Article

La Colombie-Britannique et la Confédération

La colonie de Colombie-Britannique a été fondée en 1858 en réponse à la ruée vers l’or du fleuve Fraser. (Voir aussi La ruée vers l’or du fleuve Fraser et la création de la Colombie-Britannique.) La colonie a établi un gouvernement représentatif en 1864 et a fusionné avec la colonie de l’île de Vancouver en 1866. En mai 1868, Amor DeCosmos a formé la Ligue de la Confédération afin d’instaurer un gouvernement responsable en Colombie-Britannique et de joindre la province à la Confédération. En septembre 1868, la Ligue de la Confédération a adopté 37 résolutions décrivant leurs conditions en vue d’une union avec le Dominion du Canada. Ces conditions ont été adoptées par l’Assemblée de la Colombie-Britannique et le Parlement fédéral en 1871. La colonie a donc rejoint le Canada en tant que sixième province du pays le 20juillet 1871. La menace d’une annexion américaine concrétisée par l’achat de l’Alaska en 1867 et la promesse d’un chemin de fer reliant la Colombie-Britannique au reste du Canada ont été des facteurs décisifs dans cette décision.

Le dernier crampon
Donald Smith plantant le dernier crampon en guise d’achèvement du Chemin de fer Canadien Pacifique le 7 novembre 1885.

Premières Nations

La région que l’on appelle aujourd’hui la Colombie-Britannique se peuple après la dernière ère glaciaire. On enregistre en effet des preuves de présence humaine remontant à au moins 14 000 ans. Sur la côte Pacifique, plusieurs Premières Nations émergent, notamment les Tagish, les Tsimshian, les Haida, les Tlingit, les Kwakwaka'wakw (Kwakiutl) et les Nuu-chah-nulth (Nootka), tandis que l’intérieur des terres accueille les Dakelh (Carrier), les Salish du Continent et les Ktunaxa (Kootenay).

Colonisation

Les Européens n’arrivent sur la côte du Pacifique en nombre significatif qu’après le voyage de James Cook en 1778 et l’expédition de cartographie de George Vancouver dans les années 1790. En 1849, le pays abrite quelque 50 000 Autochtones et à peine quelques centaines de colons britanniques. Les colons établissent la colonie de l’île de Vancouver cette année-là.

Ruée vers l’or du fleuve Fraser

Tout change à partir de 1858 avec la ruée vers l’or du fleuve Fraser, lorsque 30 000 chercheurs d’or, surtout en provenance des États-Unis, accourent pour s’en mettre plein les poches. L’afflux de colons incite la Grande-Bretagne à créer une colonie continentale séparée la même année qu’elle, appelée Colombie-Britannique (voir aussi La ruée vers l’or du fleuve Fraser et la création de la Colombie-Britannique).

Un gouvernement représentatif est établi en Colombie-Britannique en 1864, au moment où les colonies de l’Amérique du Nord britannique discutent de Confédération (voir aussi Conférence de Charlottetown ; Conférence de Québec, 1864). En 1866, les colonies de l’île de Vancouver et de la Colombie-Britannique sont réunies sous une seule assemblée législative, avec un gouverneur et une capitale : Victoria.

Lorsque le Dominion du Canada est créé, en 1867, la Colombie-Britannique hésite à se joindre au nouveau pays. Rejoindre les rangs de la Confédération aiderait la colonie à consolider sa dette causée par la construction de routes et d’autres infrastructures. Ce serait également une mesure de sécurité pour assurer le caractère britannique de la colonie, en particulier après l’achat de l’Alaska par les États-Unis la même année. La transaction de l’Alaska suscite la crainte que les États-Unis veuillent aussi annexer la Colombie-Britannique pour relier l’Alaska aux territoires états-uniens du nord-ouest du Pacifique.

Dans les débats, les peuples autochtones ont peu ou rien à dire sur leur avenir politique. Joseph Trutch, commissaire en chef des terres et des travaux, refuse de négocier des traités avec les Premières Nations et de reconnaître le titre ancestral à la terre (voir Territoire autochtone). Il réduit d’ailleurs la taille des réserves autochtones déjà existantes, ce qui fait de la Colombie-Britannique la seule province canadienne établie sur des terres non cédées. (Voir aussi Titre autochtone.)

