Éditorial

La Compagnie du Nord-Ouest, 1779–1821

L'article suivant est un éditorial rédigé par le personnel de l'Encyclopédie canadienne. Ces articles ne sont pas généralement mis à jour.

Dès les débuts de la Nouvelle-France, la traite des fourrures a été le poumon économique du Canada.

Les débuts du commerce des fourrures ont été marqués par des frontières allant toujours en s'élargissant au fur et à mesure que les négociants en fourrure s'efforçaient d'étendre encore plus au nord et à l'ouest leur influence, là où le castor était abondant et les clients encore « simples ». Au cours des 40 ans d'histoire de la Compagnie du Nord-Ouest, le commerce des fourrures avait fini par se développer dans presque tout le nord de l'Amérique du Nord. Ce faisant, les problèmes de transport et d'approvisionnement devinrent de plus en plus épineux. La solution, conclut la Compagnie, consistait à dénicher un marché débouchant sur le Pacifique.

Metis, Compagnie du Nord-Ouest, Traite des fourrures
Métis et ses deux femmes, 1828. Peter Rindisbacher. Les premiers Métis étaient nés de mariages « du pays », entre les voyageurs de la Compagnie du Nord-Ouest, les négociants et les femmes autochtones de l'Ouest du Canada (avec la permission de Bibliothèque et Archives Canada/Acc. No 1973-84-1).

Le littoral du Pacifique de l'Amérique du Nord avait été cartographié de façon détaillée par le capitaine James Cook de la Marine royale britannique lors de son troisième voyage dans le Pacifique (1776 - 1779). Mais le problème à résoudre était de trouver une route praticable à travers le continent nord-américain qui conduirait vers le Pacifique. Une fois cette route découverte, on avait bon espoir qu'il serait alors possible d'approvisionner les postes de traite situés à l'ouest à partir des ports en eau profonde du littoral du Pacifique.

Alexander Mackenzie fut le premier, en 1789, à vouloir découvrir cette route. Parti de Fort Chipewyan sur les bords du lac Athabasca, il entreprit d'explorer le fleuve qui porte désormais son nom. Malheureusement, ce voyage le conduisit jusqu'à l'océan Arctique. Il entreprit un deuxième voyage, en 1793, suivant cette fois-ci un parcours tortueux, traversant les terres sauvages des montagnes Rocheuses. Il finit par atteindre le Pacifique à Bella Coola, mais la route qu'il avait découverte était trop périlleuse et son altitude trop élevée pour être d'une quelconque utilité commerciale.

En 1808, Simon Fraser décida de relever le défi. Au cours de l'hiver 1805 - 1806, les Américains Lewis et Clark traversèrent par terre le territoire américain et arrivèrent à l'embouchure du fleuve Columbia, sur le Pacifique. De toute évidence, se trouvait là un fleuve large et navigable, capable de favoriser la circulation commerciale. Fraser avait pour but de découvrir les eaux d'amont du fleuve, au nord. Il n'y parvint pas. Il descendit plutôt le tumultueux fleuve qui porta plus tard son nom, le fleuve Fraser. En termes d'exploration, l'entreprise de Fraser fut un exploit; en termes de commerce, un échec.

Voyageurs, Compagnie du Nord-Ouest, Traite des fourrures
Voyageurs at Dawn (Voyageurs à l'aube), 1871. Peinture de Frances Anne Hopkins (avec la permission des Bibliothèque et Archives Canada/Acc. No. 1989-401-3)

Trois ans plus tard, David Thompson parvint à explorer le fleuve Columbia jusqu'à son embouchure. Hélas, quand il atteignit l'océan, un poste de traite avait déjà été installé par les Américains à Fort Astoria, approvisionné par la mer. La seule route traversant les Rocheuses et commercialement viable était en territoire américain et la recherche de la Compagnie d'un poste sur le Pacifique se solda par un échec.

Bien qu'au départ la Compagnie de la Baie d'Hudson ne pouvait être considérée comme une concurrente véritable, la situation se mit à évoluer à mesure que le XVIIIe siècle touchait à sa fin. Durant les années 1780 et 1790, la Compagnie de la Baie d'Hudson installa de nouveaux postes à l'intérieur des terres et se mit peu à peu à acquérir les aptitudes pour la vie sauvage, nécessaires pour contester l'hégémonie de la Compagnie du Nord-Ouest sur son propre terrain.

La rivalité entre les deux compagnies atteignit son paroxysme en 1812, quand Lord Selkirk et la Compagnie de la Baie d'Hudson installèrent sur les bords de la rivière Rouge - territoire qui fait aujourd'hui partie du Manitoba - un groupe de fermiers écossais qui avaient été dépossédés de leurs terres. Bien que Les Premières Nations et les Métis fournissaient en pemmican la Compagnie du Nord-Ouest, élément nécessaire pour l'approvisionnement des postes de traite au nord, ces derniers en voulurent amèrement à cette nouvelle colonie installée sur leurs terres. Cette tension déboucha sur la bataille des Sept-Chênes en 1816, au cours de laquelle 21 pionniers furent abattus par des chasseurs métis au service de la Compagnie du Nord-Ouest. Par mesure de représailles, Lord Selkirk s'empara de Fort William et captura plusieurs hommes. La violence qui couvait et les honoraires d'avocat qui grimpaient affaiblirent et inquiétèrent les deux compagnies.

En 1812, après des années de querelles intestines, la Compagnie du Nord-Ouest, épuisée et appauvrie, passa aux mains de la Compagnie de la Baie d'Hudson. Chacune avait essayé de racheter l'autre, mais la Compagnie de la Baie d'Hudson l'emporta en raison de ses moyens financiers substantiels et de ses relations politiques.

« Telle était la Compagnie du Nord-Ouest au firmament de la puissance et de la prospérité, quand elle dominait par une sorte de pouvoir féodal une vaste étendue de lacs et de forêts...les seigneurs des lacs et forêts ne sont plus et les princes accueillants de Montréal, où sont-ils? » - Washington Irving, 1835