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Médias, propriété des

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Conrad Black dirige 58 quotidiens canadiens, qui représentent 41 p. 100 des lecteurs de journaux du Canada (avec la permission de Maclean's).

Médias, propriété des

 Les sociétés occidentales recourent de plus en plus aux médias plutôt qu'aux relations interpersonnelles pour organiser et coordonner des activités, diffuser des connaissances et de l'information, de même qu'éduquer et divertir. Selon des études, dans les SOCIÉTÉS D'INFORMATION modernes, près de 50 % des activités de la main-d'œuvre ont pour objet une forme ou une autre de marketing.

Les règles, implicites et explicites, qui régissent la propriété des médias (déterminant qui peut ou non diffuser des messages, la nature des messages diffusés, les modalités de réception des messages et le choix des destinataires) sont d'une importance cruciale, tant sur le plan politique et social que culturel. Les personnes ou les groupes qui détiennent les droits, avec relativement peu d'entraves, de transmettre de l'information par l'entremise des médias peuvent influencer un large auditoire et ainsi avoir un impact considérable sur l'évolution de la société. À l'inverse, ceux qui n'ont pas accès aux médias sont réduits au silence et deviennent politiquement inefficaces.

Deux facteurs importants et intrinsèquement liés permettent de définir les conditions d'accès aux médias : le type de propriété, qui détermine l'orientation des médias dans tel ou tel domaine, et l'ensemble des droits inhérents au fait d'être propriétaire de médias, lesquels peuvent modifier, voire éliminer, les restrictions rattachées à la propriété. L'ensemble des droits et des obligations sont essentiellement d'ordre juridique, mais ils ne manquent pas d'être influencés par les traditions et par les règles d'éthique auxquelles adhèrent les propriétaires des médias. Les droits liés à la propriété des médias sont fondés sur quatre éléments essentiels : les caractéristiques du propriétaire, la concentration horizontale, la propriété mutuelle et l'intégration verticale.

Caractéristiques du propriétaire de médias

On peut distinguer les propriétaires de médias en fonction du secteur auquel ils appartiennent, public, privé ou coopératif, et il existe des différences à l'intérieur même de chacun de ces secteurs. Ainsi, le secteur public comprend trois ordres de gouvernement, chacun pouvant, en principe, s'approprier des médias. De plus, le degré d'indépendance des gestionnaires de ces médias, par rapport à leurs propriétaires, peut varier suivant les objectifs établis pour les médias en question.

De même, dans le secteur privé, bien des variantes sont possibles au niveau de la propriété des médias. Il peut s'agir d'entreprises familiales, de grandes entreprises cotées en bourse et gérées par des professionnels ou d'organisations religieuses, politiques ou sociales, poussées par des motivations qui vont bien au-delà du désir de faire des profits, etc. Ce qui est particulièrement inquiétant, du point de vue de l'intérêt public, c'est de voir des conglomérats s'approprier des médias, alors qu'une infime partie de leurs activités économiques relève de ce domaine. Cette appropriation peut les amener à manipuler ou à censurer l'information pouvant avoir des conséquences sur les activités diversifiées de l'entreprise mère. Les propriétaires de médias se distinguent également par la nationalité et par la langue. Les études portant sur les médias les répartissent souvent par classe sociale, de façon à pouvoir détecter les préjugés éventuels, propres au milieu social auquel ils appartiennent.

Concentration horizontale
La concentration fait référence au nombre et à la taille des débouchés des concurrents dans un marché ou auprès d'un auditoire donné, par exemple, les journaux. La concentration détermine le degré de monopole dont jouissent les propriétaires de médias et, partant, le pouvoir de ces derniers à définir les conditions d'accès au marché. La notion de « marché des idées » sous-entend que toutes les couches de la société doivent avoir accès de façon équitable aux médias.

