Jeux olympiques d’hiver de 1960 à Squaw Valley
Les Jeux olympiques d’hiver de 1960 se déroulent à Squaw Valley, en Californie, dans les montagnes de la Sierra Nevada. Alexander Cushing, propriétaire de la station de ski de Squaw Valley, est à l’origine de la candidature américaine en vue des Jeux. En 1955, la station ne compte qu’un chalet de 50 chambres et un seul télésiège. Certains observateurs européens expriment des inquiétudes quant à la qualité des pistes alpines et font valoir que la station de Squaw Valley, à une altitude de 1 900 m au-dessus du niveau de la mer, est trop élevée pour l’épreuve de ski de fond. En dépit de ces préoccupations et de l’absence d’installations olympiques, le Comité international olympique choisit Squaw Valley, et ce, malgré la candidature de stations européennes célèbres comme Saint-Moritz, en Suisse, et Innsbruck, en Autriche.
Grâce à un vaste programme de construction dont les coûts se chiffrent à environ 20 millions de dollars américains, la station est complètement transformée à temps pour les Jeux de 1960. Une ville olympique complète est ainsi érigée, comprenant les infrastructures de base, des hôtels, des pistes de ski, des remontées mécaniques, ainsi que le village des athlètes. Les installations et la technologie sont alors à la fine pointe de la technologie. Ces Jeux d’hiver sont notamment les premiersà recourir à la glace artificielle pour les épreuves de patinage (patinage artistique, patinage de vitesse et hockey sur glace). Selon l’édition de février 1960 du magazine américain Popular Science, une installation frigorifique de 600 tonnes est nécessaire pour entretenir la glace. La chaleur qu’elle génère est « utilisée pour réchauffer les spectateurs, fournir de l’eau chaude pour les douches et faire fondre la neige sur le toit d’un aréna pouvant accueillir 9 000 spectateurs ». Le magazine fait également l’éloge du toit de l’aréna, le décrivant comme « une merveille en soi... conçu pour monter et descendre de 22 pouces lorsque la température et le poids de la neigeprovoquent l’expansion ou la contraction des câbles qui le soutiennent ». La publication souligne également l’emploi d’équipement de chronométrage à la fine pointe et le traitement des résultats « dans un délai de deux minutes par un ordinateur d’IBM, qui imprimera ensuite les résultats simultanément en anglais et en français. »
Le chroniqueur sportif du Globe and Mail Scott Young fait remarquer cependant que le système n’est pas infaillible : « Malgré la qualité des équipements électroniques, il y a des lacunes sur plusieurs plans (…) Les patineurs artistiques doivent compléter leur programme sur une musique qui saute souvent ou qui s’arrête (…) L’éclairage de l’aréna de hockey s’est éteint pour une partie de la troisième période du match entre la Finlande et l’Allemagne dimanche et vacillait à d’autres moments (…) difficile pour les gardiens de but.»Dans l’ensemble, cependant, les athlètes et les spectateurs sont impressionnés par les installations. Le patineur de vitesse JanPesman déclare qu’« il s’agit sans aucun doute de la meilleure patinoire du monde », alors que le jury international fait l’éloge de la piste de ski alpin, malgré les préoccupations précédemment soulevées.
La décision de ne pas construire de piste de bobsleigh à Squaw Valley sème toutefois la controverse. Elle est prise par le comité organisateur après qu’un sondage ait révélé que seulement neuf pays avaient l’intention de former deséquipes de bobsleigh. Les Jeux de 1960 deviennent ainsi les seuls à ne pas présenter ce sport.
Les Jeux de Squaw Valley comprennent cependant deux nouveaux sports. Le biathlon est présenté pour la première fois, tout comme le patinage de vitesse féminin. « Il y a beaucoup d’opposition au biathlon, plusieurs personnes avançant qu’il s’agit d’une discipline trop guerrière pour les Jeux olympiques », écrit Scott Young, lechroniqueur duGlobe and Mail. « D’autres estiment au contraire que ce n’est pas assez guerrier et blaguent que les fusils devraient être remplis de sel, pour tirer sur l’équipe de hockey canadienne ou sur les juges de patinage artistique. »
Victoire en patinage artistique
Dans le cadre de l’épreuve de patinage en couple, Robert Paul et Barbara Wagner offrent une performance impeccable, remportant la médaille d’or après avoir été classés premiers par tous les juges. Le moment le plus marquant de leur programmeest la réussite stupéfiante d’une « spirale de la mort » à une main, une manœuvre inventée par les Canadiens Suzanne Morrow et Wally Diestelmeyer dans les années 1940. « L’un des aspects les plus remarquables de la performance de Wagner et de Paul a été leur aisance et leur assurance », écrit Scott Young. « Mademoiselle Wagner terminait les manœuvres les plus difficiles avec le sourire. » Leurs coéquipiers, les frère et sœur Maria et Otto Jelinek, terminent quatrièmes.
