Inflation
L'inflation signifie communément la hausse générale des prix, le plus souvent calculée par l'INDICE DES PRIX À LA CONSOMMATION (IPC), qui mesure le coût d'un panier de biens et services consommés par une famille type. Le taux d'inflation correspond au pourcentage d'augmentation du niveau des prix et est exprimé en taux annuel. Si l'IPC passe de 100 à 132 sur une période de deux ans, la hausse du niveau des prix est alors de 32 p. 100, soit un taux d'inflation annuel d'environ 16 p. 100. Les taux d'inflation élevés du XIXe et du XXe siècle sont liés aux grandes guerres, et depuis la Deuxième Guerre mondiale, les prix ont généralement augmenté.
De 1970 à 1975, la moyenne annuelle du taux d'inflation des prix à la consommation est de 6,55 p. 100 aux États-Unis, de 7 p. 100 au Canada, de 6 p. 100 en Allemagne, de 12 p. 100 au Royaume-Uni, de 18 p. 100 en Yougoslavie, de 50 p. 100 en Argentine et de 112 p. 100 au Chili. En 1981, au Canada, l'inflation atteint un taux annuel de 12,5 p. 100; en 1986 le taux reste stable à 4,1 p. 100, et en 1994 il descend à 1,7 p. 100. Aux États-Unis, la moyenne annuelle de l'IPC n'augmente que de 1,1 p. 100 en 1986, hausse la plus faible en 25 ans; en 1994, son taux d'inflation demeure à 3 p. 100.
En période d'inflation, on doit faire une distinction entre le revenu monétaire (calculé en dollars) et le revenu réel (calculé en pouvoir d'achat). Si le revenu monétaire augmente du même pourcentage que les prix des biens et services, le revenu réel n'est pas modifié. Pour que le revenu réel augmente, le revenu monétaire doit augmenter plus que les prix à la consommation. L'inflation ne nuit pas nécessairement à tout le monde. Son effet principal est la redistribution du revenu réel. Si les prix sont stables (taux d'inflation nul) et qu'un sujet A emprunte 100 dollars à 2 p. 100 d'intérêt à un sujet B, ce dernier s'attend à recevoir, après un an, 102 dollars en revenu réel. Toutefois, si les prix augmentent de 5 p. 100, on ne pourra acheter avec cette somme de 102 dollars ce qu'on achetait avec 100 dollars l'année précédente. Le revenu réel de B baissera et celui de A sera plus élevé. Par conséquent, une inflation subite contribue à redistribuer le revenu réel des prêteurs aux emprunteurs. Les retraités qui cotisaient à des fonds de PENSION au moment où le taux d'inflation était faible et qui reçoivent maintenant des prestations dont la valeur en dollars est moindre que prévu, sont parmi les personnes lésées par l'inflation.
Les liens entre les prix, l'emploi, les salaires et les profits sont complexes. L'inflation peut être stoppée par une baisse de la demande globale (total des dépenses) provoquée par une POLITIQUE BUDGÉTAIRE qui diminue les dépenses du gouvernement ou augmente les impôts et par une politique monétaire qui restreint la croissance de la masse monétaire dans l'économie. Ce faisant, les taux d'intérêt augmentent et le crédit diminue. Toutefois, une diminution de la demande globale a pour conséquence première de réduire la production et le nombre d'emplois plutôt que d'abaisser les prix (même au XIXe siècle, la chute des prix allait en général de pair avec des taux de chômage élevés). Les gouvernements ont donc cherché des solutions de rechange, comme le contrôle des prix et des salaires. Ces seules mesures n'ont cependant pas d'effet durable sur l'inflation. Par contre, si on les utilise de concert avec des politiques monétaires et budgétaires adéquates, elles peuvent favoriser un recul de l'inflation tout en ayant peu d'effets secondaires néfastes.
En général, les économistes s'entendent sur le fait que l'inflation ne peut se prolonger sans une augmentation de la masse monétaire. Les monétaristes ont tendance à privilégier la réglementation de la masse monétaire, alors que les keynésiens favorisent d'autres moyens comme le contrôle des prix et des salaires. Voir aussi STAGFLATION.