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Heiltsuks (Bella Bellas)

Les Heiltsuk sont un peuple autochtone qui a occupé une partie de la côte centrale de la Colombie-Britannique, près du détroit de Milbanke et du Fisher Channel. Historiquement, les Européens les appelaient les Bella Bella, un nom anglicisé à partir du nom d’un site situé près de la communauté actuelle du même nom. En date de janvier 2025, la population enregistrée de la Nation Heiltsuk comptait 2532 personnes.

Nation Heiltsuk (2014)

Population et territoire

Les Heiltsuk occupent traditionnellement une région d’environ 15 540 km2 de superficie sur la côte centrale de la Colombie-Britannique. Selon la Nation Heiltsuk, son territoire traditionnel « s’étend de la pointe sud de l’île Calvert, remonte le chenal Dean et le chenal de Burke jusqu’à Kimsquit et l’entrée du passage Dean vers le nord-est, et jusqu’aux chenaux Mathieson et Finlayson vers le nord. Il comprend les bras de mer Roscoe, Cousins et Spiller, en plus du lac Ellerslie et des régions côtières périphériques des détroits Milbanke et Queens, ainsi que le groupe de l’île Goose et l’île Calvert ».

En janvier 2025, la Nation Heiltsuk compte 2532 membres inscrits. De ces 2532 membres inscrits, 1130 membres vivent sur les terres de la réserve de la Nation Heiltsuk et 1327 membres vivent hors réserve.

Vie avant le contact avec les Européens

Historiquement, les communautés heiltsuk possèdent chacune son propre territoire et ses propres villages d’hiver, ainsi que ses grands chefs, ses droits cérémoniels et ses dialectes. Les villages d’hiver sont constitués de grandes maisons en planches de cèdre avec des toits à pignons, des faîtages doubles et des poteaux intérieurs sculptés. Des maisons en écorce sont parfois situées sur les sites de campements. (Voir aussi Histoire de l’architecture des peuples autochtones au Canada.) Les Heiltsuk se déplacent principalement en canots d’écorce de cèdre qui sont spécialement conçus pour être utilisés en haute mer ou sur les lacs. Ils excellent dans d’autres techniques de travail du bois, comme la fabrication de coffres et de boites en bois courbé.

L’économie traditionnelle des Heiltsuk est axée sur la cueillette et la préservation de poissons et d’oiseaux sauvages, de mammifères terrestres et marins, d’invertébrés marins et de plantes; il n’y a ni plante cultivée ni animaux domestiqués. À la fin de l’hiver, les familles heiltsuk quittent les villages d’hiver centraux et se rendent dans des campements saisonniers occupés chaque année, où elles préparent les réserves de nourriture pour être entreposées et utilisées durant les cérémonies de la saison hivernale. Les déplacements entre les camps se font en fonction de la disponibilité des ressources. Ce qui n’est pas disponible localement est échangé avec d’autres peuples autochtones. Les ressources marines sont échangées avec des communautés qui sont situées plus à l’intérieur des terres, comme les Nuxalk et les Dakelh.

Société et culture

La société des Heiltsuk est stratifiée en une hiérarchie de cinq groupes : le grand chef, le chef, les nobles, les communs et les personnes de la classe inférieure. Les classes supérieures maintiennent leur statut grâce au potlatch et à un système cérémonial dans lequel les chefs font appel aux ressources des autres pour organiser des danses et des festins. Lors de ces rassemblements, les droits héréditaires sont affichés, et ces droits sont validés à l’intérieur de la société Heiltsuk et au-delà de celle-ci.

Contrairement à leurs voisins du nord, les Heiltsuk, ainsi que les Premières Nations au sud, tracent leur ascendance bilatéralement, acquérant les droits et le statut d’appartenance à un groupe particulier par l’un ou l’autre des deux parents. De plus, il existe des groupes avec emblèmes fondés sur l’ascendance, de manière semblable aux clans de leurs voisins du nord. Les groupes avec emblèmes sont également classés; le corbeau étant le groupe supérieur, suivi de l’aigle, de l’épaulard (l’orque) et du loup. Chacun de ces groupes identifiés par des emblèmes est représenté dans chaque communauté heiltsuk. L’une des obligations des groupes avec emblèmes est d’accomplir des tâches de commémoration; ces tâches reviennent au groupe associé au père du défunt.

