Le jour du déménagement est une tradition au Québec où la plupart des baux de logements locatifs se terminent le 30 juin, ce qui signifie que de nombreux locataires déménagent le 1er juillet. La tradition de déménager à date fixe remonte à la Nouvelle-France, en raison des coutumes juridiques françaises. Les lois en la matière ont persisté jusqu’en 1973. Bien qu’il ne s’agisse plus d’une obligation, cette pratique est très répandue.
Historique
Selon certaines sources, le jour du déménagement commence à la période seigneuriale de la Nouvelle-France au 18e siècle. À cette époque, le 1er mai est établi comme date de début de tous les accords juridiques, y compris les baux. D’autres sources laissent entendre que cette date est fixée pour protéger les locataires contre les évictions de leurs fermes pendant les mois froids de l’hiver. La journée du déménagement existe depuis longtemps dans de nombreuses villes. Aux États-Unis, New York et Chicago avaient leur jour du déménagement le 1er mai, tandis que Boston continue d’avoir un jour du déménagement le 1er septembre.
Des objections au jour du déménagement sont émises dès 1903. Elles portent principalement sur le fait qu’il perturbe l’année scolaire. Toutefois, la loi fait partie du Code civil du Québec jusque dans les années 1970. En 1973, le gouvernement libéral du Québec adopte une nouvelle loi afin que les baux n’aient plus à commencer à une certaine date. Plus tard cette année-là, les baux encore en vigueur sont prolongés de deux mois, jusqu’au 30 juin 1974, faisant du 1er juillet le jour du déménagement.
Le saviez-vous?
On croit souvent à tort que la date du déménagement a été choisie par les souverainistes québécois pour diminuer l’importance de la fête du Canada. Or, c’est un député libéral, Jérôme Choquette, qui est à l’origine du projet de loi qui a fixé la date du déménagement au 1er juillet.
Processus de déménagement
Le jour du déménagement peut être chaotique, en particulier à Montréal, qui compte une grande proportion de locataires. Selon la Régie du logement, qui administre le logement, les résidents n’ont pas de délai de grâce à la fin de leur bail, ce qui entraîne des complications lorsqu’un locataire quitte un logement alors qu’un autre y emménage. De grands amas de meubles et d’articles ménagers sont souvent laissés sur les trottoirs, ce qui représente environ 50 000 tonnes de rebuts chaque année. Dans certains secteurs, il faut un permis pour stationner un camion de déménagement. Les résidents réservent fréquemment des places de stationnement de manière informelle en utilisant des meubles, souvent une corde suspendue entre deux chaises, avec une affiche sur laquelle on peut lire « déménagement ». Les réservations auprès des entreprises de déménagement et de location de camions se font souvent longtemps à l’avance, ce qui entraîne une hausse des prix autour du 1er juillet. De nombreux locataires renoncent aux entreprises de déménagement et optent pour l’aide d’amis, traditionnellement en échange de pizza et de bière.
Incidences sociales du jour du déménagement
En raison de la forte demande, il peut être difficile pour les locataires de trouver un logement à temps pour leur déménagement. Par exemple, en 2021, le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) rapporte que le 1er juillet, 400 familles partout au Québec sont sans abri. Les défenseurs du droit au logement qualifient de « crise du logement » le manque croissant de logements abordables à Montréal, une ville où les loyers sont historiquement bas par rapport aux autres grandes villes canadiennes.
L’abandon d’animaux domestiques est également un problème récurrent autour du jour du déménagement. De nombreux logements locatifs n’acceptent pas les animaux de compagnie, ce qui oblige les locataires à les abandonner dans des refuges pour animaux. Selon la SRC, dans les trois mois précédant le 1er juillet 2022, la Société pour la protection des animaux (SPA) de Montréal recueille 600 animaux de compagnie abandonnés.
Persistance du jour du déménagement
Bien que ce ne soit plus une obligation juridique, la plupart des baux au Québec se terminent toujours le 30 juin. Les jours et les semaines entourant le jour du déménagement sont également des périodes de forte activité pour les déménagements. Pour les propriétaires, il est plus facile de trouver des locataires si la demande est élevée à un seul moment de l’année. Pour les locataires, le choix des appartements disponibles peut être plus vaste, mais la concurrence est également plus forte. Pour les entreprises de déménagement, cela crée un déséquilibre entre la haute saison de juin et juillet et le reste de l’année. Malgré ces inconvénients, la tradition se perpétue. Même les chaînes de pizzerias profitent de cette journée pour proposer des promotions.