Project Mémoire

Ramsey Muir Withers (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Le général (retraité) Ramsey Withers est diplômé du Royal Roads Military College et du Collège militaire royal du Canada. Lieutenant du Corps royal canadien des transmissions (RCCS), il s'est rendu en Corée en tant qu'officier des transmissions de remplacement au sein du 1er Bataillon du Royal 22e Régiment. Lorsque le bataillon quitte le théâtre des opérations, Withers est affecté à l'école de combat de la 1re Division du Commonwealth au Japon, où il forme les nouveaux soldats en vue du combat sur le terrain en Corée. Après la guerre de Corée, Withers a mené une longue carrière dans les Forces armées, notamment en tant que chef d'état-major de la défense (1980-1983).

Prenez note que les sources primaires du Projet Memoire abordent des temoignages personnels qui refletent les interpretations de l'orateur. Les temoignages ne refletent pas necessairement les opinions du Projet Memoire ou de Historica Canada.

Ramsey M. Withers
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Transcription

Nous nous sommes tous portés volontaires, bien sûr, mais nous savions que nous étions destinés à la Corée. Ils nous ont dit en avril au Collège (militaire royal) que ceux qui iraient dans l'armée régulière iraient en Corée. C'est tout. Tous ceux d'entre nous qui étaient dans l'armée régulière ont donc obtenu leur diplôme et sont partis immédiatement pour la Corée.

En août 1952, la (25e) brigade (d’infanterie) canadienne retournait sur la ligne. Et les ordres avaient été donnés, je pense par le commandant du corps, le commandant du corps américain, que nous, les Canadiens, devions en quelque sorte imiter la 3e division (d’infanterie) américaine. L'idée était que le commandant de corps voulait que les Chinois pensent qu'il avait trop dispersé la 3e division pour éventuellement les inciter à faire une attaque de reconnaissance et à faire des prisonniers. On nous a donc fourni des casques américains et nous avons changé les panneaux d'attaque et les véhicules qui allaient être mis de l’avant, etc., ce grand plan de tromperie. Et sur les ondes, nous devions utiliser la procédure vocale américaine, qui était très différente de la procédure du Commonwealth. La procédure du Commonwealth, sans entrer dans les détails techniques, consistait en un système d'appel unique très sécurisé, avec un seul indicatif d'appel. Le système américain était différent. On nomme la station que l'on appelle, puis on dit qui l'on est. Par exemple, « Bonjour, Pine Pine, ici Quick Quick. » C'était différent du nôtre. Nous étions censés faire cela, et j'ai dit: « Cela ne va pas très bien marcher pour nous, n'est-ce pas? Parce que nous parlons français. » Nous allions donc dire « Allo, Pine Pine, voici Quick Quick. Qu'est-ce qui ce passe avant de votre position, over? »* À moins d'être un bataillon de la Louisiane aux États-Unis, vous n'êtes pas très américain, n'est-ce pas? » Mais ils ont insisté pour que nous le fassions et il n’a fallu que 24 heures avant que les Chinois ne placent de petits panneaux en face de nous: « Van Doos** welcome back ».

Le peloton des transmissions fournissait les transmetteurs au quartier général de la compagnie, généralement deux ou trois pour maintenir les communications. Chaque peloton avait son propre opérateur qui était normalement aussi l'homme de main du commandant de peloton. C'est donc lui qui transportait le poste sans fil. Parfois, lors des patrouilles, le commandant de peloton lui-même portait la radio dorsale pour s'assurer qu'il avait un contrôle immédiat pour demander des tirs. Et puis bien sûr, lorsque nous en avions un qui partait comme ça, nous avions des postes de base de secours qui étaient peut-être déployés dans une autre compagnie, ou autre, de sorte qu'il y avait toujours une solution de secours. Mais il s'agissait toujours de radio. On ne transportait pas de ligne lors de ces patrouilles.

La ligne était extrêmement importante. Je ne vais pas la sous-estimer. En fait, notre principal système de communication était la ligne, le téléphone, pour réagir rapidement. En d'autres termes, pour demander des tirs de soutien. Chaque avant-poste était relié par ligne à sa compagnie, puis au bataillon. Nous faisions ce que nous appelions l'échelonnement. En d'autres termes, on ne se contentait pas d'une seule ligne allant d'une compagnie au bataillon, on procédait par échelle. On mettait en place une autre ligne, puis on la faisait passer par la compagnie voisine, puis on la ramenait, ce qui permettait d'avoir toujours un peu de flexibilité et de redondance.