Langue

Les Heiltsuk parlent la langue hailhzaqvla (appelé aussi la langue heiltsuk), une langue wakashane qu’ils partagent également avec les Haihais ou les Klemtu. Cette langue est menacée; lors du recensement de 2021, seulement 180 personnes déclarent la langue heiltsuk comme étant leur langue maternelle. De plus, 170 personnes déclarent avoir une connaissance de la langue heiltsuk. Plusieurs des personnes qui parlent couramment la langue sont des aînés. Étant donné que des politiques du gouvernement fédéral comme les pensionnats indiens ont contribué à éroder la langue heiltsuk, la Nation Heiltsuk travaille activement à promouvoir son enseignement et sa préservation. (Voir aussi Langues autochtones au Canada.)

Histoire coloniale

Le premier contact des Heiltsuk avec les Européens survient probablement au cours des années 1780, bien que la traite avec eux ne devienne chose courante qu’une décennie plus tard. Au début des années 1800, les Heiltsuk participent activement à la traite des fourrures maritime. En 1833, la Compagnie de la Baie d’Hudson établit le fort McLoughlin sur l’île Campbell. Ce dépôt dépend des fourrures obtenues grâce à la traite des fourrures avec les Heiltsuk. Le poste de traite ferme en 1843, lorsque le bateau à vapeur Beaver de la Compagnie permet d’obtenir les fourrures plus rapidement, rendant ainsi le poste obsolète.

Après le milieu des années 1800, les vestiges des communautés des Heiltsuk, dont les populations sont gravement réduites en raison d’une série de maladies épidémiques, se regroupent à la baie McLoughlin. Vers les années 1880, la population des Heiltsuk est diminuée à environ 200 individus. En 1898, guidée par des missionnaires méthodistes, la population des Heiltsuk déménage à l’emplacement actuel de Bella Bella.

Vie contemporaine

Au 20e siècle, Bella Bella se développe en une communauté prospère qui est centrée sur la participation des industries de la pêche commerciale, de la pêche d’œufs de hareng et de la foresterie. De nos jours, une vie cérémoniale active lie les communautés aux traditions de leurs ancêtres et à la population autochtone diversifiée qui vit le long de la côte ouest de la Colombie-Britannique (voir aussi Premières Nations en Colombie-Britannique). Les potlatchs continuent de souligner les moments importants dans la vie de famille des Heiltsuk.

Le 13 octobre 2016, un remorqueur qui transporte plus de 200 000 litres de diesel coule au large de la côte de Bella Bella, dans les eaux territoriales de la Nation Heiltsuk. On estime que 100 000 litres de carburant sont déversés dans l’eau, affectant la faune sauvage, l’environnement et l’approvisionnement alimentaire de la population. Le 6 novembre, le ministre fédéral des Transports, Marc Garneau, rencontre les dirigeants heiltsuk et leur promet qu’une interdiction de la circulation de pétroliers le long de la côte nord de la Colombie-Britannique est en préparation. Le 21 juin 2019, le gouvernement fédéral adopte le projet de loi C-48, également connu sous le nom de Loi sur le moratoire relatif aux pétroliers. Cette loi interdit aux pétroliers transportant plus de 12 500 tonnes métriques de certains produits pétroliers de charger ou de décharger des produits, et de s’arrêter dans la zone visée par le moratoire, qui comprend les régions près de Bella Bella.

En 2019, la Nation Heiltsuk ouvre une nouvelle maison cérémonielle dans la communauté de Bella Bella. Il s’agit de la première maison cérémonielle construite en environ 120 ans, depuis la destruction de la dernière maison cérémonielle sur le territoire des Heiltsuk. Les rapports divergent au sujet de la destruction de la précédente maison. Selon William Housty, conseiller culturel pour la nouvelle maison cérémonielle, les missionnaires de l’époque ont affirmé qu’elle avait été détruite par le vent. Cependant, certains membres de la Nation Heiltsuk suggèrent qu’elle a plutôt été détruite par les missionnaires étant donné qu’elle était située à un endroit intentionnellement choisi pour être protégée du vent. De plus, sa destruction a eu lieu à une époque où les cérémonies autochtones, incluant le potlatch, étaient interdites par la Loi sur les Indiens (voir aussi Interdiction du potlatch).

En février 2025, la Nation Heiltsuk ratifie une constitution écrite. Selon la Nation Heiltsuk, cette constitution a nécessité environ 20 ans de travail. Elle contribue à clarifier qui détient les pouvoirs décisionnels au sein du territoire de la nation et elle constitue un pas vers l’autonomie gouvernementale (voir aussi Autonomie gouvernementale des Autochtones).

Guide pédagogique perspectives autochtones

Collection des peuples autochtones

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