Henry (Dreyfus ou Dreyfuss) Brant, compositeur, chef d’orchestre, pianiste (né le 15 septembre 1913 à Montréal au Québec; décédé le 26 avril 2008 à Santa Barbara en Californie). Doctorat honoris causa en beaux‑arts de la Wesleyan University en 1998. Fils du violoniste Saul Brant, Henry Brant suit les cours du McGill Conservatorium, devenu l’École de musique Schulich, à Montréal de 1926 à 1929, avant de déménager de façon permanente aux États‑Unis. Il étudie la composition à New York, de 1929 à 1934, à titre privé auprès de Rubin Goldmark, George Antheil, Aaron Copland et Wallingford Riegger, ainsi qu’à l’Institute of Musical Art et à la Juilliard Graduate School. Il se passionne pour la musique commerciale et travaille comme chef d’orchestre et arrangeur pour la radio, la danse et le cinéma, orchestrant plusieurs musiques de film à Hollywood, notamment The Plow that Broke the Plains en 1936.
Compositeur prolifique et créateur audacieux et inventif, Henry Brant devient une figure éminente de la scène musicale contemporaine aux États‑Unis. Il est fasciné par les instruments ésotériques et par les possibilités offertes par la composition antiphonaire pour des groupes d’instruments séparés répartis dans l’espace. Dans son travail, il fait également appel à l’improvisation contrôlée et, à partir des années 1980, aux instruments des musiques du monde. Il a aussi souvent recours à des effectifs orchestraux inhabituellement fournis, par exemple 80 trombones ou 75 guitares. Antiphony I est, en 1953, sa première œuvre spatialisée. À partir de ce moment, la technique consistant à disposer les interprètes à différents endroits de la salle domine son travail. Ses propres notes d’interprétation concernant sa création pour orchestre symphonique à vents An American Requiem, sur lesquelles il met l’accent, sont, à cet égard, sans aucune ambigüité : « [...] l’œuvre ne devra pas être interprétée avec tous les instruments rassemblés sur scène ou dans tout autre endroit ». Elles contiennent des instructions explicites sur le positionnement des musiciens dans les allées, les balcons, et ailleurs dans la salle.
Un iconoclaste à succès
Entièrement acquis aux idées musicales de Charles Ives et fasciné par son travail, Henry Brant orchestre la deuxième sonate pour piano dite Concord Sonata (1958‑1994) de ce dernier, qui devient A Concord Symphony. Il dirige la première mondiale de cette œuvre au Centre national des arts à Ottawa le 16 juin 1995. D’autres œuvres de Henry Brant sont jouées au Canada, notamment Ice Field par l’Esprit Orchestra et Ghosts and Gargoyles pour flûte solo et chœur de flûtes dont la première a lieu à Toronto le 26 mai 2002. De nombreux festivals de musique nouvelle, aux États‑Unis et en Europe, programment sa musique. Plusieurs institutions lui commandent des œuvres, notamment la Columbia University, le Lincoln Center for the Performing Arts, l’American Composers Forum de New York, la Serge Koussevitzky Music Foundation et le Getty Research Institute. En ce qui concerne le cinéma, Carny, Cleopatra et Good Morning, Vietnam sont parmi les derniers films dont il orchestre la musique.
S’exprimant à propos de son travail, Henry Brant déclare : « À chaque fois que je compose une nouvelle œuvre [...] elle exige une formation différente d’instruments, de voix ou des deux. Dès l’origine, je la conçois, avec une durée qui lui est propre, dans la perspective d’une occasion, d’un espace, d’une salle de concert et d’un public spécifiques. » (Strings, 1er janvier 2008) Décrivant le type de nouvelle musique caractéristique du travail du compositeur, l’American Record Guide écrit : « La musique de Brant trouve son origine dans des notions iconoclastes de ce qu’est la musique » (American Record Guide, janvier‑février 1997). Henry Brant poursuit son travail de compositeur alors qu’il est âgé de plus de 90 ans.
Enseignement et prix
Henry Brant enseigne à la Columbia University de 1945 à 1952, à la Juilliard School de 1947 à 1954 et au Bennington College, dans le Vermont, de 1957 à 1980. Linda Bouchard, Teo Macero, Jack Sirulnikoff, Morris Surdin et James Tenney font partie de ses étudiants en composition. Il reçoit de nombreux prix, notamment le Prix Italia en 1955 et un prix Pulitzer, en 2002, pour Ice Field : Spatial Narrative for Large and Small Orchestral Groups.
Discographie sélective
Henry Brant Plays, Michael Ingram Sings Charles Ives, 28 Songs. 1991. ACR 10306 CD AmCam Recordings
Musique à l’Université Laval, vol 1a. Morel – Stravinsky – Brant Angels and Devils. 1992. SNE‑545‑CD
A Little Romance. Brott – Copland – C. Schumann – Brant Two Rush Hours in Manhattan. 1995. Calgary UC‑CD 9502 Unical
The 20th Century : Music of Our Time. Schoenberg – Boulez – Brant Ghost Nets. 1997. ACR‑10309CD AmCam Recordings
Kingdom Come; Machinations. 1995. PHCD 127 Phoenix
Winds of Change: American Music for Wind Ensemble from the 1950s to the 1970s. Paynter – Brant et al. – Brant Verticals Ascending. 1997. 80211‑2 New World Recordings
Music for Massed Flutes. 2006. Aitken flute, Aitken and Brant conductors. 80636‑2 New World Records
Brant – McGinn et al. 20th Century Piano. Brant and J. McGinn piano. Amcam 10312 Albany