Dennis Moore (Source primaire) | l'Encyclopédie Canadienne

Project Mémoire

Dennis Moore (Source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

Dennis Moore
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Un jeu d’hockey sur la rivière Imjin, la Corée, janvier 1952.
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Un jeu d’hockey sur la rivière Imjin, la Corée, janvier 1952.
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Dennis Moore lors de la rencontre de l’Association canadienne des vétérans de la Corée, The Last Hurrah, à Winnipeg (Manitoba), août 2011.
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De gauche à droite: le frère aîné de Dennis Moore, Scott, soldat inconnu, Dennis Moore. La Corée, 1951-1952.
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L’équipe d’athlétisme du 2e Bataillon du Princess Patricia’s Canadian Light Infantry après avoir remporté la victoire en 1951. Dennis Moore se trouve sur la rangée du fond au centre, suivi par les soldats Lachance et Mackenzie. Le lieutenant-colonel Jim Stone, le commandant du bataillon, se trouve à genou au fond à gauche.
Dennis Moore
Et on a croisé une espèce de petit bout de colline, on a regardé, et nom de nom, c’était la plus belle des patinoires là sur le Imjin, une patinoire en plein air. On aurait dit un miroir, du verre, ils l’avaient parfaitement arrangée.

Transcription

Je pense que cette nuit-là (après l’arrivée en Corée), il avait fallu qu’on s’arrête et c’est à ce moment que j’ai commencé à réaliser que j’étais à la guerre. Parce que je pouvais entendre de plus gros canons et ils faisaient beaucoup de bruit et ils étaient tout proches. Et c’était les nôtres. Et c’était, donc je ne me suis pas retrouvé directement dans une bataille mais c’était assez long pour me permettre d’être effrayé et de réfléchir, sur le champ. Je me souviens, j’ai dit : « hé, les groupes et tous ces trucs c’est fini, c’est du sérieux maintenant. »

Les régiments, oh, c’était une bonne chose. J’avais des dispositions du point de vue athlétique, je n’étais pas un pro. Et c’était un truc d’athlétisme, d’été. Et c’était régiment contre régiment contre des unités, tous des canadiens, de la brigade. Et il y avait de la course et il fallait transporter des sacs de sable par dessus des tonneaux, j’ai oublié les détails. C’était plus du sport ou de l’athlétisme qui avait un rapport avec l’armée et je vais revenir là-dessus.

Et c’était très proche, il y avait de la course, du saut et tous ces trucs. Et ça se rapprochait, vous savez, et on ne savait pas ce qui était en jeu. Mais en tout cas, c’était pour un trophée Major Gosselin.^ Je ne le connais pas mais il s’est fait tuer au combat et ce trophée était en son honneur. Et nous* on l’a gagné. Mais avant que je dise qu’on a gagné, une des épreuves c’était de prendre une grenade, et imaginez un filet de volley. Mais pas une grenade active, pas amorcée. Et vous lanciez cette grenade de l’autre côté, vous en aviez cinq, vous la lanciez au dessus du filet sur une cible, elle était sur le sol. Juste la cible, vous savez, intérieur ou extérieur, qui se relève. Et pour une raison ou pour une autre, et je ne suis pas super grand, comme une balle molle ou à ce moment-là une grenade, pour quelqu’un de ma taille, je pouvais lancer plus loin que n’importe qui. Et ce n’est pas de la vantardise, c’est juste un fait. Et je ne sais pas pourquoi ni comment.

Mais quoi qu’il en soit, on nous apprenait et je ne peux pas expliquer ça à moins d’avoir une caméra, à lancer une grenade par dessus votre tête avec ce mouvement, bon. Mais je n’ai pas fait ça comme ça, je ne sais pas pourquoi, mais j’ai pris la grenade et imaginez, je l’ai lancée comme si c’était un ballon de foot. Mais ce n’est pas comme ça qu’on nous avait appris à faire. Et encore une fois, ça ressemble à de la vantardise, mais ce n’est pas de la vantardise, quand j’ai fait ça comme ça, je pouvais arriver très près, or, je ne pouvais pas la lancer vraiment loin mais la distance importait peu. Mais je pouvais la lancer par dessus ce filet et je pense que je les ai toutes mises en plein dans le mille. Je ne pensais pas avoir réussi, mais si. Et ça nous a fait gagner l’épreuve.

