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L’équipe de soccer féminine remporte la médaille de bronze olympique

​Le 9 août 2012, des millions de personnes au Canada et dans le monde entier regardent l’équipe de soccer féminine canadienne affronter l’équipe de France pour la médaille de bronze olympique.

Le 9 août 2012, des millions de personnes au Canada et dans le monde entier regardent l’équipe de soccer féminine canadienne affronter l’équipe de France pour la médaille de bronze olympique. Tandis que 12 465 chanceux assistent à l’événement en direct dans le stade de Coventry, ils sont infiniment plus nombreux à regarder le match à la télévision ou sur Internet.

Mais, quelle que soit la manière dont ils suivent l’événement, tous peuvent se régaler de moments exceptionnels qui, mis bout à bout, contribuent à offrir au Canada sa première médaille olympique en soccer depuis plus de 100 ans : l’arrêt de la gardienne canadienne Erin McLeod devant Élodie Thomis à la 26e minute, le tir de la joueuse française Gaëtane Thiney s’écrasant sur le poteau gauche canadien à la 61e minute, Élodie Thomis faisant trembler la barre transversale une minute plus tard, la Canadienne Desiree Scott bloquant la balle sur sa ligne à la 70e minute et sa coéquipière Diana Matheson envoyant, à la 92e minute, avec sang-froid, le ballon au fond des filets sur un rebond de Sophie Schmidt pour marquer le seul but de la partie synonyme de victoire canadienne.

Le parcours de l’équipe canadienne qui va la mener à la médaille de bronze olympique commence en janvier 2012 avec le tournoi de qualification de la CONCACAF (Confederation of North, Central America and Caribbean Association Football) organisé à Vancouver, en Colombie-Britannique. Huit équipes en provenance d’Amérique du Nord, d’Amérique centrale et des Caraïbes se disputent deux billets pour les Jeux olympiques de Londres. À domicile, le Canada connaît un parcours sans encombre, gagnant tous ses matchs y compris la finale contre les États-Unis.

Deux Canadiennes font également partie des officielles retenues pour le tournoi olympique de soccer : l’arbitre Carol Anne Chenard et l’arbitre-assistante Marie-Josée Charbonneau.

Lors du tirage au sort de la phase finale, le Canada se retrouve dans un groupe difficile avec la Suède, le Japon et l’Afrique du Sud. Les Canadiennes doivent finir à l’une des deux premières places de leur groupe pour être sûres d’accéder aux matchs éliminatoires, seuls les deux meilleurs troisièmes de tous les groupes étant également qualifiés pour les quarts de finale. Le premier match du Canada contre le Japon, champion en titre, est âprement disputé, mais se termine sur une défaite 2-1. Bien qu’il s’agisse d’un résultat honorable contre une bonne équipe, Diana Matheson ne mâche pas ses mots : « Ce n’est pas avec des victoires “morales” que nous allons nous qualifier pour le tour suivant. Pour passer, il nous faut des points! »

Le deuxième match du Canada se passe mieux puisque les filles battent l’Afrique du Sud 3-0 avec un but de Melissa Tancredi et un doublé de Christine Sinclair. L’équipe canadienne joue son dernier match de groupe contre une équipe de Suède redoutable. Après seulement 16 minutes, la Suède mène déjà 2-0 et le Canada se retrouve, tôt dans le match, dans une position peu enviable. Cependant, l’équipe se bat avec acharnement pour revenir dans la partie et un doublé de Melissa Tancredi permet au Canada d’arracher un match nul dont il n’a pas à rougir et le précieux point qui va avec. L’équipe canadienne, qui termine troisième de son groupe avec un total de quatre points, obtient, en tant que meilleur troisième, le droit de disputer les quarts de finale.

Il est toutefois probable que la joie canadienne sera de courte durée, car c’est une équipe de Grande-Bretagne particulièrement dangereuse que le Canada doit rencontrer lors de ces quarts de finale. Les Britanniques ont gagné tous leurs matchs de poule sans encaisser un seul but et disposent de l’avantage du terrain : 28 828 personnes hurlant leurs encouragements pour l’équipe locale garnissent les gradins d’un stade de Coventry plein à craquer.

La foule est toutefois réduite au silence et frappée de stupeur lorsqu’à la 12e minute, Jonelle Filigno marque sur une demi‑volée, sur un coup de pied de coin de Sophie Schmidt. Christine Sinclair ajoute un deuxième but à la 26e minute avec un coup franc qui va se loger dans le coin inférieur du filet. Grâce à des combattantes infatigables comme Diana Matheson et Desiree Scott qui dominent le milieu britannique, les Canadiennes remportent le match et réussissent à atteindre les demi-finales.

Après le match, l’entraîneur britannique de l’équipe, John Herdman, explique : « Aujourd’hui, nous avons fait preuve d’une véritable discipline et nous avons bien géré les moments importants. Dans la perspective du tournoi olympique, un certain nombre de filles ont livré leur meilleur match jusqu’ici et il nous faudra aller encore un peu plus loin lors du prochain match contre les États-Unis. »

D’un point de vue statistique, le Canada ne part pas favori contre les États-Unis. En effet, les 51 derniers matchs disputés entre les deux pays ont donné lieu à 43 victoires américaines, 3 victoires canadiennes et 5 matchs nuls. Toutefois, les Canadiennes réussissent à prendre un avantage rapide lors de cette demi‑finale, un match dont se souviendront longtemps les 26 630 spectateurs ayant eu la chance d’y assister dans le stade d’Old Trafford à Manchester.