Propriété mutuelle
Cela concerne la façon dont les propriétaires de médias contrôlent mutuellement différents genres médiatiques, comme la presse, le cinéma et les communications électroniques. Cela permet de déterminer si la concurrence entre ces médias peut en favoriser l'expansion ou la restreindre.

Intégration verticale
L'intégration verticale indique l'étendue du champ de compétence dans lequel les propriétaires de médias créent, sélectionnent ou déterminent le contenu des messages. Cela fait ressortir l'interrelation qui existe entre le fait d'être propriétaire de médias et l'ensemble variable des droits et des devoirs qui y sont associés. À titre d'exemple, historiquement, la loi interdit aux compagnies de téléphone d'altérer le contenu des messages transmis et la possibilité pour elles d'investir dans les industries qui sont la source du contenu est toute récente. De plus, les entreprises de téléphone sont tenues de fournir des services à leurs usagers sur une base « juste et raisonnable », sans « préférence indue » ni « discrimination injuste ». Des organismes de réglementation (principalement le CONSEIL DE LA RADIODIFFUSION ET DES TÉLÉCOMMUNICATIONS CANADIENNES) s'efforcent de garantir que ces conditions sont respectées. En décrétant que les compagnies de TÉLÉPHONE sont des entreprises de télécommunications, le gouvernement a restreint les droits des propriétaires de médias à l'égard du grand public, de façon à répartir le contrôle sur l'origine et la réception des messages, alors que ce contrôle était, pendant des années, considéré comme inhérent au monopole des médias.

Réglementation de la propriété

C'est le CRTC qui régit la propriété des médias au Canada, sauf pour les journaux et les médias de l'Internet. Les médias canadiens appartiennent à un petit nombre de sociétés, dont le portefeuille peut comprendre des entreprises de télévision, de câblodistribution ou radiophoniques, des journaux, des magazines ou des sites internet. Un petit nombre de diffuseurs communautaires desservent des régions géographiques données ou des communautés qui ont un intérêt particulier ou une culture propre. Ces dernières années, la propriété des médias a changé en raison du grand nombre de fusions et d'acquisitions des géants de l'industrie. Ces fusions ont entraîné une réduction importante du nombre de journaux indépendants : ils représentaient 17 % du tirage au début des années 1990 et ils en représentent moins de 1 % aujourd'hui.

Les critiques et préoccupations concernant les tendances de la propriété des médias au Canada ont déclenché un débat sur la capacité du CRTC et du Bureau de la concurrence à régir efficacement la concentration de la propriété (voir CONVERGENCE DES MÉDIAS).

En 2008, le CRTC a instauré de nouvelles politiques régissant la propriété des médias au Canada. Pour préserver la diversité éditoriale, de nouvelles règles limitant la propriété mutuelle ont été adoptées. Elles limitent à deux le nombre des médias suivants dont une société ou une personne physique peut détenir le contrôle dans le même marché : une station de radio locale, une station de télévision locale ou un journal local.

De plus, le CRTC a décidé d'imposer des limites à la propriété des licences de radiodiffusion pour garantir qu'aucune entreprise ne contrôle plus de 45 % de l'auditoire total de la télévision dans un marché donné.

Au cours de la dernière décennie, le paysage médiatique canadien a changé radicalement. De nombreuses sociétés ont diversifié leurs activités tandis que d'autres ont vendu des filiales moins rentables. Il en a résulté une série de fusions, de rachats, de fermetures et d'expansions.

Dans le domaine des médias canadiens, les grandes entreprises sont : Astral Media, Bell Media, Postmedia Network, Shaw Media, CBC/Radio-Canada, Corus Entertainment, Quebecor Media, Glacier Media Inc, Rogers Media, Transcontinental Media et Torstar Corp. (Voir aussi JOURNAUX; MAGAZINES; RADIODIFFUSION, RADIODIFFUSION ET TÉLÉDIFFUSION; ÉDITION; FILMS, DISTRIBUTION DE.)