En 2002, la reine Elizabeth II célèbre le 50e anniversaire de son accession au trône du Royaume-Uni, du Canada et d’autres royaumes du Commonwealth. Cet événement donne lieu à des célébrations populaires d’envergure au Royaume-Uni et dans le Commonwealth, de même qu’à l’intensification des discussions et des débats relatifs à la monarchie et à son avenir. En octobre 2002, la reine et son consort, le prince Philip, duc d’Édimbourg, effectuent un voyage de 12 jours à travers le Canada pour célébrer ce jubilé d’or aux côtés de la population canadienne.
Jubilés d’or historiques
Le premier jubilé d’or à être célébré à grande échelle est celui du roi George III. Au Royaume-Uni, on organise des feux d’artifice et une messe d’Action de grâces en 1809, alors que George III entame la 50e année de son règne. En 1810, l’Assemblée du Haut-Canada adopte une déclaration officielle pour souligner cet événement.
Le jubilé d’or de la reine Victoria, qui a lieu en 1887, met de l’avant son rôle de « grand-mère de l’Europe », établi grâce aux mariages de ses enfants et petits-enfants. Les membres de la royauté européenne, ainsi que les représentants impériaux et nationaux, se rassemblent à Londres pour souligner l’événement. La délégation canadienne, qui participent à la Conférence coloniale de 1887, comprend sir Alexander Campbell, lieutenant-gouverneur de l’Ontario, et l’ingénieur civil sir Sandford Fleming, qui exhorte à relier l’Empire britannique par télégraphe.
Célébrations du jubilé d’or au Royaume-Uni
Le 6 février 2002, la reine souligne discrètement le 50e anniversaire du décès de son père et son accession au trône à Sandringham, dans le Norfolk. De mai à août, elle visite 70 villes et villages en Angleterre, au Pays de Galles, en Écosse et en Irlande du Nord.
Les célébrations principales du jubilé se déroulent à Londres durant une fin de semaine de congé spécial de quatre jours, du 1er au 4 juin. Plus d’un million de personnes assistent au défilé cérémoniel entre le palais de Buckingham et la cathédrale St. Paul’s, où est donnée une messe d’Action de grâces le 4 juin. Environ 200 millions de personnes des quatre coins du monde visionnent à la télévision la soirée au Palais qui, pour la première fois, accueille dans son enceinte un concert pop-rock. Ce concert est suivi du plus important feu d’artifice jamais donné à Londres.
Dans son message du jubilé d’or de juin 2002, la reine déclare : « J’espère […] que ces moments de célébration ne constitueront pas seulement une occasion de contempler le passé avec nostalgie. Je crois que, jeunes ou vieux, nous avons autant de raisons d’envisager l’avenir avec confiance et espoir que nous en avons de contempler le passé avec fierté. »
Tournées dans le Commonwealth
La reine et le prince Philip réalisent également de longues tournées dans le Commonwealth en 2002, visitant certains des 15 royaumes d’outre-mer dont la reine est chef d’État. Entre le 18 février et le 3 mars, le couple visite la Jamaïque, la Nouvelle-Zélande et l’Australie. La reine préside à l’ouverture de la Réunion des chefs de gouvernement des pays du Commonwealth à Coolum Beach, en Australie.
Le saviez-vous ?
Dans le cadre du relais du bâton de la reine tenu à l’occasion du jubilé de 2002, dans lequel ledit bâton contient un message de la reine qu’elle lit à la cérémonie d’ouverture des Jeux du Commonwealth se déroulant à Manchester, plus de 100 000 kilomètres sont couverts en 87 jours, à travers 23 pays du Commonwealth.
La reine au Canada
La reine et le prince Philip arrivent au Canada le 4 octobre 2002 et entament une tournée de 12 jours en l’honneur du jubilé d’or. Cette tournée débute au Nunavut, où une chorale d’enfants chante le « Dieu protège la Reine » en anglais, en français et en inuktitut. Il s’agit de la première visite royale réalisée dans ce nouveau territoire. Le couple royal se rend ensuite en Colombie-Britannique, où la reine donne le coup d’envoi cérémoniel à un match de la LNH. Dans le Globe and Mail, le journaliste Michael Valpy écrit : « Cet événement célèbre la présence d’Elizabeth dans le tissu social canadien. Tout comme ces images d’elle, assise dans la loge royale aux côtés de Wayne Gretzky. »
La tournée se poursuit au Manitoba, en Ontario, au Nouveau-Brunswick et dans la région de la capitale nationale. Quelque 35 000 personnes se rassemblent pour voir la reine à Winnipeg ; à Toronto et à Ottawa, les foules sont plus modestes. Dans un discours prononcé à Vancouver, la reine déclare : « Je chéris ma place dans la vie du Canada et mon lien avec tous les Canadiens et les Canadiennes. »
La tournée du jubilé d’or au Canada souligne les différences d’opinions entre les politiciens canadiens quant au rôle de la monarchie au Canada. Le vice-premier ministre du Canada, John Manley, responsable gouvernemental responsable d’accompagner la tournée, déclare : « Je continue de croire que, une fois le règne de la reine Elizabeth terminé, le Canada devrait songer à se doter d’une institution différente. Et personnellement, je préférerais qu’elle soit purement canadienne. » Le moment qu’il choisit pour formuler ces remarques lui attire de nombreuses critiques en raison de son rôle de premier plan dans le cadre de la tournée. Le premier ministre du Canada, Jean Chrétien, souligne que les observations de John Manley ne sont pas celles du gouvernement canadien et déclare : « Il s’agit d’un point de vue personnel. Ce n’est pas la position du gouvernement. »
Les données de sondages réalisés au Canada donnent à penser que les célébrations du jubilé d’or coïncident avec un soutien populaire accru à l’égard de la monarchie au Canada. Selon un sondage mené par EKOS Research Associates, 55 % de la population canadienne est d’accord avec l’énoncé suivant : « La monarchie est l’une de ces choses importantes qui procurent aux Canadiens et Canadiennes une identité unique, distincte de celle des États-Unis. » Par rapport aux sondages de 1994, le soutien en faveur de l’abolition de la monarchie au Canada enregistre un déclin en 2002. La presse fait état de l’enthousiasme des foules qui se rassemblent à l’occasion des visites informelles réalisées au Canada et du souvenir positif des visites royales antérieures. Dans la revue Maclean’s, Ken MacQueen écrit : « Depuis plus de 50 ans, elle rassemble souvenir sur souvenir, alignant inlassablement des arguments soutenant que la monarchie – avec toutes ses particularités, ses anachronismes et ses dysfonctionnements – demeure un aspect pertinent de cette identité [nationale]. »
Héritage
Le 9 octobre 2002, le parc provincial Dalton-Digby Wildlands, situé près de Gravenhurst, en Ontario, est officiellement rebaptisé le parc provincial Queen Elizabeth II Wildlands, dans le respect de l’engagement pris par le gouvernement de l’Ontario de renommer un parc provincial en l’honneur du jubilé d’or. Comme dans le cadre du règne de la reine Victoria, des parcs municipaux sont nommés ou renommés en l’honneur du jubilé d’or, dont les jardins du jubilé d’or de la reine Elizabeth II, à Mississauga.
Le succès populaire des célébrations du jubilé d’or de la reine Elizabeth II ravive l’intérêt de la population pour la monarchie et établit un précédent à l’égard du jubilé de diamant (2012) et du jubilé de platine (2022) de la reine au Royaume-Uni et dans le Commonwealth.