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Maude Barlow

Maude Victoria Barlow (McGrath), militante et auteure (née le 24 mai 1947 à Toronto, en Ontario). Maude Barlow est cofondatrice et présidente honoraire du Conseil des Canadiens, un des plus importants organismes indépendants consacrés à l’avancement de la justice sociale au Canada. Elle est une auteure et militante fervente des droits démocratiques et sociaux, de la souveraineté commerciale et de la justice environnementale. Maude Barlow a défendu le mandat de conseillère principale en matière d’eau pour les Nations Unies, en plus de siéger au Conseil pour l’avenir du monde et au conseil de Food and Water Watch.

Maude Barlow

L’auteure et militante pour l’eau canadienne Maude Barlow applaudit un conférencier au Forum alternatif mondial de l’eau à Istanbul, en Turquie, le 19 mars 2009.(avec la permission de Balazs Gardi/Flickr CC)

Enfance et éducation

Maude Victoria Barlow, née Maude Victoria McGrath, voit le jour à Toronto, en Ontario. Sa famille s’établit plus tard à Ottawa, où son père, William McGrath, un travailleur social, milite pour la réforme du système pénitencier et contre la peine capitale et les châtiments corporels. Selon ses deux sœurs, Pat et Christie, Maude confronte dès le plus jeune âge son grand-père aux opinions conservatrices au sujet de multiples enjeux sociaux. Maude Barlow fréquente l’Université Carleton, où elle obtient un baccalauréat en histoire en 1974.

Début de carrière comme militante et Conseil des Canadiens

Au début des années 1970, Maude Barlow découvre les œuvres de féministes majeures comme Germaine Greer et Andrea Dworkin, dont les idées ont chez elle un « effet coup de poing ». Cette découverte la pousse à débuter une carrière comme militante et consultante, notamment comme vice-présidente de Women Associates Consulting. Dans le cadre de ce mandat, elle s’implique dans une foule de projets, dont un qui vise à améliorer les programmes d’action positive pour les femmes à la CBC. Elle devient éventuellement directrice de l’égalité des chances pour la ville d’Ottawa. En 1983, son travail attire l’attention du premier ministre Pierre Trudeau, qui la nomme conseillère principale sur les questions touchant les femmes.

En 1985, Maude Barlow aide à fonder le Conseil des Canadiens (CC) avec Mel Hurtig, Pierre Berton, Margaret Atwood et plusieurs autres Canadiens de renom. En 1988, elle est élue présidente du Conseil. Grâce à cette plateforme, elle se met à défendre avec ferveur la démocratie canadienne et les programmes sociaux. Elle décrit d’ailleurs le système social canadien, qui inclut les programmes de logement, de santé et d’éducation, comme des « rubans d’interdépendance »; lorsqu’ils sont tissés serré, ils forment un ensemble uniforme de droits sociaux pour les citoyens.

Le saviez-vous?
Le Conseil des Canadiens a contribué à d’importants changements politiques au Canada, notamment à un moratoire sur l’utilisation des hormones de croissance bovines synthétiques par Monsanto au pays. En plus de causer un éventail d’effets néfastes sur la santé des vaches, ces hormones synthétiques produisent un sous-produit qui augmenterait le risque de cancer chez les humains.


Une des premières batailles majeures du CC, débutée en 1988, concerne l’Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis d’Amérique (1988), qui devient plus tard, avec l’inclusion du Mexique, l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) (voir aussi Le Canada et l’ALENA). Maude Barlow soutient que l’ALENA n’est pas un accord qui profite aux citoyens canadiens et qu’il ne sert qu’à réduire le contrôle du Canada sur ses ressources et son économie. Lors de la cérémonie de signature de l’ALENA en 1992, Maude Barlow et d’autres militants montent sur scène et érigent un drapeau américain derrière le premier ministre Brian Mulroney, tandis qu’elle hurle : « Vous avez promis de protéger la démocratie élémentaire. Vous n’avez pas tenu votre promesse. »

Activisme environnemental

Maude Barlow commence à s’intéresser aux causes environnementales et à écrire sur le sujet au début des années 1990. Elle milite sur une foule de sujets, dont la pollution industrielle, les projets d’oléoducs et les sables bitumineux canadiens, qu’elle décrit comme le « Mordor du Canada » en référence au royaume maléfique, sombre et dangereux créé par J.R.R. Tolkien dans Le Seigneur des anneaux. En plus de son rôle honoraire au Conseil des Canadiens, Maude Barlow siège également sur le conseil d’administration de Food and Water Watch, ainsi que sur le comité exécutif de l’Alliance mondiale pour les droits de la nature.

Activisme sur les enjeux hydriques et le projet Planète bleue

La lutte pour la conservation de l’eau, ses droits relatifs et son accessibilité est devenue l’une des causes déterminantes de Maude Barlow, tant et si bien qu’on la surnomme souvent la « guerrière de l’eau ». Elle défend effectivement l’idée qui veut que l’eau soit un bien public qui appartient à toutes les espèces et qui ne devrait pas être assujetti à la propriété et à la privatisation des entreprises.

