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Marjo

Marjo (née Marjolène Morin). Auteure-compositrice-interprète (Montréal, 2 août 1953). D'abord modèle, dir.

Marjo

Marjo (née Marjolène Morin). Auteure-compositrice-interprète (Montréal, 2 août 1953). D'abord modèle, dir. de mode au magazine Madame et gérante de L'Air du temps, un bar de jazz de Montréal, elle fut choriste dans les comédies musicales de François Guy Tout chaud, tout show (1975), et L'Île en ville (1978). En 1979, elle se joignit au groupe rock Corbeau, créé deux ans plus tôt par Pierre Harel (chanteur et compositeur) avec Jean Millaire (guitariste), Michel Lamothe (bassiste), Donald Hince (guitariste) et Roger Belval (batteur). Leur rock détonnant, les textes tendres et sauvages d'Harel et la voix puissante et sensuelle de Marjo connurent un succès immédiat. Après un premier micr. London en 1979 (Corbeau, LFS-9031), le groupe enregistra chez Kébec-Disc de 1981 à 1984 : Fou (KD-515), « Illégal » (KD-540), Visionnaire (EPKD-592) et Dernier cri (2-KD-619-620). Il donna des centaines de spectacles dans toute la province. « Illégal », composé par Harel, fut un des principaux succès de la chanson québécoise de cette époque, exprimant la révolte sourde de la jeunesse du début des années 1980. Quand Harel quitta le groupe, Marjo composa les textes. En 1984, le groupe fut dissous et Marjo commença une carrière en solo.

En 1984, elle chanta des airs de blues au Bistro à Jojo de Montréal, puis, en 1985, composa et interpréta Touch Me, chanson du film La Femme de l'hôtel, laquelle mérita un Genie Award à Toronto. Avec le guitariste et compositeur Jean Millaire (ils ont composé ensemble une quarantaine de chansons), elle enregistra le micr. Celle qui va en 1986 (Kébec-Disc KD-651), qui se vendit à 250 000 exemplaires. « Les Chats sauvages » révéla la personnalité profonde d'une rockeuse qui se faisait soudain tendre et enjoleuse. Elle mérita les trophées Félix du micr. rock, du spectacle rock et de l'interprète féminine de l'année 1987. En 1990, le CD Tant qu'il y aura des enfants (Kébec-Disc KDC-669) vint confirmer le succès de celle qui est une des plus grandes vedettes québécoises de sa génération. Il contenait de nombreux succès, comme « Je sais, je sais » qui évoque ses amours avec Jean Millaire et le désespoir qui frappa la vedette au sommet de la popularité.

On a souvent comparé Marjo à Édith Piaf ou à Marilyn Monroe. En 1989, elle déclarait à Châtelaine :« Quand je monte sur une scène, je ne me considère pas comme une interprète mais comme quelqu'un qui vit. » Ses chansons rock et ses ballades, profondément québécoises, rejoignent tous les publics par leur simplicité et leur franchise. Marjo est aussi une des premières rockeuses québécoises à explorer tous les artifices de la sensualité et de la séduction. « Il faudra bien un jour que l'on se penche sur l'influence qu'aura eue Marjo sur toute une génération de chanteuses, écrivait Marie-Christine Blais. Il n'en est pas une, qu'il s'agisse de Marie Carmen, de Maude ou de Francine Raymond, qui ne lui rende hommage. Elle a ouvert la voie en écrivant ses propres textes - inspirés de ce qu'elle vivait - et en les interprétant avec ses tripes, son intégrité... » (Chansons d'aujourd'hui, avril 1990).