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Lady Grey

Alice, comtesse Grey, consort vice-royale du Canada de 1904 à 1911 (née le 18novembre1858 à Londres, au Royaume-Uni; décédée le 22septembre1944 à Lowood, au Royaume-Uni).


Lady Grey, épouse du gouverneur général le comte Grey (1905).

(gracieuseté de l'Office de la propriété intellectuelle du Canada / Bibliothèques et Archives Canada / C-019280)


Jeunesse et famille

Benjamine des quatre enfants de Robert Stayner Holford et Mary Anne Lindsay, lady Grey naît sous le nom d’Alice Holford. Son père, propriétaire foncier prospère, est député conservateur au Parlement pour le comté d’East Gloucestershire de 1854 à 1872 et un important collectionneur d’art et d’espèces végétales. Sa mère, quant à elle, est la petite-fille de sir Coutts Trotter, l’associé principal de la banque Coutts, originaire d’une longue lignée de collectionneurs d’œuvres d’art. Son oncle et sa tante, sir Coutts et lady Blanche Lindsay, fondent de leur côté la Grosvenor Gallery, à Londres.

Les parents d’Alice Holford commandent la reconstruction de Westonbirt House, décrite par le magazine Country Life comme étant «le plus bel exemple d’architecture, d’aménagement paysager et de jardins victoriens dans les Cotswolds». La famille d’Alice Holford porte alors un grand intérêt à l’aménagement de jardins. Son père et son frère mettent notamment sur pied ce qui deviendra plus tard l’arboretum national de Westonbirt.


Albert Henry George Grey, 4ecomte Grey, gouverneur général du Canada de 1904 à 1911.

    (photo d'Alfred G. Pittaway, gracieuseté de Bibliothèques et Archives Canada / C-001017)


    Mariage et enfants

    La famille Holford se rend régulièrement en Italie pour acquérir de nouvelles œuvres d’art. Lors de l’un de ces voyages, Alice Holford rencontre Albert Grey, le futur 4ecomte Grey. Selon Harold Begbie, le biographe d’Albert Grey, «elle est à peine sortie de l’enfance lorsqu’il s’éprend d’elle à leur première rencontre à Florence. À leur mariage, elle n’a que 18ans.» Le couple se marie le 9juin1877. La jeune femme accompagne ensuite son époux en Rhodésie du Sud (aujourd’hui le Zimbabwe) lors de son mandat d’administrateur pendant la Deuxième Guerre ndébélé.

    Le comte et lady Grey ont cinq enfants: lady Victoria (1878-1907); lord Charles, 5ecomte Grey (1879-1963); lady Sybil (1882-1966), photographe et cinéaste nommée Officier de l’Ordre de l’Empire britannique pour son travail d’administratrice d’hôpital pendant la Première Guerre mondiale; lady Evelyn (1886-1971); et lady Lillian (1891-1895).



    Consort vice-royale du Canada

    Lady Grey accompagne le comte Grey au Canada en 1904 lorsqu’il succède à son beau-frère, lord Minto, comme gouverneur général. Elle devient la première consort vice-royale à être officiellement nommée «Son Excellence», une appellation encore utilisée aujourd’hui.

    Les deux plus jeunes filles survivantes du couple, Sybil et Evelyn, accompagnent leurs parents au Canada et agissent à titre de dames de compagnie pour leur mère. Quarante ans après le mandat de son père en tant que gouverneur général, Sybil note: «Si j’étais un jeune homme aujourd’hui, j’émigrerais au Canada, cette terre pleine de soleil et de possibilités infinies où, lorsque l’on est prêt à travailler dur et à mettre la main à la pâte, il est presque impossible de ne pas réussir».

    En 1910, la journaliste britannique Sarah Tooley décrit la routine annuelle de lady Grey en tant que consort vice-royale comme suit:

    La vie de l’épouse du gouverneur général est séparée en trois grands volets: elle passe l’hiver et la saison parlementaire à la résidence du gouverneur général, à Ottawa; elle séjourne, lors du printemps et de l’été, à la Citadelle, à Québec; et elle consacre un temps pour explorer des régions intéressantes de la colonie et accompagner Son Excellence lors de ses tournées dans les régions éloignées du Dominion. Elle visite également Montréal, Toronto et les autres villes importantes des différentes provinces, où elle rencontre les lieutenants-gouverneurs et leurs épouses et où elle remplit des fonctions sociales.

    Les événements sociaux importants comprennent notamment les danses de Noël, la réception du Nouvel An, l’ouverture du Parlement, le bal de Pâques et les réceptions estivales en plein air.


    Sur un remorqueur en direction de la forteresse de Louisbourg, en Nouvelle-Écosse. De gauche à droite: Son Excellence le comte Grey; M.J.Butler; M.Plummer; lady Grey; MmeMaclennan; MllePlummer; MlleMaclennan; lordLanesborough.

