Miriam Toews
Miriam Toews, écrivaine (1964, Steinbach, Manitoba). Miriam Toews grandit dans le village MENNONITE de STEINBACH, au Manitoba. Elle fournit une description détaillée de la vie dans cette communauté religieuse conservatrice et isolée et de son influence sur sa famille dans Swing Low: A Life. Toews quitte Steinbach dès qu'elle termine ses études secondaires; elle voyage et vit à Montréal, puis en Europe. Elle retourne dans sa province natale pour fréquenter l'Université du Manitoba, où elle décroche un baccalauréat en études cinématographiques. Elle obtient également un baccalauréat en journalisme à l'University King's College à Halifax. Toews produit des documentaires pour la radio et écrit pour de nombreux magazines; elle remporte la médaille d'or du National Magazine Award (1999) dans la catégorie Humour.
Le premier roman de Toews, The Summer of My Amazing Luck, est drôle et poignant à des moments inattendus. La protagoniste est une mère célibataire adolescente, vivant de l'aide sociale, qui s'installe dans un ensemble d'habitations à loyer modéré à Winnipeg pour échapper au traumatisme provoqué par le décès de sa mère. Dans son évocation des luttes quotidiennes menées par ses personnages pleins d'entrain - poussettes bon marché, amour perdu, petites joies -, Toews évoque, ridiculise et remet en question les stéréotypes fondés sur la classe. L'ouvrage remporte le Prix John-Hirsch de l'écrivain manitobain le plus prometteur (1996) et son adaptation par le dramaturge Chris Craddock reçoit un prix.
On retrouve une mère célibataire et des parents absents dans le deuxième roman de Toews, A Boy of Good Breeding , gagnant du McNally Robinson Book of the Year Award (1998). L'intrigue se déroule à Algren, au Manitoba, et suit le retour à la maison de Knute McCloud et de sa fille, Summer Feelin'. Algren est un endroit qui a plus que sa part d'habitants excentriques, mais l'auteur, avec ses satires tout en douceur, rend ses personnages ridicules et leurs petites manies, attachantes.
Miriam Toews remporte l'Alexander Kennedy Isbister Award (2000) dans la catégorie Ouvrage non romanesque et un deuxième McNally Robinson Book of the Year Award pour son essai biographique, Swing Low: A Life. La vie qu'elle décrit dans cet ouvrage est celle de son père, dont elle adopte le point de vue pour retracer sa lutte héroïque avec une maladie bipolaire, à une époque et dans un lieu où on manifeste peu de compréhension face à la maladie mentale.
Miriam Toews jette un regard plus morose sur la vie dans A Complicated Kindness (2004; trad. Drôle de tendresse), une œuvre qui tente de maintenir un équilibre précaire entre la comédie et la tragédie. L'histoire se déroule dans le petit village mennonite d'East Village - un Steinbach légèrement romancé - et est racontée par Nomi Nickel, âgée de 16 ans. Ébranlés par la perte de la sœur aînée de Nomi et de sa mère, la jeune fille et son père luttent pour comprendre leur passé et trouver leur chemin dans ce qui semble être un avenir sombre et limité. Nomi est brillante et pleine d'esprit, mais aussi épouvantablement vulnérable dans ses observations, d'une honnêteté brutale, d'elle-même, de sa famille et de son village. Toews décrit l'ouvrage comme « une critique, essentiellement, du fondamentalisme et de cette culture particulière du contrôle et de la punition ». Sélectionné pour le PRIX GILLER, le roman remporte le PRIX DU GOUVERNEUR GÉNÉRAL et, dans le cadre de la compétition Canada Reads (2006), obtient le titre de roman que tous les Canadiens devraient lire.
Dans son roman suivant, The Flying Troutmans (2008; trad. Les Troutman volants; gagnant du PRIX ROGERS WRITERS' TRUST FICTION), Toews renoue avec le thème de la crise familiale. La narratrice, Hattie, quitte Paris pour retourner au Manitoba afin d'aider Min, sa sœur suicidaire, et entreprendre un voyage par la route à travers les États-Unis avec les deux enfants de Min, à la recherche de leur père. Tout comme ses romans précédents, cet ouvrage montre des personnages stoïques face au désespoir et qui, pourtant, trouvent de l'humour dans les événements de la vie quotidienne. D'un bout à l'autre, l'auteure sait doser le ton ironique et le regard critique pour saisir tous les détails et les nuances émotionnelles.
Avec Irma Voth, sorti en 2011, Toews examine une fois de plus la vie chez les mennonites, cette fois dans une petite communauté dans le nord du Mexique. Irma, le personnage principal âgé de 19 ans, représente la transition : sa famille est partie des Prairies canadiennes pour s'installer au Mexique et Irma, bien que mennonite, a maintenant une relation plus distante avec sa famille, car elle a épousé un homme des environs sans l'accord de ses parents. Quand une équipe cinématographique arrive dans l'intention de tourner un film sur la communauté mennonite, Irma devient sa cuisinière et son interprète. Le regard porté sur le familier et la séparation, sur le passage d'un monde à l'autre et sur l'envie insatiable de savoir et d'expérimenter est intéressant et émouvant. Irma Voth est née des expériences de vie de Toews : elle a été invitée au Mexique par le réalisateur mexicain Carlos Reygadas pour jouer dans le drame Stellet Lijcht (2007;trad. Lumière silencieuse) dont l'histoire se situe dans une communauté mennonite du nord du Mexique. Toews a été mise en nomination dans la catégorie Meilleure actrice à la remise des prix Ariel de la Mexican Academy of Cinematographic Arts and Sciences pour sa prestation dans ce film.
Miriam Toews habite et écrit à Toronto.