvant se refermer sur les membres restants de sa famille à tout moment. Olga, Nikolai et leur fils Tikhon partent pour Novominskaya dans les montagnes du Caucase, une région qui n’est alors pas encore sous le contrôle des bolcheviks. Leur deuxième fils, Guriy, y voit le jour. Avec l’aide du consul danois, la famille quitte le port de Novorossiysk, sur la mer Noire, à bord d’un navire de passagers rempli de réfugiés russes.


Family of Tsar Nicholas II of Russia, 1914


Danemark

Olga, Nikolai et leurs fils arrivent en sol danois en 1920. Là-bas, Olga retrouve sa mère, rescapée en Crimée par un cuirassé britannique l’année précédente. La famille d’Olga vit au palais Hvidore de Copenhague jusqu’au décès de l’impératrice douairière en 1928, puis fait l’acquisition d’une propriété agricole à Ballerup. Olga reçoit un héritage modeste de la vente de la collection de bijoux de sa mère et d’une propriété danoise, tandis que Nikolai travaille pour une compagnie d’assurance.

Émigration au Canada

À la fin de la Deuxième Guerre mondiale, les troupes soviétiques russes occupent l’île danoise de Bornholm. Olga s’inquiète de la sécurité de sa famille. Après un bref séjour au Royaume-Uni, Olga et Nikolai s’installent au Canada en tant qu’immigrants agricoles. Ils comptent parmi plusieurs centaines de milliers de Russes qui émigrent vers le Canada après la Révolution russe et la Deuxième Guerre mondiale.

Le saviez-vous?
De nombreux membres de l’aristocratie russe, dont les Ignatieff, immigrent au Canada au lendemain de la Révolution russe. Un cousin éloigné d’Olga, le duc Dimitri de Leuchtenberg, s’installe au Canada en 1931 et exploite un chalet de ski dans les Laurentides, au Québec

Le 2 juin 1948, Olga et Nikolai quittent Liverpool pour le Canada à bord de l’Empress of Canada, accompagnés de leurs fils, Tikhon et Guriy, de leurs belles-filles danoises, Agnete et Ruth, et de leurs petits-enfants, Xenia et Leonid, ainsi que de l’amie dévouée et ancienne domestique d’Olga, Emilia Tenso. L’Empress accoste à Montréal le 10 juin. Olga décrira plus tard le long périple en train de Montréal à Toronto à son biographe, Ian Vorres, en ces mots : « Les immenses espaces que j’ai vus m’ont profondément impressionnée. Je me suis sentie chez moi. Partout, je revoyais les vastes territoires que j’avais connus en Russie. »

Campbellville et Cooksville

Lors de leur bref séjour à Toronto, Olga et Nikolai attirent l’attention de la presse. Ils achètent peu après une ferme à Campbellville, entre Guelph et Milton, où ils élèvent du bétail, des porcs et des volailles. Olga est une aquarelliste de grand talent, et la vente de ses tableaux, notamment de paysages canadiens, constitue une source de revenus supplémentaires pour sa famille. En 1951, une exposition de ses œuvres est organisée à la galerie d’art Eaton de Toronto.

En 1952, Olga et Nikolai déménagent dans une plus petite maison de cinq pièces au 2130, chemin Camilla à Cooksville (faisant aujourd’hui partie de Mississauga). Dans une entrevue accordée à Ian Vorres, Olga explique la décision de la famille de quitter la ferme de Campbellville : « J’avais appris à aimer l’endroit. Il y avait tant d’espace. Nous avions tant de liberté… il était merveilleux de pouvoir s’élancer dans ces champs et forêts. Je pouvais peindre mes tableaux en plein air. Toutefois, mon époux avait de plus en plus de mal à y vivre. Nos fils étaient partis [à Toronto], et il n’était pas aisé de trouver de la main-d’œuvre ».

Olga est active au sein de la communauté russe-canadienne et fréquente régulièrement la cathédrale orthodoxe russe Christ the Saviour à Toronto. Elle accueille également des visiteurs royaux dans sa demeure de Cooksville, notamment la princesse Marina, duchesse de Kent et lord et lady Mountbatten. En 1959, Olga reçoit une invitation de la famille royale pour un repas à bord du yacht royal Britannia à Toronto, lors d’une tournée royale de la reine Elizabeth II et du prince Philip, duc d’Édimbourg.

Décès

Nikolai décède en 1958. En avril 1960, Olga est admise à Toronto General Hospital, où on lui diagnostique un cancer. Elle passe ses derniers mois de vie chez ses amis, le colonel Konstantin Martemianoff et son épouse, Ziniada, dans un appartement de la rue Gerrard à Toronto, au-dessus d’un salon de beauté tenu par leur fille Galina. Plusieurs centaines de Canadiens d’origine russe assistent à ses funérailles, qui ont lieu à la cathédrale orthodoxe russe Christ the Saviour. Olga est enterrée avec Nikolai et leur fils Tikhon au cimetière de York.