Christine Sinclair, la femme du match, marque le premier but à la 22e minute pour offrir l’avantage au Canada, une avance conservée jusqu’au retour aux vestiaires à la mi-temps. Les Américaines marquent deux fois durant la deuxième mi-temps, mais, à chaque fois, Christine Sinclair, décidément intenable, permet au Canada de repasser en tête. À la 77e minute, la marque est de 3-2 en faveur des Canadiennes à qui il ne reste plus qu’à gérer le match jusqu’à son terme, c’est-à-dire pendant encore un quart d’heure environ en prenant en compte le temps additionnel.

À ce moment du match, alors que la gardienne Erin McLeod attend que ses coéquipières se replacent pour leur passer le ballon le plus intelligemment possible, l’arbitre, Christina Pedersen, siffle une faute contre la portière canadienne pour avoir conservé la balle au-delà de la limite autorisée, c’est-à-dire pendant plus de six secondes. Le Canada se retrouve donc en danger sur un coup franc indirect accordé à l’intérieur de la surface de réparation. Lors de la séquence qui suit ce coup de pied arrêté, le ballon frappe le bras de Marie-Eve Nault et l’arbitre accorde un coup de pied de pénalité aux Américaines transformé par Abby Wambach à la 80e minute. Les deux équipes jettent toutes leurs forces dans la bataille jusqu’à la fin des 90 minutes réglementaires, mais rien n’y fait, il faut se préparer à jouer une prolongation de 30 minutes supplémentaires. À la 123e minute, l’Américaine Alex Morgan marque le quatrième but de son équipe synonyme de victoire finale.

Les Canadiennes ont le cœur brisé par ce résultat : leur rêve de médaille d’or part soudainement en fumée. Il leur faut cependant se ressaisir pour affronter la France dans un match difficile pour la médaille de bronze. La capitaine Christine Sinclair ne manque pas de détermination : « Nous sommes venues ici pour décrocher une médaille. Elle n’aura peut-être pas la couleur que nous souhaitions, mais franchement, je n’aimerais pas faire partie de la prochaine équipe qui va jouer contre nous. »

L’épopée de l’équipe féminine de soccer lors des Jeux olympiques 2012 prend fin avec le but de Diana Matheson à la 92e minute qui offre la victoire au Canada contre la France. Peu nombreux auraient parié sur la présence des filles de l’équipe canadienne sur le podium du tournoi de soccer olympique de 2012. Et pourtant, en dépit des prédictions, elles terminent le tournoi avec une médaille de bronze autour du cou. De plus, en récompense de ses performances exceptionnelles, Christine Sinclair est choisie comme porte-drapeau du Canada pour les cérémonies de clôture des Jeux.

L’aventure olympique de l’équipe canadienne est suivie par des millions de personnes au pays. La demi-finale contre les États-Unis est regardée par environ 3,8 millions de téléspectateurs en moyenne avec un pic de 10,7 millions de Canadiens et de Canadiennes ayant vu tout ou partie du match. La partie pour la médaille de bronze est, quant à elle, suivie par une audience moyenne de 1,6 million de téléspectateurs avec un pic d’audience atteignant 5,8 millions. Lorsque Diana Matheson inscrit le but qui apporte la médaille de bronze au Canada, 3,1 millions de téléspectateurs sont devant leur écran en direct.

Le périple des Canadiennes transforme également la perception du soccer féminin au pays. Dans une entrevue accordée en 2014, Diana Matheson rappelle que, pendant les deux mois qui ont suivi les Jeux olympiques, elle a régulièrement été abordée dans le métro de Torontopar des hommes adultes qui lui disaient qu’elle les avait fait pleurer. Elle ajoute : « Londres a constitué un moment déterminant, il y a un avant-Jeux olympiques et un après-Jeux olympiques et c’est le jour et la nuit! »

Le premier match de l’équipe au Canada après les Jeux olympiques l’oppose à nouveau aux États-Unis au BMO Field de Toronto. La partie se joue à guichets fermés sous les yeux de 22 450 personnes présentes dans le stade. Selon Christine Sinclair : « On peut dire que quelque chose d’encore plus grand s’est passé, nos partisans étaient à fond avec nous. Quand j’étais beaucoup plus jeune, personne ne savait qu’il y avait une équipe nationale féminine de soccer. Aujourd’hui, les filles grandissent en rêvant de jouer pour le Canada. »

Le soccer est le sport d’équipe le plus populaire au Canada. En 2014, 824 181 joueuses et joueurs étaient inscrits à tous les niveaux, dont plus de 41 % de femmes et de jeunes filles. Cet intérêt marqué des Canadiennes et des Canadiens pour le soccer et leur participation massive devrait aider les équipes seniors masculines et féminines à rester compétitives au plus haut niveau.

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