Liz Magor est artiste (née le 11 avril 1948 à Winnipeg, au Manitoba). Depuis les années 1970, les sculptures, les installations et les photographies de Liz Magor lui ont valu le statut d’artiste contemporaine majeure au Canada. En 1984, elle représente le Canada à la Biennale de Venise. En 2001, elle est lauréate d’un Prix du Gouverneur général; en 2009, elle reçoit le prix Audain; en 2014, le Musée des beaux-arts de l’Ontario lui décerne le prestigieux prix Gershon Iskowitz.
Enfance et éducation
Liz Magor passe les premières années de sa vie à Winnipeg, au Manitoba, avant de s’installer avec sa famille à Prince-Rupert, en Colombie-Britannique, au début des années 1950. Enfant, elle est une lectrice avide; le monde du récit et de l’imagination et les matières et la construction des objets la fascinent. Elle combine ainsi ses intérêts pour créer des sculptures et des dessins excentriques.
En 1966, elle s’inscrit au département des beaux-arts de l’Université de la Colombie-Britannique. Puis, elle déménage à New York en 1968 et étudie à la Parsons The New School for Design. Lorsqu’elle rentre à Vancouver en 1970, Liz Magor termine sa formation formelle à la Vancouver School of Art (maintenant la Emily Carr University of Art and Design) en 1971.
Début de carrière
Une fois diplômée de la Vancouver School of Art, Liz Magor demeure sur la côte Ouest et commence un travail de recherche sur le terrain diversifié du sud de la Colombie-Britannique, travail qui s’échelonnera sur près de dix ans. Ses premiers travaux, comme Bird Nest Kits (1975), Compost Figures (1978) et A Concise History (1979), juxtaposent des matières naturelles et des objets fabriqués dans une exploration insolite des notions de production et de reproduction, de l’organique et de l’inorganique. Un exemple connu, The Birdnester (1970), présente des paires de spécimens de faune et de flore naturellement identiques dans l’environnement austère de la galerie. Ses pièces tardives de la même période, comme Four Boys and a Girl (1979), contiennent des créations multiples et identiques qui imitent les spécimens naturels. Four Boys and a Girl et son œuvre en général soulèvent aussi des questions autour de la production et du marketing des objets sculpturaux.
Milieu de carrière
Les années 1980 sont une époque de prospérité pour la carrière de Liz Magor. Lorsqu’elle s’installe à Toronto en 1981, elle est représentée par la réputée galerie Ydessa. Pendant son temps à cette galerie, elle est sélectionnée pour exposer à la Biennale de Sydney (1982), à la Biennale de Venise (1984) et à Documenta 8 (1987), en Allemagne. Connaissant un succès important, Liz Magor fait un changement de cap artistique : elle s’éloigne du monde naturel, et s’intéresse davantage aux vies sociale et émotionnelle des objets, et à leur capacité de renfermer et de refléter les histoires et les identités personnelles et collectives.
Dans Dorothy, A Resemblance (1980-1981), une œuvre qui fortifie la réputation de Liz Magor, des objets de la vie quotidienne racontent la vie d’une femme. Quatre tables en acier y présentent des collections individuelles d’objets communs : livres, ampoules, allumettes, plombs de pêche, pain et chandelles, tous regroupés en ensembles de poids différents. Les objets correspondent en densité au corps du sujet, Dorothy, et aux différents poids que celui-ci pèse à différents moments dans sa vie (une sorte de mesure littérale du temps qui passe). Dorothy fait aussi partie de deux pièces subséquentes, The Most She Weighed/The Least She Weighed (1982) et I Have Always Weighed
Liz Magor s’attire les foudres des critiques en 1989, avec sa série de photographies Field Work. Ses portraits, datant des années 1960 et capturant des hippies dans le mouvement de retour à la terre (cheveux longs, mocassins et coiffes en plumes), sont effectivement perçus comme une représentation moqueuse et réductrice de la culture autochtones. Ces critiques, que certains trouvent superficielles, produisent un effet de douche froide pour Liz Magor, qui décide de quitter Toronto en 1993 pour la côte Ouest.
Projets récents
Après plusieurs expositions individuelles partout au Canada dans les années 1990, Liz Magor retourne à Toronto pour installer Messenger (1996) au Jardin de sculptures de Toronto (l’œuvre est ensuite réinstallée à la Vancouver Art Gallery en 2001). Dans Messenger, l’artiste assemble un petit chalet antique en bois rond, et équipe celui-ci avec un poêle à bois, un lit de camp, une armoire, des articles de plein air et du carburant. Comme dans la majorité de ses installations plus récentes, la pièce crée un espace entre l’imitation et la réalité, un tableau où les objets naturels sont placés hors contexte, juxtaposés avec des objets fabriqués pour créer une dissonance perceptuelle.
Liz Magor continue ses recherches dans l’imaginaire, remettant en doute les notions du réel et du surréel dans ses rapprochements d’objets réalistes moulés et d’aliments naturels, comme avec One Bedroom Apartment (1996), Stores (2000), Chee-to (2000) ou encore Double Cabinet (blue) (2000). Les installations de Liz Magor à la fin des années 1990 lui valent le prix York Wilson Endowment en 2000 et le prestigieux Prix du Gouverneur général en arts visuels et en arts médiatiques en 2001. La même année, elle est l’une des dix artistes sélectionnés pour participer à la compétition Paradis insaisissable : Le prix du millénaire, organisée par le Musée des beaux-arts du Canada.
En 2002 et en 2003, la Vancouver Art Gallery et la galerie torontoise Power Plant organisent des expositions qui célèbrent la mi-carrière de Liz Magor. Elle figure également dans l’exposition Baja to Vancouver: The West Coast and Contemporary Art, qui visite de nombreuses galeries publiques de la côte Ouest en 2003 et en 2004.
Prix et distinctions
- Prix York Wilson Endowment (2000)
- Prix du Gouverneur général en arts visuels et en arts médiatiques (2001)
- Prix Audain, Lifetime Achievement in the Visual Arts (2009)
- Prix Gershon Iskowitz (2014)