En patinage artistique masculin, le champion canadien Donald Jackson remporte la médaille de bronze. Deux ans plus tard,il réussit le premier triple Lutz en compétition internationale et remporte le Championnat du monde.
LE SAVIEZ-VOUS?
Au début de la guerre froide, les patineurs artistiques Maria et Otto Jelinek, qui sont frère et sœur, fuient la Tchécoslovaquie communiste avec leur famille et s’installent au Canada. En1955, ilsremportent le championnat junior canadien en couple. Après une quatrième place aux Jeux olympiques de 1960 et une deuxième place aux championnats du monde de 1960, lesJelinek comptent parmi les meilleurs patineurs en coupledu monde. En 1962, malgré les inquiétudes quant à leur sécurité, ils retournent en Tchécoslovaquie pour participer aux championnats du monde. Après des menaces de retrait des championnats de la part de l’Union internationale de patinage si la sécurité des Jelinek n’est pas garantie, legouvernement tchécoslovaque accepte de révoquer leur citoyenneté, les protégeant ainsi d’une arrestation et de poursuites. Ils livrent une performance sans faille et remportent le titre mondial pour le Canada dans leur ville natale.
Les Dutchmen gagnent l’argent au hockey
Le Canada est de nouveau représenté autournoi de hockey sur glace par les Dutchmen de Kitchener-Waterloo, médaillés de bronze aux Jeux olympiques d’hiver de 1956. Contrairement à d’autres pays, le Canada se fait traditionnellement représenter aux Jeux olympiques par sa meilleure équipe amateur. Cependant, leschampions de la coupe Allan de 1959, les Dunlops de Whitby, déclinent l’invitation, et les Dutchmen prennent leur place à Squaw Valley. Le futur entraîneur, directeur général et président des Bruins de Boston, Harry Sinden, évolue alors au sein de l’équipe.
L’équipe canadienne amorce le tournoi du bon pied, battant la Suède (5 à 2), le Japon (19 à 1), l’Allemagne (12 à 0) et la Tchécoslovaquie (4 à 0) avant d’affronter les Américains. L’équipe américaine, menée par une prestation époustouflante de son gardien de but Jack McCartan, joue un match remarquable et remporte la victoire contre les Canadiens par la marque de 2 à 1. « Les joueurs canadiens étaient empreints d’une grande morosité après le match. [L’entraîneur] Bobby Bauer est resté seul sans rien dire dans le vestiaire pendant plusieurs minutes après le match », rapporte le Globe and Mail.
Il s’agit d’une défaite crève-cœur. Bien que les Dutchmen battent tour à tour la Suède (6 à 5) et l’Union soviétique (8 à 5) lors de la dernière étape du tournoi, les Américainsterminent avec une fiche parfaite. Les États-Unis remportent ainsileur première médaille d’or au hockey olympique aux Jeux d’hiver de 1960, tandis que le Canada doit se contenter de l’argent. Il s’agit par ailleurs de la dernière fois que le Canada est représenté par une équipe amateur aux Olympiques.
Première médaille d’or en ski alpin
Le 26 février 1960, Anne Heggtveit, âgée de 21 ans,écrit une page d’histoire des Jeux olympiques en remportant la première médaille d’or du Canada en ski alpin. Elle termine première au slalom féminin, forte d’une avance de 3,3 secondes sur ses rivales, une victoire éclatante pour la jeune skieuse s’étant classée 30e dans la même épreuve aux Jeux de 1956 à Cortina d’Ampezzo. « L’équipe olympique du Canada, encore affectée par la défaite de 2 à 1 infligée par les États-Unis au hockey jeudi soir, a applaudi à tout rompre aujourd’hui la victoire en ski d’Anne Heggtveit », rapporte le Globe and Mail. Anne Heggtveit est aussi la Canadienne la mieux classée dans le slalom géant et l’épreuve de descente, devançant ses coéquipières Nancy Elizabeth Holland, Elizabeth Greene et Nancy Greene (qui remportera le slalom géant en 1968).(Voir aussi Une entrevue avec Anne Heggtveit.)
Statistiques de l’équipe canadienne
Équipe : 44 athlètes (34 hommes, 10 femmes)
Médailles : 4 (deux d’or, une d’argent, une de bronze)
Rang : 8e (total des médailles)
Tableau de classement
Athlètes | Sport | Médailles |
Anne Heggtveit | Ski alpin (slalom féminin) | Or |
Barbara Wagner Robert Paul |
Patinage artistique (équipe) | Or |
Dutchmen de Kitchener-Waterloo Robert Attersley Maurice Benoit James Connelly Jack Douglas Fred Etcher Robert Forhan Donald Head Harold Hurley Ken Laufman Floyd Martin Robert McKnight Clifford Pennington Donald Rope Robert Rousseau George Samolenko Harry Sinden Darryl Sly |
Hockey sur glace (hommes) | Argent |
Donald Jackson | Patinage artistique (hommes) | Bronze |