Article

Marilyn Bell

Marilyn Grace Bell Di Lascio (née Bell), O.Ont., nageuse (née le 19 octobre 1937, à Toronto, en Ontario). Marilyn Bell est une spécialiste du marathon en eau libre, surtout célèbre pour sa traversée du lac Ontario, en 1954, à l’âge de 16 ans, qui lui a valu une renommée internationale. En 1954, elle a remporté le trophée Lou‑Marsh récompensant l’athlète de l’année au Canada, femmes et hommes confondus, ainsi que le prix Bobbie Rosenfeld, en 1954 et en 1955, décerné à la meilleure athlète au pays. En 1954, elle est également choisie comme Personnalité médiatique de l’année de la Presse canadienne. En 1955, elle devient la plus jeune, femmes et hommes confondus, à traverser la Manche. En 1956, elle réussit également la traversée du détroit de Juan de Fuca, à la nage. Elle a été intronisée au Panthéon des sports canadiens et est membre de l’Ordre de l’Ontario.

Marilyn Bell, nageuse

Premières années

Fille de Sydney, qui travaille comme commis à la comptabilité, et de Grace Bell, Marilyn voit le jour le 19 novembre 1937, à Toronto, en Ontario. Enfant, puis adolescente, la jeune fille fréquente l’école St. Mary’s et la Loretta College School de Toronto, où elle chante également dans la chorale scolaire. Sa famille déménage souvent, vivant notamment à North Bay, en Ontario et à Halifax, en Nouvelle‑Écosse.

Lorsque ses parents reviennent s’installer à Toronto, en 1946, ils inscrivent Marilyn à des cours de natation à la piscine d’Oakwood. Dotée d’un talent naturel, elle nage le mille en 70 minutes, à l’âge de neuf ans. L’année suivante, elle participe à une compétition longue distance d’un mille, organisé sur le lac Ontario. Elle intègre ensuite le Lakeshore Swimming Club, à Etobicoke, à proximité, où elle peut s’entraîner sous la houlette du célèbre Gus Ryder.

Marylin Bell s’impose rapidement comme une spécialiste du marathon en eau libre de calibre mondial. Le 26 juillet 1954, elle participe au premier Atlantic City Centennial Swim, à Atlantic City, dans le New Jersey, aux États‑Unis, sur 41,8 km. Cette manifestation est dominée par des Canadiens, Tom Park et un autre membre du Lakeshore Club, Cliff Lumsdon, terminant, respectivement, à la première et à la deuxième place. La Torontoise termine, quant à elle, première parmi les femmes et septième au classement général, tous sexes confondus.

Traversée du lac Ontario

À des fins publicitaires, l’Exposition nationale canadienne (ENC) offre 10 000 $ à la célèbre nageuse américaine, Florence Chadwick, pour une traversée du lac Ontario. En réponse à un public qui insiste pour voir des nageuses canadiennes en action, l’ENC intègre finalement, à la compétition, Marylin Bell et sa compatriote Winnie Roach‑Leuszler, déjà célèbre pour avoir traversé la Manche.

La course est lancée le 8 septembre 1954, vers 23 heures. À peine âgée de 16 ans à l’époque, Marylin Bell entame sa traversée du lac Ontario à Youngstown, dans l’État de New York, et nage 51,5 km (la distance ayant finalement été de 72 km, compte tenu de diverses corrections de trajectoire) jusqu’à un brise‑lame limoneux au large de la rive ouest de Toronto. Des journalistes du Toronto Star et du Toronto Telegram, couvrant la course, en viennent même aux mains, tant la tension est forte, alors que Marylin Bell se débat dans l’eau contre des lamproies et presque s’étouffe avec des déversements d’hydrocarbures. Vers 5 h 45, Florence Chadwick et Winnie Roach‑Leuszler sont sorties de l’eau, ce qui met fin à leur course. La plus jeune des trois poursuit sa traversée, en dépit des demandes répétées de son père pour qu’elle s’arrête. Gus Ryder, son entraîneur, refuse de la sortir de l’eau, alors même qu’elle semble pratiquement inconsciente.

