Margaret Pictou LaBillois, C.M., O.N.-B., photographe de l’armée de l’air, femme d’affaires, chef mi’kmaq, aînée, défenseure de la langue et de la culture (née le 10 juillet 1923 dans la Première Nation d’Eel River Bar [aujourd’hui Ugpi'Ganjig] au Nouveau-Brunswick; décédée le 19 avril 2013 à Dalhousie au Nouveau-Brunswick.). L’aînée Margaret LaBillois a été la première femme chef élue au Nouveau-Brunswick. Après son service en temps de guerre, Margaret LaBillois est retournée à sa Première Nation, où elle a contribué à raviver l’intérêt pour la langue et l’artisanat traditionnel mi’kmaq, ainsi qu’à démarrer une entreprise coopérative familiale.

Jeunesse
L’aînée Margaret LaBillois est l’une des huit enfants (cinq filles et trois garçons) de James et de Mary Paul Pictou. Après le décès de son père, son grand-père joue un rôle important dans sa vie. Elle passe la majeure partie de son enfance à pêcher et à cueillir des baies avec lui. Margaret LaBillois fréquente un externat indien. En 1939, elle devient la première personne de sa communauté à obtenir un diplôme d’études secondaires, avec mention en plus.
Après avoir obtenu son diplôme, Margaret LaBillois commence sa formation d’infirmière à l’hôpital Hôtel-Dieu de Campbellton situé à environ 25 km en train. Cependant, elle estime que les frais d’études en soins infirmiers sont trop élevés pour sa mère qui élève sa famille seule. Pour gagner de l’argent, sa mère fait le ménage dans des maisons à Dalhousie, la ville voisine, mais elle doit marcher cinq kilomètres à l’aller et au retour.
De plus, l’aller-retour en train pour Campbellton coûte de l’argent à Margaret LaBillois, tout comme les bas blancs qu’elle doit acheter pour son uniforme d’infirmière, qui lui, doit être remplacé fréquemment. Même si elle adore suivre sa formation d’infirmière, les coûts lui pèsent lourdement. C’est alors qu’une rencontre fortuite avec un recruteur de l’Aviation royale canadienne (ARC) dans un train pour rentrer chez elle mène à son enrôlement. On dit à Margaret LaBillois qu’elle pourrait envoyer une partie de sa paie à sa mère, ce qui contribue à sa décision de s’enrôler.
Service en temps de guerre
L’aînée Margaret LaBillois se joint au Service féminin de l’ARC. Après sa formation de base, elle se rend à la station Rockcliffe de l’ARC, située près d’Ottawa, où elle apprend le métier de technicienne en reconnaissance photographique. Une partie de son travail en tant qu’ouvrière d’aviation de première classe consiste à se suspendre à l’extérieur des avions pour prendre des photos de routes et de ponts. Margaret LaBillois se souvient plus tard qu’un supérieur lui a dit : « Si vous laissez tomber la caméra, vous pouvez tout aussi bien la suivre en sautant. Il vous faudrait une éternité pour payer cela. »
Margaret LaBillois travaille également sur des photographies aériennes qui sont utilisées pour cartographier la route de l’Alaska. En raison des craintes d’une invasion japonaise de la côte ouest de l’Amérique du Nord, la route est un projet de construction important en temps de guerre pour relier les États-Unis à l’Alaska en passant par le Canada.
Plusieurs hommes d’Eel River Bar s’enrôlent également pendant la guerre, incluant certains des frères de Margaret LaBillois ainsi que son futur mari. En 1944, Matthew, son frère adoptif, meurt en Angleterre alors qu’il sert dans l’armée canadienne. Un autre de ses frères meurt également alors qu’il sert outre-mer. À la fin de la Deuxième Guerre mondiale, Margaret LaBillois retourne dans sa Première Nation après deux ans et demi de service.
