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Ladies' Morning Musical Club

Ladies' Morning Musical Club. Cette institution musicale montréalaise, l'une des plus anciennes au Canada, fut fondée en 1892 par Mary Bell qui réunit des amies afin d'approfondir l'étude des grands classiques de la musique instrumentale et vocale.

Cette institution musicale montréalaise, l'une des plus anciennes au Canada, fut fondée en 1892 par Mary Bell qui réunit des amies afin d'approfondir l'étude des grands classiques de la musique instrumentale et vocale. Secondée par Adele Sise, elle souhaitait que l'organisme regroupât des dames intéressées à la musique. Le premier comité administratif, dont elle était la prés., décida d'une rencontre hebdomadaire fixée au jeudi à 11 heures de la matinée, d'où le nom adopté par le club. La modicité des cotisations - 1 $ pour les membres actifs, participant aux premiers concerts, et 2 $ pour les membres associés - contribua au succès immédiat de l'entreprise. Au cours de la seule saison 1892-93, une vingtaine de concerts présentèrent notamment des oeuvres de Bach, Chopin, Dvořák, Gounod, Grieg, Massenet, Mendelssohn, Liszt, Saint-Saëns et Wagner, avec la participation occasionnelle d'un ensemble vocal. Parmi les premiers artistes invités figurèrent Guillaume Couture, Dominique Ducharme, J.-J. Goulet et R.-O. Pelletier. On ajouta bientôt des conférences aux concerts afin d'aider à l'intelligence des compositeurs alors réputés difficiles d'accès comme Bach et Wagner. Le premier concert d'envergure eut lieu en 1895 au Monument national lorsque le violoniste Eugène Ysaÿe joua pour la première fois au Canada devant le grand public, alors invité exceptionnellement à se joindre aux membres.

Toujours à la fine pointe de l'exploration musicale, le club présenta en 1917 des extraits de Pelléas et Mélisande de Debussy, 23 ans avant sa création montréalaise et canadienne. Les concerts accordaient une place de choix aux contemporains : Bloch, Hindemith, Medtner, Reger. Nombre d'artistes canadiens et étrangers, qui ont acquis depuis une réputation internationale, furent présentés en première montréalaise, voire canadienne, grâce souvent à l'une des principales animatrices du club dès sa fondation, Mme Cécile Léger (née Hone) qui se rendait à New York pour les découvrir. Outre Eugène Ysaÿe, mentionnons Percy Grainger (1912), Pauline Donalda (1915), Yvonne Hubert (1922), Walter Gieseking (1928), Vladimir Horowitz (1930) et, plus tard, Glenn Gould et Maureen Forrester. Des ensembles de musique de chambre tels le Quatuor à cordes Kneisel (1896), le London String Quartet (1921), le Quintette instrumental de Paris (1934), les quatuors Juilliard, Amadeus et Pro Arte s'y sont fait entendre à de nombreuses reprises. En plus d'avoir présenté un grand nombre de musiciens canadiens professionnels, le LMMC contribue chaque année, depuis 1907, à l'épanouissement du talent des jeunes musiciens grâce à la bourse d'études Mary Bell, d'un montant de 500 $. La bourse Cécile Léger, qui s'adressait aux membres étudiants du club, fut octroyée jusqu'en 1967. La bourse annuelle Kerry-Lindsay de 100 $, créée en 1928, était réservée à une étudiante membre du club.

Les concerts, présentés le jeudi après-midi à partir de 1940 puis le dimanche à partir de 1981, sont ouverts au public masculin depuis 1969. Ils ont eu lieu successivement à la salle du YMCA alors située au square Dominion, aux hôtels Windsor et Ritz-Carlton, à la Comédie-Canadienne, à l'hôtel Mont-Royal, au théâtre Maisonneuve de la PDA et, à partir de 1983, à la salle Pollack de l'Université McGill. Le club comptait en 1990 près de 600 membres qui, pour un prix modique d'abonnement, bénéficiaient annuellement de dix concerts d'un haut niveau de qualité.