Kenneth Millar, auteur de romans policiers (né le 13 décembre 1915 à Los Gatos en Californie; décédé le 11 juillet 1983 à Santa Barbara en Californie). Plus connu sous son nom de plume, Ross Macdonald, Kenneth Millar naît de parents canadiens et est, pour l’essentiel, élevé et formé au Canada. Ses parents se séparent alors qu’il est âgé de trois ans et qu’ils habitent à Vancouver. Il part vivre avec sa mère à Kitchener, un déménagement qui marque le début d’une enfance et d’une adolescence plutôt nomades, durant lesquelles il réside notamment à Winnipeg, à Medicine Hat et à Wiarton en Ontario, tout en considérant Kitchener comme sa ville. Il suit des cours au Kitchener‑Waterloo Collegiate Institute où il rencontre sa future épouse, Margaret Sturm (voir l’article Margaret Millar). En 1931, chacun des membres du futur couple fait ses débuts littéraires en publiant des nouvelles dans le magazine de l’école. Orphelin depuis son adolescence, il parvient à s’inscrire à l’Université Western Ontario grâce à des fonds que son père lui a laissés par le biais d’une assurance contractée en sa faveur. En 1938, il obtient son diplôme avec distinction et épouse Margaret Sturm le jour suivant. Il s’inscrit ensuite à l’Université de Toronto avec l’intention de devenir enseignant au niveau secondaire.
En 1939, à l’aide d’une machine à écrire qu’il avait obtenue lors d’un concours radiophonique, Kenneth Millar commence à rédiger de courtes pièces humoristiques qu’il publie dans Saturday Night et dans d’autres périodiques canadiens. En 1940, le couple revient vivre dans sa ville d’origine après que Kenneth a obtenu un poste d’enseignant au Collegiate Institute.
En 1941, les Millar quittent le Canada pour les États‑Unis où Kenneth accepte une bourse avec charge d’enseignement à la University of Michigan. Cependant, l’entrée en guerre des États‑Unis lors de la Deuxième Guerre mondiale entrave ses ambitions littéraires. En 1944, son premier roman, The Dark Tunnel, est publié alors qu’il sert comme officier chargé des transmissions pour la marine américaine.
Grâce à la manne financière inattendue générée par le sixième roman de sa femme Margaret, The Iron Gates, sorti en 1946, Kenneth Millar retourne à la vie civile cette même année. Les deux auteurs s’installent alors dans le sud de la Californie où ils écrivent près de 50 romans sur une période de 40 ans (voir l’article Littérature populaire de langue anglaise).
Kenneth et Margaret Millar reçoivent tous deux un Grand Master Award, la plus haute distinction octroyée par la Mystery Writers of America, et exercent une influence considérable sur toute une génération d’auteurs de romans policiers. Toutefois, c’est bien mutuellement qu’ils s’impressionnent le plus! Kenneth affirme que c’est sa femme qui l’a aidé à acquérir son sens aigu du dialogue, tandis que Margaret attribue à son mari sa capacité à élaborer des scénarios à la fois crédibles et extrêmement complexes. Kenneth Millar crée le personnage de Lew Archer, un détective privé qui deviendra le protagoniste de 18 de ses 25 romans, en partie en réaction à l’aversion de son épouse pour les personnages récurrents. Lorsqu’il adopte le pseudonyme de John Ross Macdonald, puis de Ross Macdonald, il s’agit pour lui non seulement de protéger sa propre réputation, son éditeur considérant son dernier roman comme relativement moyen, mais également, à l’inverse, d’éviter toute confusion avec Margaret, qui a déjà, à l’époque, acquis une célébrité bien supérieure à la sienne.
Bien que leurs carrières respectives d’auteurs de romans policiers aient été étroitement liées, les deux écrivains avaient un style assez différent. Kenneth Millar s’est assez peu intéressé au côté psychologique, qui était au contraire le point fort de sa femme, et s’est plutôt inscrit, avec des romans noirs violents et peu empreints de sentimentalisme, dans les pas d’auteurs comme Dashiell Hammett et Raymond Chandler. Contrairement à Margaret, il n’a jamais écrit de roman ayant fait irruption de façon spectaculaire sur la scène littéraire; il a bâti sa réputation livre après livre, à un rythme régulier. Dans les années 1960 et 1970, ses romans sont adaptés pour le cinéma avec, souvent, Paul Newman en vedette. La télévision américaine diffuse également, en 1975, la série Archer dans laquelle Brian Keith joue le rôle du célèbre détective.
De tous ses livres, le favori de Kenneth Millar reste The Galton Case qui date de 1959, pour lequel il s’est très largement inspiré de son enfance canadienne. Bien qu’il se considère lui‑même comme « un Canadien né aux États‑Unis et un Américain vivant au Canada » et bien que, dans son esprit, son célèbre héros ait les deux nationalités, aucun de ses romans ne se passe au Canada.
Les dix dernières années de la vie de Kenneth Millar sont gâchées par une longue lutte contre la maladie d’Alzheimer. En 1981, son dernier livre, Self‑Portrait: Ceaselessly Into the Past, constitue une sélection de préfaces, d’entrevues et d’articles publiés dans des magazines. Le titre se veut un hommage à F. Scott Fitzgerald, l’écrivain qu’il admire par‑dessus tout.