Elle et Michael LaBillois, qui travaille à l’usine de papier de Dalhousie, commencent à se fréquenter et ils se marient ensuite. Ensemble, ils ont six garçons et six filles et ils adoptent deux autres garçons. Les deux enfants adoptés font partie de leur famille élargie. Margaret LaBillois et son mari ne supportent pas l’idée que ces enfants soient élevés par des personnes qui ne sont pas de leur famille.
Chef
En 1970, l’aînée Margaret LaBillois devient la première femme à être élue chef d’une Première Nation au Nouveau-Brunswick et elle remplit deux mandats. Durant cette période, elle favorise les partenariats entre les personnes autochtones et non autochtones, ainsi qu’avec les agences gouvernementales. Selon la citation pour l’attribution de son titre de membre de l’Ordre du Canada, ses actions « ont produit un climat de compréhension et de respect mutuels. Grâce à son leadership éclairé, les habitants d’Eel River ont récupéré leurs terres perdues en raison du développement et ils ont redécouvert leurs traditions et leur langue.
Défenseure mi’kmaq
À la fin de son deuxième mandat en tant que chef, l’aînée Margaret LaBillois se donne pour mission de restaurer la langue et la culture mi’kmaq au sein de son peuple. Elle se souvient de son époque à l’externat indien où elle n’était autorisée à ne parler qu’en anglais. Par conséquent, lorsqu’elle retournait à la maison, elle n’arrivait pas à se souvenir de certains mots mi’kmaqs. Cependant, sa mère et une de ses sœurs l’ont obligée à parler dans leur langue maternelle, ce que Margaret LaBillois continue à faire en famille.
Margaret LaBillois devient convaincue que la langue est la clé de l’identité de son peuple. Pour l’aider à promouvoir cette conviction, elle fait des études en langues autochtones à l’Université Lakehead à Thunder Bay et elle obtient son diplôme avec mention en 1982. Sa fille aînée, Colleen, quitte l’école pour rester à la maison et s’occuper de ses frères et sœurs pendant que sa mère est à l’université. Lorsqu’elle est de retour dans la Première Nation d’Eel River Bar, Margaret LaBillois visite les écoles locales pour enseigner la langue, la culture et les traditions mi’kmaqs aux élèves. Elle est également une ardente défenseure de l’enseignement du respect et de la compréhension mutuelle de la culture mi’kmaq à tous les niveaux de gouvernement.
Femme d’affaires
L’aînée Margaret LaBillois commence également une entreprise coopérative familiale appelée Apitjipeg, qui signifie « renaissance ». Ses activités sont très variées et elles comprennent la fabrication et la vente de bijoux, de mitaines, de mocassins et de raquettes, l’exploitation d’un magasin et d’un restaurant de homard et même l’organisation d’événements sociaux et culturels. Les enfants et petits-enfants de Margaret LaBillois participent au fonctionnement de l’entreprise.
« Change the Bill »
En 2023, l’Association des femmes autochtones du Canada lance « Change the Bill », un projet qui vise à promouvoir les contributions et les réalisations des femmes autochtones par le biais de l’art. L’association demande à neuf artistes autochtones de réimaginer le billet de 20 $ avec des femmes autochtones qui sont leurs héroïnes. L’artiste mi’kmaq Tracey Metallic choisit l’aînée Margaret LaBillois pour son œuvre, sur laquelle elle est dépeinte dans son uniforme de l’ARC. Une exposition des créations proposées est organisée dans une galerie d’art de Toronto.
Prix et distinctions
Avant que l’aînée Margaret LaBillois meure en 2013 à la Dalhousie Nursing Home à l’âge de 89 ans, elle reçoit de grandes distinctions. Elle est nommée membre de l’Ordre du Canada en 1995 en reconnaissance de ses qualités de leadership et de la démonstration significative de ses compétences traditionnelles mi’kmaqs. Dix ans plus tard, en 2005, elle reçoit l’Ordre du Nouveau-Brunswick en reconnaissance de son leadership et de sa protection de la langue mi’kmaq. Margaret LaBillois est également nommée aînée de la Union of New Brunswick Indians.