Dalton James Patrick McGuinty, avocat, homme politique, premier ministre de l'Ontario 2003-13 (né le 19 juillet 1955 à Ottawa, ON). Né dans une famille où la politique est déjà présente (Dalton McGuinty père a été député d'Ottawa-Sud jusqu'à sa mort en 1990), P. McGuinty grandit à Ottawa et fait ses études à l'université McMaster (B.Sc.) et à l'université d'Ottawa, où il étudie le droit. Il est admis au barreau de l'Ontario en 1983 et devient associé principal du cabinet McGuinty and McGuinty. L'année suivante, il devient aussi chargé de cours en droit commercial à l'Université Carleton.
En 1990, il se lance en politique et est élu dans le comté détenu auparavant par son père pour le Parti libéral provincial. Il est réélu en 1995 et, en 1996, il devient chef de son parti. Avant comme après son élection à la tête du parti, il tient le rôle de critique de l'Opposition pour divers portefeuilles dont celui de l'Énergie, de la Science et de la Technologie et celui des Affaires intergouvernementales.
Il reçoit son baptême du feu aux élections de 1999 contre le gouvernement conservateur de Mike HARRIS. Les libéraux se présentent aux élections alors qu'ils sont en avance dans les sondages (comme ils l'ont été, en vain, en 1990 et 1995) dans une province que commence à exaspérer la prétendue « révolution du bon sens » des conservateurs. Pour leur part, ces derniers mènent une campagne centrée sur le manque d'expérience relatif de McGuinty, qu'ils disent n'être « pas à la hauteur de l'emploi ». Les libéraux obtiennent 35 sièges et les conservateurs, 59.
Toutefois, Mike Harris a peut-être sans le vouloir rendu service à P.McGuinty. Dans l'opposition au cours des quatre années suivantes, celui-ci travaille à se débarrasser de l'image d'« intellectuel vieux jeu » (nerd) que les conservateurs ont contribué à entretenir et il élabore un programme qui remet en question les politiques conservatrices courantes. Pendant ce temps, les conservateurs connaissent de sérieux problèmes. L'appui du public à leur évangile prônant les réductions d'impôts et de dépenses faiblit et le scandale de WALKERTON, en 1999, fait nettement ressortir le risque de telles réductions pour le bien public. En avril 2002, Harris démissionne; Ernie EVES, son ancien ministre des Finances, le remplace. Au cours de l'année qui suit, le gouvernement conservateur est en proie à une série de difficultés, dont des pannes d'électricité et l'éclosion du virus du SRAS. À l'approche des élections de 2003, les libéraux sont de nouveau en tête dans les sondages.
La campagne bien organisée de P. McGuinty s'attaque de front à huit années de politiques conservatrices. Il s'engage, entre autres choses, à ne pas appliquer les réductions d'impôts des entreprises et des particuliers promises par les conservateurs (et de faire passer le taux d'imposition des sociétés de 12 à 14 p. cent, soit leur taux antérieur), et à augmenter les dépenses en santé et en éducation. Il promet aussi d'annuler les politiques qui favorisent les parents dont les enfants fréquentent une école privée et d'augmenter les taxes sur le tabac. Étonnamment, son approche reçoit l'appui de gens de tous les groupes d'âge et de toutes les catégories de revenu.
Le 2 octobre 2003, le parti de Patrick McGuinty obtient un gouvernement majoritaire; c'est la première fois que les libéraux battent un gouvernement conservateur en exercice depuis que Mitch HEPBURN les a conduits à la victoire en 1934. C'est aussi seulement la deuxième fois en un demi-siècle (la première fois, c'était en 1987) que les libéraux l'emportent haut la main. Sur les 103 sièges de l'Assemblée législative, les libéraux en obtiennent 72 (46 p. cent du vote populaire), les conservateurs, 24 et le NPD, 7. Les libéraux gagnent des sièges partout en Ontario, dont une majorité dans la région de Toronto, laissant aux conservateurs une base largement rurale. Toutefois, le taux de participation, qu'on s'attendait à voir dépasser les 58 p. cent de 1999, descend à 52 p. cent.
Selon certains observateurs, l'ampleur de la victoire libérale est due à la médiocrité de la stratégie électorale des conservateurs, qui ont fait plusieurs gaffes dont ont beaucoup parlé les médias. D'autres qualifient le succès de monsieur McGuinty de « contre-révolution ». Cependant, comme le fait remarquer un éditorialiste, les électeurs ontariens « n'ont pas élu Che Guevara à la place d'Ernie Eves ». Ils ont élu un politicien modéré qui promet de réinstaurer le genre de « libéralisme conservateur » (permettant l'existence de programmes sociaux) que le Canada connaît depuis des décennies. Ils ont par ailleurs élu un premier ministre décidé à travailler avec Jean CHAREST, son homologue libéral au Québec, et les libéraux fédéraux d'Ottawa.
À la surprise générale, McGuinty annonce en octobre 2012 qu'il quitte la tête du parti mais choisit de continuer de siéger à l'assemblée, où il représente Ottawa-Sud. Son successeur sera choisi en janvier 2013. Kathleen Wynne lui succède le 11 février 2012.