      (gracieuseté de la Commission géologique du Canada/ Bibliothèques et Archives Canada / PA-045286)


      Selon Sarah Tooley, tous s’attendent à ce que lady Grey s’adapte aux hivers canadiens et maintienne son horaire chargé d’apparitions publiques peu importe les conditions météorologiques. «À la première tombée de neige, Son Excellence et sa famille ont enfilé des vêtements doublés en fourrure, des chapeaux en peau de phoque, des gants de fourrure et des mocassins pour affronter les rigueurs de l’hiver canadien. "Notre Dame des Neiges" [une référence à un poème de 1897 de Rudyard Kipling] est plutôt sensible au climat. Son Excellence ne doit donc pas sembler craindre les engelures.» Pendant l’hiver, le comte et lady Grey profitent régulièrement de leurs samedis après-midi pour organiser des fêtes avec au programme du patinage et du toboggan.

      Le saviez-vous?
      L’auteur anglais Rudyard Kipling écrit le poème «Notre Dame des Neiges» pour faire référence au Tarif de préférence britannique adopté par le Canada en 1897, qui favorise les biens du Royaume-Uni et des autres dominions britanniques.
      D’une nation à une autre,
      Une reine envoie un message au trône:
      «Je suis fille dans la maison de ma mère,
      Mais maîtresse dans la mienne.
      Il me revient d’ouvrir les portes,
      Et il me revient de les fermer.
      C’est moi qui gère ma maison.»
      Dit Notre Dame des Neiges. [Traduction libre]
      Le poète visite à de nombreuses reprises la Colombie-Britannique et, à un certain moment, possède une terre à Vancouver.

      Lady Grey partage l’intérêt de sa famille pour l’aménagement paysager et les arts. Elle réaménage ainsi les terres de Rideau Hall, y plantant notamment des jonquilles à l’ouest, encore présentes aujourd’hui. Un visiteur de Rideau Hall remarque également que de nouveaux portraits de la royauté et des anciens gouverneurs généraux (encore à Rideau Hall aujourd’hui) ont été ajoutés et que «les conservatoires, sous les soins particuliers de Son Excellence la comtesse Grey, sont très élégants». Suivant l’exemple de sa belle-sœur et prédécesseure lady Minto, lady Grey décerne des prix aux jardins les mieux entretenus d’Ottawa.

      Activités de bienfaisance au Canada

      Lady Grey soutient de nombreuses organisations caritatives au Canada. Elle se concentre notamment sur l’immigration, la santé des femmes, l’aménagement paysager et les antiquités, ce qui reflète ses propres intérêts et ceux de sa famille. Elle devient présidente de la Lady Aberdeen Association for Distribution of Literature to Settlers in the West (Association Lady Aberdeen pour la distribution de littérature pour les colons dans l’Ouest), un organisme qui permet d’offrir des livres et des magazines aux personnes vivant dans les prairies. Lady Grey est également bienfaitrice pour la Women’s Welcome Hostel (foyer d’accueil pour femmes) à Toronto, qui offre un logement aux femmes célibataires ayant immigré au Canada pour se trouver un emploi de domestique. Elle est présidente d’honneur de l’hôpital de maternité d’Ottawa, des Infirmières de l’Ordre de Victoria et de la section des femmes de la Société d’archéologie et de numismatique de Montréal. Elle coordonne également les efforts des femmes d’Ottawa pour amasser des fonds pour les victimes du grand incendie de 1908 ayant ravagé la ville de Fernie, en Colombie-Britannique. Elle procède finalement à la première pelletée pour ériger le monument de la Bataille de Stoney Creek de la guerre de 1812, commandité par la Société historique de Wentworth.

      Lady Grey organise plusieurs collectes de fonds pour ses commandites et reçoit d’importants dons, notamment une contribution de 1000dollars de la part du prince Fushimi Hiroyasu du Japon, qui fait une tournée au Canada en 1907. Ses «manières gentilles et élégantes» lui donnent une bonne réputation au Canada et «la rendent attachante pour toutes les classes sociales du Dominion».

      Fin de vie

      Lady Grey continue d’apporter son soutien aux infirmières et aux hôpitaux pendant la Première Guerre mondiale. Elle encourage sa fille, lady Sybil, à mettre sur pied un hôpital anglo-russe à Saint-Pétersbourg, un cadeau qu’offrent les dominions britanniques à leur allié de la Première Guerre mondiale, l’Empire russe. L’hôpital demeure en fonction jusqu’à la révolution russe de 1917. La même année, lady Grey devient veuve. Elle poursuivra ses projets de bienfaisance et d’aménagement paysager jusqu’à la fin de sa vie.