Ce n'était pas très amusant pour nous de maintenir la ligne, parce qu'à cause des bombardements, des tirs de mortier et des patrouilles chinoises qui coupaient les choses, c’était toujours à recommencer. Et bien sûr, le seul moment où l'on pouvait travailler dans cette position, c'était la nuit. Sinon, nous étions surveillés par les positions chinoises sur les quatre collines, y compris la colline 227, que nous appelions, nous appelions les quatre collines des noms des apôtres, Matthieu, Marc, Luc et Jean: et ils pouvaient nous regarder d'en haut. Et donc si vous étiez là en plein jour, l'équipe de ligne, vous vous faisiez attaquer au mortier. Il fallait faire tout le travail de nuit. Et la nuit, c'était également dangereux à cause des éventuelles patrouilles chinoises. C'était donc une tâche difficile. Il y avait ce terrain entre la colline 159, qui était notre compagnie avancée de gauche, et le bataillon, où se trouvait cette ligne, qui était bombardé pratiquement tous les jours. Nous étions constamment en train de le réparer jusqu'à ce que notre officier pionnier Hal Merrithew ait une idée brillante. Il a dit: « Et si nous prenions les douilles des bombes de mortier qui arrivent, elles sont rétrécies en haut, et si je faisais sauter le bas avec des explosifs pour que deux d'entre elles puissent s'emboîter. On en prendrait un paquet, on les enterrerait et on ferait passer la ligne par là. » Et c'est ce que nous avons fait. La ligne n'a plus jamais été coupée. C'était une bonne chose. C'était en 1952.

Je voudrais maintenant que vous vous projetiez en 1962, où je suis désormais le major de brigade du 2e Groupe-brigade mécanisé du Canada en Allemagne et j'assiste à une conférence de division. Je rencontre un officier d'état-major britannique du nom de John Ballington. On peut voir à ses rubans qu'il a servi en Corée. Je lui ai demandé où il était, etc. Lorsque le cessez-le-feu a été décrété, il se trouvait sur la colline 159. On leur a donné, j’ai oublié si c'était 42 ou 72 heures, pour retirer tous les objets de guerre de ce qui allait devenir la zone démilitarisée, et la colline 159 se trouvait dans cette zone, bien sûr. Ce travail était supervisé par ces commissaires internationaux***, ou quel que soit leur nom, qui décidaient si quelque chose devait être enlevé ou non. Il y avait ma petite ligne incrustée d'acier et ils ont dit: « Il faut l’enlever. » Et John Ballington a dit: « Nous avons dû travailler presque une journée entière pour enlever cette chose maudite! J'aimerais trouver celui qui l'a mise là! »

Art Herman était commandant de peloton dans le bataillon. J'avais fait partie de son peloton sur la colline 210. Et c'est l'autre chose que j'avais l'habitude de faire: faire le tour des compagnies et inspecter leur équipement pour m'assurer qu'il fonctionnait correctement. J'avais une routine pour la visite des compagnies et ce jour-là j'ai visité la sienne et j'ai constaté que tout allait bien dans son peloton. Il m'a dit: « Je vais vous accompagner au quartier général de la compagnie. » J'y suis allé et nous sommes arrivés au quartier général de la compagnie. Je montais dans mon Jeep pour redescendre au quartier général du bataillon quand les Chinois ont commencé à nous bombarder. Art a dit: « Mon Dieu. Il y a trois de mes gars, ils sont tous blottis les uns contre les autres. » Et c'était un Y dans la tranchée. Le peloton d'Art était le dernier peloton avancé. Une branche menait à la tête et l'autre au peloton avancé de droite, et il a dit: « Je vais descendre et les disperser. À plus tard. » Et il est parti, et je suis parti et je suis descendu, littéralement, le quartier général du bataillon n'était qu'à environ 400 mètres, et je suis descendu et je suis entré dans le poste de commandement pour faire mon rapport, et les gens me regardaient avec des visages de pierre et me disaient: « Votre ami est mort ». Un obusier de 122 mm est arrivé et a fauché Art et les trois autres hommes (le 19 août 1952).

*“Hello, Pine Pine, this is Quick Quick. What is happening in front of your position, over?”

**Surnom du Royal 22e Régiment

***Commission militaire d'armistice