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Joy Kogawa

Joy Nozomi Kogawa (nom de naissance Nakayama), C.M., O.B.C., poète, romancière et activiste (née le 6 juin 1935 à Vancouver, en Colombie-Britannique). Joy Kogawa figure parmi les plus importants auteurs canadiens d’origine japonaise. Elle est reconnue pour ses récits fictifs et touchants de l’internement des Canadiens d’origine japonaise, et pour son implication dans le mouvement en faveur de la réparation, visant à obtenir des compensations et des indemnités pour sa communauté. Elle est membre de l’Ordre du Canada et de l’Ordre de la Colombie-Britannique, ainsi que de l’Ordre du Soleil levant, au Japon.

Joy Kogawa

Joy Kogawa devant la maison Joy Kogawa en 2005.

(avec la permission de Dan Toulgoet/flickr, CC)

Jeunesse et éducation

Joy Kogawa passe sa petite enfance à Vancouver. Ses parents, des Canadiens japonais de première génération (Issei), ont immigré au Canada avant sa naissance. Sa mère est enseignante de maternelle et son père est pasteur. Bien que Canadienne japonaise de deuxième génération (Nisei), Joy Kogawa grandit dans un quartier blanc de classe moyenne.

Lorsqu’elle a six ans, elle et sa famille font partie des milliers de Canadiens japonais qui sont arrachés à leur foyer et internés à l’occasion de la Deuxième Guerre mondiale. Ils sont d’abord envoyés à Slocan, dans les terres intérieures de la Colombie-Britannique, puis à Coaldale, en Alberta.

Après des études secondaires en Alberta, Joy Kogawa fréquente l’Université de l’Alberta en 1954 puis, deux ans plus tard, l’Anglican Women’s Training College et le Conservatoire royal de musique. En 1968, elle poursuit ses études à l’Université de la Saskatchewan.

Début de carrière

Après avoir occupé des emplois d’enseignante, de rédactrice attitrée pour le premier ministre et de rédactrice indépendante, Joy Kogawa devient écrivaine résidente à l’Université d’Ottawa en 1978. Elle déménage à Toronto en 1979.

Poésie

Joy Kogawa entame sa carrière littéraire en tant que poète : son premier recueil de poésie, rédigé en vers rigoureusement maîtrisés, s’intitule The Splintered Moon (1968). Le livre est suivi de A Choice of Dreams (1974), de Jericho Road (1977) et de Six Poems (1978), dans lesquels la poète évoque son ascendance japonaise. Les publications plus récentes de l’auteure comprennent notamment A Song of Lilith (2000) et A Garden of Anchors: Selected Poems (2003).

Romans

Joy Kogawa est surtout connue pour son roman à succès Obasan (1981), considéré comme l’un des 100 livres canadiens les plus marquants selon le magazine Literary Review of Canada. Œuvre lyrique et bouleversante, à demi autobiographique, elle raconte les pertes et les souffrances vécues par les Canadiens japonais au cours de la Deuxième Guerre mondiale. Elle est narrée par une femme d’âge moyen, Naomi Nakane, qui se remémore les événements survenus pendant son enfance. 

Le roman devient une référence en ce qui a trait à l’internement des Canadiens d’origine japonaise. Vers la fin des années 1980, il figure au programme dans des écoles et des universités partout au Canada. Le mot japonais « obasan » peut se traduire aussi par « femme », et plusieurs critiques ont loué le roman pour son fort accent féministe.

Obasan joue un rôle important dans le mouvement en faveur de la réparation, qui vise à obtenir des compensations et des indemnités pour les Canadiens japonais. En 1988, les victimes de l’internement obtiennent réparation, et des excuses sont présentées au Parlement. À l’occasion de cet événement, Ed Broadbent et Gerry Weiner lisent des passages du roman.

La romancière poursuit l’histoire de Naomi en 1992 avec Itsuka, un récit révisé et publié sous le titre Emily Kato en 2005. Elle s’attaque ensuite à un autre sujet délicat dans son roman The Rain Ascends, paru en 1995. Dans celui-ci, une narratrice d’âge moyen doit apprendre à accepter que son père, un pasteur anglican, est pédophile.

