Jennifer Hodge de Silva, née Hodge, réalisatrice de documentaires (née le 28 janvier 1951 à Montréal, au Québec; décédée le 5 mai 1989 à Montréal). Jennifer Hodge de Silva était une cinéaste pionnière afro-canadienne des années 1970 et 1980. Elle a été la première cinéaste noire à travailler de manière constante avec à la fois l’Office national du film et la CBC. Elle a produit un corpus d’œuvres documentaires acclamé et influent, dans un style connu sous le nom de documentaires réalistes à caractère social. Son film hautement estimé, Home Feeling : A Struggle for Community (1983), coréalisé avec Robert McTair, est largement présent dans le cadre des programmes d’études en cinéma à travers le Canada.
Éducation et début de carrière
Jennifer Hodge grandit à Montréal. Sa mère est Mairuth Hodge Sarsfield, une diffuseuse, fonctionnaire, diplomate, et auteure à succès. Jennifer Hodge est exposée aux arts et à la culture tout au long de son enfance. Elle fait ses études secondaires à École d’Humanité de Hasliberg‑Goldern en Suisse. Ceci forme sa perspective cosmopolite sur le monde. Elle apprend également à parler parfaitement le français et l’allemand, et elle maîtrise l’italien.
Jennifer Hodge revient au Canada pour suivre des cours au Collège Glendon de l’Université York à Toronto. Elle obtient son baccalauréat en beaux‑arts avec distinction, en 1974. Elle fait ensuite un stage à l’Office national du film (ONF) à Montréal avant de retourner à Toronto pour se perfectionner à la Ryerson Polytechnic Institute (maintenant l’Université Ryerson). Elle obtient son baccalauréat en arts télévisuels appliqués en 1979. Cette même année, elle réalise également un court métrage de l’ONF, Canada Vignettes : Helen Law. Ce film dépeint le portrait d’une immigrante chinoise et de son fils, un Canadien de la première génération.
Alors qu’elle est encore étudiante, Jennifer Hodge travaille comme adjointe à la réalisation et productrice associée sur le film Fields of Endless Day (1978). C’est l’un des premiers films canadiens à relater de manière importante près de 400 ans d’histoire des Afro‑Canadiens. Le film est réalisé par Terence Macartney‑Filgate. Jennifer Hodge travaille également avec lui sur la production de la CBC, Dieppe 1942 (1979). Pour ce documentaire en deux parties racontant le désastreux raid de Dieppe pendant la Deuxième Guerre mondiale, Jennifer Hodge est responsable de l’organisation de la participation de l’Allemagne. Ceci implique de convaincre l’armée allemande et les anciens combattants de la Luftwaffe de participer au film. Le film est acclamé et il reçoit le prix Anik de la CBC.
Jenfilms
En 1982, Jennifer Hodge épouse un collègue cinéaste, Paul de Silva. Ensemble, ils fondent la compagnie de production Jenfilms Inc. Grâce à cette compagnie, ils produisent de nombreux films diversifiés, comme Joe David : Spirit of the Mask (1981), un profil de l’artiste clayoquot Joe David, spécialiste en masques de cérémonie; The Edenshaw Legacy (1984), qui présente le travail de l’artiste haïda Charles Eenshaw; et la série télévisée Inside Stories (1989), qui raconte les expériences de résidents de diverses origines ethniques de la ville de Toronto. Jenfilms Inc. crée également la série Neighbourhoods. Cette série examine l’histoire et le caractère de différentes communautés à travers le Canada. La narration de l’un des épisodes, Kensington Market (1985), est faite par l’acteur vedette de la série télévisée King of Kensington, Al Waxman.
Le film le plus acclamé de Jennifer Hodge est Home Feeling : Struggle for a Community (1983), qu’elle coréalise avec Robert McTair. Le film explore les relations troubles entre le service de police de Toronto et les résidents du quartier de Jane‑Finch, un quartier largement noir de la ville. Le portrait intense et complexe de la situation générale, ainsi que les points de vue des policiers et des résidents demeurent pertinents. Le film est reconnu comme un documentaire réaliste et libéral qui donne une voix à une communauté par ailleurs marginalisée.
Legs
Jennifer Hodge de Silva a adopté une approche sensible mais sans compromis dans ses documentaires. Elle a présenté des conditions sociales complexes par le biais d’explorations intimes d’expériences personnelles. Elle est la première cinéaste noire à avoir travaillé de manière constante à la fois avec l’Office national du film (ONF) et avec la CBC. Son travail révolutionnaire a ouvert la voie à de futurs réalisateurs comme Clement Virgo, Sylvia Hamilton et Jennifer Holness.
Jennifer Hodge de Silva meurt d’un cancer à l’âge de 38 ans, à l’Hôpital Royal Victoria de Montréal, où elle était née. Le documentaire biographique Jennifer Hodge : The Glory and the Pain (1992), est réalisé en hommage à sa vie et à son œuvre. Il présente des souvenirs de ceux qui étaient proches d’elles. Black on Screen : Images of Black Canadians 1950s–90 s est un catalogue de films commémoratifs de films produit en 1992 par l’ONF. Il est dédié « à la mémoire Jennifer Hodge de Silva, en l’honneur du travail cinématographique pionnier qu’elle a accompli ».
Voir aussi Les femmes noires dans les arts.