Hepburn, Mitchell Frederick
Mitchell Frederick Hepburn, homme politique, premier ministre de l'Ontario de 1934 à 1942 (St. Thomas, Ont., 12 août 1896 -- id., 5 janv. 1953). Confiant et affable, « Mitch » est un agriculteur populaire qui remporte de justesse le siège d'Elgin-Ouest aux élections fédérales de 1926, puis est réélu avec une majorité confortable en 1930. Cette année-là, il est élu chef du Parti libéral provincial et élargit la base de ce dernier grâce à une alliance avec les progressistes, à une réconciliation des libéraux avec la gauche syndicale et à des efforts pour résoudre les différends liés aux écoles catholiques et à la prohibition. Ses discours à la défense des agriculteurs ontariens et de la libéralisation du commerce attestent plus d'esprit que de perspicacité sur le plan économique.
Profitant de la Crise de 1929, de l'ineptie du gouvernement conservateur dirigé par le premier ministre George HENRY, ainsi que d'un financement par des intérêts commerciaux et miniers, Hepburn remporte une victoire écrasante lors des élections provinciales de 1934. Une fois au pouvoir, Hepburn met en oeuvre de nombreuses mesures populistes, dont la vente aux enchères des limousines du gouvernement et la fermeture de la résidence du lieutenant-gouverneur. Il annule des contrats d'électricité conclus avec quatre compagnies québécoises, tente d'assainir les finances de la province, améliore la législation du travail et vient en aide à l'industrie du minerai de fer. Sa plus grande réalisation, à ses yeux, est la pasteurisation obligatoire du lait. Sa tentative visant à aider les écoles paroissiales remporte toutefois moins de succès.
L'événement qui marque le plus son premier mandat est la grève de General Motors (GM) à Oshawa en 1937 (voir GRÈVE D'OSHAWA). Bien qu'il soit bien disposé à l'égard des chômeurs, Hepburn s'oppose à la syndicalisation et à la venue au Canada du Committee for Industrial Organization (qui devient plus tard le Congrès des organisations industrielles, COI). Il appuie le refus de GM de négocier avec les organisateurs du COI et, lorsqu'Ottawa refuse d'envoyer une unité de la Gendarmerie royale du Canada, il organise sa propre brigade de bénévoles, surnommés « Hepburn's Hussars » (les « hussards de Hepburn »). Or, le syndicat finit par être plus ou moins accepté, ce qui met fin à la grève. Cette grève rompt les liens (qui n'avaient d'ailleurs jamais été étroits) d'Hepburn avec KING, le premier ministre fédéral. En janvier 1940, Hepburn adopte à l'Assemblée législative de l'Ontario une résolution qui critique l'effort de guerre de King. Ce dernier déclenche alors des élections, qu'il remporte facilement.
Le sort d'Hepburn est décidé. Il aide à saborder la conférence fédérale-provinciale de 1941 et appuie A. MEIGHEN lors de l'élection partielle dans York-Sud en 1942, mais sa lutte avec King ruine son parti et sa santé. Il démissionne à titre de premier ministre en 1942, puis à titre de trésorier provincial en 1943. Les libéraux lui demandent de diriger le parti dans les élections de 1945. Le parti est toutefois mis en déroute et Hepburn lui-même perd son siège.