En 2000, Maude Barlow cofonde le projet Planète bleue, une organisation qui soutient des initiatives visant à protéger l’eau dans les pays développés et en développement et qui, en travaillant avec les autorités, les militants et les organisations communautaires locaux, promeut l’eau comme un droit humain. En 2008, elle est nommée conseillère principale en matière d’eau auprès de l’Assemblée générale des Nations Unies (ONU), où son travail joue un rôle déterminant dans la résolution de 2010 de l’ONU selon laquelle l’eau et les installations sanitaires sont des droits fondamentaux de la personne.

Au Canada, Maude Barlow critique sévèrement les décideurs politiques ainsi que le public pour leur complaisance dans la gestion de l’eau. En 2009, le CC collabore avec des groupes des Premières Nations et non autochtones pour freiner un projet secret, le « site 41 », consistant à créer un site d’enfouissement dans le comté ontarien de Simcoe. Le résultat en cas de l’aboutissement de ce projet : la contamination des eaux souterraines pures de la région, y compris celles se trouvant sous les territoires revendiqués par la Première Nation Beausoleil et par d’autres Premières Nations à proximité. Maude Barlow lutte également contre la prise de contrôle des ressources d’eau douce canadiennes par de grandes sociétés, notamment le géant alimentaire suisse Nestlé, qui embouteille quotidiennement des millions de litres d’eau en Ontario et en Colombie-Britannique. Dans Boiling Point: Government Neglect, Corporate Abuse, and Canada’s Water Crisis (2016), Maude Barlow met en relief l’état critique dans lequel se trouvent les réserves d’eau douce canadiennes.

Le saviez-vous?
Le Canada possède 20 % des réserves d’eau douce mondiales. La pollution, la contamination et la sécheresse, toutefois, s’y sont répandues et devraient s’aggraver avec le changement climatique, selon ce qu’on prévoit. Les Grands Lacs, qui fournissent de l’eau potable à quelque 40 millions de personnes, sont particulièrement touchés, ayant connu dans les dernières décennies une perte importante de vie aquatique indigène, l’arrivée de nombreuses espèces envahissantes, la pollution causée par les industries et le ruissellement agricole et d’importantes fluctuations des niveaux d’eau.


Écriture, film et patrimoine de militante

Au cours de sa carrière de plus de 40 ans, Maude Barlow a écrit ou coécrit 18 ouvrages et contribué à des douzaines de rapports. Elle s’est penchée sur la crise mondiale de l’eau dans Blue Covenant (2007) et Blue Future (2013), et a défendu l’importance du militantisme dans Global Showdown: How the New Activists are Fighting Global Corporate Rule (2001), coécrit avec Tony Clarke, et dans son autobiographie, The Fight of My Life: Confessions of an Unrepentant Canadian (1998). Maude Barlow paraît aussi dans le documentaire lauréat Blue Gold: World Water Wars (2008), basé sur le livre qu’elle a coécrit avec Tony Clarke, Blue Gold: The Battle Against Corporate Theft of the World’s Water (2002). Enfin, elle a fait l’objet d’un documentaire produit par l’Office national du film en 1998, intitulé Democracy à la Maude.

Maude Barlow partage aussi sa philosophie du militantisme auprès des générations plus jeunes. Dans un discours donné en 2009 à l’Université Trent, Maude déclare :

N’écoutez pas ceux qui disent qu’on ne peut rien faire pour les enjeux sociaux et environnementaux très réels et cruciaux de notre époque. […] Une vie militante donne de l’espoir, qui est un impératif moral dans ce domaine et dans ce monde. […] vous aidez à transformer les idées et les systèmes, et vous vous engagez à laisser la planète dans un état au moins similaire à celui dont vous avez hérité.

Vie privée

Maude Barlow a eu deux fils, Charles et William, de son premier mari Garnet Barlow. Elle vit maintenant à Ottawa avec son époux, l’avocat Andrew Davis.

Prix et distinctions choisis

Maude Barlow a reçu une multitude de doctorats honorifiques et de prix internationaux, dont le prestigieux prix Right Livelihood en 2005, une récompense couramment surnommée « l’autre prix Nobel ».

  • Membre émérite, Association des enseignantes et enseignants de l’Ontario (1989)
  • Doctorat honorifique en droits, Université Memorial (1996)
  • Doctorat honorifique en lettres, Université Wilfrid Laurier (2004)
  • Prix Right Livelihood (2005)
  • Cultural Freedom Fellowship, Fondation Lannan (2005)
  • Doctorat honorifique en lettres humaines, Université de Lakehead (2005)
  • Prix pour l’ensemble de ses réalisations, Prix canadiens de l’environnement (2008)
  • Doctorat honorifique en lettres, Université Nipissing (2008)
  • Prix de réalisation environnementale exceptionnelle, Jour de la Terre Canada (2009)
  • Prix Eco Hero, Planet in Focus (2009)
  • Doctorat honorifique en droit, Université Trent (2009)
  • Doctorat honorifique en droit, Université Carleton (2010)
  • Doctorat honorifique en justice sociale, Mount Aloysius College (2010)
  • Prix EarthCare, Sierra Club (2011)
  • Doctorat honorifique en droit, Université de Lethbridge (2011)
  • Doctorat honorifique en droit, Université York (2014)
  • Doctorat honorifique en droit, Université de Windsor (2016)
  • Doctorat honorifique en lettres humaines, Université Mount Saint Vincent (2016)
  • Prix d’excellence BresciaLEAD, Brescia University College (2018)
  • Prix Water Warrior, Water Docs, Hot Docs International Film Festival (2018)