Joy Kogawa publie aussi deux livres d’images à propos de ces événements, intitulés Naomi’s Road (1986) et Naomi’s Tree (2009), ainsi qu’un roman pour adolescents en japonais, Naomi No Michi. Un opéra pour enfants inspiré de Naomi’s Road est également présenté pour la première fois en 2005 à l’opéra de Vancouver.

Joy Kogawa est l’écrivaine résidente de l’Université de Toronto en 2012-2013. En 2016, elle publie un mémoire intitulé Gently to Nagasaki, qu’elle décrit comme un « pèlerinage spirituel ».

Maison Joy Kogawa

En 2006, Joy Kogawa, avec l’aide de Land Conservancy of British Columbia et du comité Save Kogawa House, parvient à sauver de la démolition sa maison natale à Vancouver. La maison, construite entre 1912 et 1913, est située dans le quartier Marpole, reconnu pour sa population croissante de Japonais avant la Deuxième Guerre mondiale.

La famille Nakayama a habité cette maison de 1937 à 1942, jusqu’à ce que le gouvernement fédéral confisque la propriété en vertu de la Loi sur les mesures de guerre. Lorsque la famille est contrainte de déménager en Alberta, ses biens, y compris des bateaux, des meubles et des voitures, sont vendus pour financer son internement. La vente de la maison de Marpole est conclue en septembre 1944 et la famille ne retourne jamais y vivre.

La demeure est décrite en détail dans le premier roman de Joy Kogawa, Obasan. L’auteure affirme que « la nostalgie de cette maison ne l’a jamais quittée ». Elle envoie plusieurs lettres aux occupants de son ancienne maison familiale, leur demandant s’ils accepteraient de la revendre à sa famille, mais ne reçoit aucune réponse. Aujourd’hui administrée par la Historic Joy Kogawa House Society, la maison est devenue un lieu d’intérêt littéraire, utilisé pour des résidences d’auteurs, des visites publiques et des événements spéciaux. 

Vie personnelle

Joy Kogawa est mariée à David Kogawa de 1957 à 1968. Ils ont deux enfants.

Distinctions

Joy Kogawa est faite membre de l’Ordre du Canada en 1986 et de l’Ordre de la Colombie-Britannique en 2006. Le gouvernement japonais la reçoit dans l’Ordre du Soleil levant en 2010 « pour sa contribution à la compréhension et à la conservation de l’histoire des Canadiens japonais ».

L’auteure reçoit en 2001 un prix national de la National Association of Japanese Canadians. En 2008, elle obtient le prix George Woodcock pour l’ensemble des réalisations, qui honore une carrière littéraire remarquable en Colombie-Britannique. Depuis 2004, le « Joy Kogawa Day » est célébré à Vancouver, le 6 novembre.

Prix

  • Prix du premier livre de Books in Canada (1981)
  • Prix du livre de l’année de la Canadian Authors Association (1982)
  • Prix du livre américain de la Before Columbus Foundation (1982)
  • Membre de l’Ordre du Canada (1986)
  • Prix des relations interraciales de l’Urban Alliance (1994)
  • Prix Grace MacInnis de chercheur invité (1995)
  • Prix national, National Association of Japanese Canadians (2001)
  • Prix pour l’ensemble des réalisations, Association for American Studies (2001)
  • Membre de l’Ordre de la Colombie-Britannique (2006)
  • Prix George Woodcock pour l’ensemble des réalisations (2008)
  • Membre de l’Ordre du Soleil levant (Japon) (2010)

Diplômes honorifiques

Publications

Poésie

  • The Splintered Moon (1968)
  • A Choice of Dreams (1974)
  • Jericho Road (1977)
  • Six Poems (1978)
  • Woman in the Woods (1985)
  • A Song of Lilith (2000)
  • A Garden of Anchors (2003)

Romans

  • Obasan (1981)
  • Itsuka (1992)
  • The Rain Ascends (1995)
  • Naomi’s Road (1996)
  • Naomi’s Tree (2009)

Essai

  • Gently to Nagasaki (2016)

Les oeuvres sélectionnées de
Joy Kogawa