La foule qui attend Marylin Bell, à Toronto, explose littéralement d’enthousiasme lorsque, quoique très affaiblie, elle réussit à atteindre les digues de la plage Sunnyside, 20 heures et 59 minutes après le départ. Totalement épuisée par le manque de sommeil, elle souffre d’hypothermie et avouera, plus tard, qu’elle n’a aucun souvenir de l’accomplissement de cet exploit.

Marilyn Bell v 1954

Célébrité

La performance de Marylin Bell devient rapidement, dans les médias et auprès du public, la quintessence même d’un exploit canadien, réalisé par une jeune fille dotée d’une volonté inébranlable qui a su rester obnubilée par son objectif, sans se laisser abattre par les éléments. Ses exploits font rêver les Canadiennes et les Canadiens. Ils et elles seront ensuite nombreux à égaler, voire à améliorer, les résultats de la nageuse torontoise, lors de marathons en eau libre, sans que personne n’égale la gloire qu’elle aura obtenue après son exploit du lac Ontario, et c’est bien elle qui aura été à l’origine de la vogue des traversées de lacs qui suivra (voir également Jacques Amyot).

Les projecteurs des médias sont braqués sur Marylin Bell et le public la couvre de cadeaux et de louange, voyant en elle une héroïne modèle : modeste, intelligente, reconnaissante et charmante. La jeune nageuse décroche le trophée Lou‑Marsh, récompensant l’athlète de l’année au Canada, femmes et hommes confondus, ainsi que le prix Bobbie‑Rosenfeld attribué à la meilleure athlète canadienne de l’année. En 1954, elle est également nommée Personnalité médiatique de l’année de la Presse canadienne.

Dans la foulée de son exploit, elle continue de jouir d’un statut de célébrité, devenant l’une des favorites de la presse au pays, qui la surnomme souvent « la chérie du Canada ». Elle participe à l’émission télévisée de variétés américaine, animée par Ed Sullivan, Toast Of The Town. Un téléfilm sur sa traversée du lac Ontario, intitulé Heart: The Marilyn Bell Story, avec, dans le rôle principal, Caroline Dhavernas, est diffusé, au Canada, en 2001.

Traversée de la Manche

En 1955, le Toronto Telegram offre à Marylin Bell 15 000 $ pour traverser la Manche. La jeune fille relève le défi sans hésiter. Le 31 juillet 1955, elle devient la plus jeune à accomplir cet exploit, femmes et hommes confondus, en traversant, à la nage, le bras de mer, du cap Gris‑Nez, en France, à Abbotscliff, en Angleterre, dans un temps de 14 heures et 36 minutes. La Presse canadienne lui décerne le titre de femme de l’année, pour la deuxième année consécutive.

Traversée du détroit de Juan deFuca

Marylin Bell relève le défi suivant de marathon en eau libre : il s’agit de traverser le détroit de Juan deFuca qui sépare l’île de Vancouver et l’État de Washington, en partant de Port Angeles et en arrivant au Beacon Hill Park de Victoria. Peu de temps après ce nouvel exploit, elle prend sa retraite sportive. En 1958, elle est intronisée au Panthéon des sports canadiens.

Vie personnelle

À 19 ans, Marylin Bell épouse Joe Di Lascio, un Américain membre des forces de l’ordre et agent de probation. Le couple s’installe aux États‑Unis, dans le New Jersey. Cette date marque, de fait, la fin de la carrière de nageuse de compétition de la jeune femme. Elle déclarera : « Après avoir fait l’objet de toute cette attention, je voulais juste vivre une vie normale. » Le couple aura quatre enfants. Après avoir consacré son temps à élever sa famille, l’ex‑nageuse de compétition obtient ultérieurement un diplôme d’enseignement et s’investit dans l’enseignement aux enfants ayant des besoins spéciaux.

Bell, Marilyn

Dernières années

Alors qu’elle a dépassé 70 ans, Marylin Bell contracte une scoliose qui l’empêche de nager. Après le décès de son mari, en 2007, elle déménage à Woodland Pond, une maison de retraite, à New York, dotée d’une piscine intérieure. À 78 ans, avec l’aide d’un ancien cardiologue pédiatrique, elle réussit à nouveau à s’entraîner et à retourner dans l’eau.

Voir également Toronto Feature: Budapest Park (en anglais seulement) ; Les femmes et le sport ; Cindy Nicholas ; Vicki Keith Munro.

Prix