Conférence de Yale, 1868

Le politicien Amor De Cosmos, éditeur de presse, prend la tête du mouvement en faveur de l’intégration de la C.-B. à la Confédération aux côtés de John Robson et d’Arthur Kennedy. Amor De Cosmos forme la Ligue de la Confédération en mai 1868 pour unifier la colonie et le Canada et instaurer un gouvernement responsable en Colombie-Britannique. Durant l’été, la Ligue gagne en popularité et des branches s’établissent à New Westminster, Hope, Yale et Lytton.

Le 14 septembre 1868, une réunion rassemblant 26 délégués de la Ligue de la Confédération venus des quatre coins de la colonie est organisée à Yale. Les délégués adoptent 37 résolutions, dont la quasi-totalité détaille les conditions possibles d’une union avec le Dominion du Canada. Les délégués conviennent que le Canada doit payer les dettes de la colonie, que la province doit adopter un gouvernement responsable et qu’une route doit être construite pour relier la Colombie-Britannique à l’Est. Les délégués désirent aussi obtenir l’assurance que la province aura prérogative sur l’immigration, les questions autochtones, la concession de terres, l’éducation et la politique de colonisation.

Amor De Cosmos, homme politique
Né Bill Smith, il change son nom pour celui d'Amor de Cosmos, qui, dit-il, « désigne tout ce que j'aime le plus : l'ordre, la beauté, le monde, l'univers ».

Toutefois, les plus grands adversaires de la Ligue de la Confédération sont les puissants membres non élus du gouvernement colonial de la C.-B. Ces derniers en effet craignent pour leurs emplois et leurs pensions si la Colombie-Britannique devient une province canadienne avec une législature entièrement, et non partiellement, élue. Par conséquent, lorsque les propositions de la Ligue sont présentées devant le Conseil législatif, elles sont toutes rejetées.

La récession économique dans la colonie et la présence d’un groupe de colons qui sont en faveur de l’annexion de la Colombie-Britannique aux États-Unis sont autant d’obstacles pour les partisans de la Confédération.

Un obstacle majeur à l’union est contourné en 1869 avec la mort du gouverneur Frederick Seymour, qui s’oppose à la Confédération. Celui-ci est remplacé par Anthony Musgrave, qui soutient l’annexion. L’année suivante, le Canada met la main sur la Terre de Rupert et les Territoires du Nord-Ouest, qu’il achète à la Compagnie de la Baie d’Hudson. La transaction donne au Canada la maîtrise d’un vaste territoire entre les Grands Lacs et la Colombie-Britannique. L’idée d’un pays d’un océan à l’autre et d’un chemin de fer transcontinental commence à germer dans les esprits.

Compagnie du chemin de fer du Canadien Pacifique
Construction de la voie ferrée du Canadien Pacifique en Colombie-Britannique (1881).

Colombie-Britannique : une province

La législature de la colonie discute de Confédération au printemps 1870. On décide, malgré l’opposition, de demander l’entrée au Canada sans gouvernement responsable. La colonie envoie une délégation de trois personnes à Ottawa pour négocier les conditions d’annexion.

Les dirigeants fédéraux exigent que la Colombie-Britannique se dote d’un gouvernement responsable avant de devenir une province, mais ils acceptent de fournir des pensions aux fonctionnaires non élus, qui perdent leur position pendant le processus. Le Canada accepte aussi de s’occuper de la dette de la Colombie-Britannique, de construire un réseau ferroviaire sur la côte du Pacifique, et d’accorder à la Colombie-Britannique le droit d’envoyer trois sénateurs et six députés au Parlement à Ottawa.

Les termes sont adoptés à la fois par l’ensemble de la Colombie-Britannique et le Parlement fédéral en 1871. La colonie rejoint officiellement le Canada comme sixième province du pays le 20 juillet 1871. La construction du chemin de fer Canadien Pacifique, une condition primordiale de l’entente, n’est commencée qu’après de nombreux retards en 1878, pour être terminée en 1885. (Voir aussi Le dernier crampon.)

Voir aussi : Pères de la Confédération ; Mères de la Confédération ; Confédération : collection ; Confédération : chronologie.