Je dirais que c’était le mois de novembre 1951, Brooke Claxton, qui était ministre de la Défense, au Canada, est venu nous rendre visite. Je ne l’ai pas vu, j’étais dans les collines. Et il avait promis à quelqu’un, vous savez, en parlant aux soldats, qu’il avait faire envoyer des équipements de hockey. Or, quelqu’un veut lui demander ça. Et il allait envoyer du matériel de hockey et il l’a fait, c’est arrivé, pendant le mois de décembre. Et quand j’ai entendu parler de ça en novembre, vous savez, le bouche à oreille ça s’est répandu comme une traînée de poudre, et j’ai dit : « C’est complètement ridicule. » J’étais dans les collines dans nos positions et le camion du courrier est venu. On était en au décembre à ce moment-là, décembre 1951. Et un gars du nom de Jack Trainer, il était un caporal, il apportait le courrier. Il a apporté le courrier et il a dit : « Moore », il me connaissait d’Ottawa ou il savait que je jouais au hockey, parce qu’il n’y a eu aucune épreuve de sélection, rien, ils ont juste, quiconque jouait au hockey et il y avait quelqu’un qui s’y connaissait dans chaque unité. Et il savait que j’avais fait du hockey et il a dit : « Tu vas jouer pour les Patricias et tu as été sélectionné et je ne le croyais toujours pas, vous savez, j’ai dit : « Mais où est-ce qu’on va jouer ? »

Entre temps ce qui c’est passé, le matériel était arrivé et les gars du génie canadien ont construit une patinoire dont j’ai des photos, je ne savais pas que c’était en cours, et ils ont construit, je suis en avance dans l’histoire, ils ont construit une patinoire sur le fleuve Imjin et je vois des photos là-bas, j’en ai de meilleures. Et ils ont construit la patinoire. Donc, je pense qu’en janvier, les choses ne se passaient pas trop mal en ce qui concerne la guerre, on est venu me chercher en jeep, je crois que c’était la jeep du commandant de ma compagnie, son chauffeur m’a emmené à la patinoire. Et on a parcouru, je ne sais pas, dans les vingt kilomètres par derrière ou le long du fleuve Imjin, quelque part. Et on a croisé une espèce de petit bout de colline, on a regardé, et nom de nom, c’était la plus belle des patinoires là sur le Imjin, une patinoire en plein air. On aurait dit un miroir, du verre, ils l’avaient parfaitement arrangée. Et il y avait des filets, ils avaient fait les filets et il y avait deux ou trois tentes marquises, d’immenses tentes, qui faisaient office de vestiaires, et c’était chauffé, ce qui était agréable. Et l’autre équipe ainsi que l’autre partie de l’équipe du PPCLI qui arrivait d’autres compagnies, on était tous éparpillés évidemment. Et on a joué contre l’état-major de la brigade.**

Quand on est partis, on entendait les camions arriver et on se sentait tellement bien dans ces vestiaires parce qu’il y faisait chaud, vous savez, et on est sortis avec nos patins aux pieds et on a descendu la pente d’une petite colline et quand j’ai quitté la tente et mon Dieu, il y avait je dirais, j’exagère peut-être un peu, non je ne crois pas, je dirais qu’il y avait dans les 500 à 600 spectateurs, des canadiens, australiens, anglais, différents pays, des américains.  (La match de hockey) ça l’emporte sur toutes les foutaises. C’était une telle libération, et pas seulement pour les joueurs.

^Major Joseph P.L. Gosselin, Le Royal 22e Régiment, tué en Corée, le 9 juillet 1951

*L’équipe du 2e bataillon, Princess Patricia’s Canadian Light Infantry

**La 25e brigade d’infanterie canadienne