La construction du Musée canadien pour les droits de la personne a débuté en 2009 à Winnipeg, au Manitoba. Après certains contretemps qui empêchent d’ouvrir en 2013, les cérémonies d’ouverture ont lieu le 19 septembre 2014, mais plusieurs galeries restent encore fermées.
La construction du Musée canadien pour les droits de la personne a débuté en 2009 à Winnipeg, au Manitoba. Après certains contretemps qui empêchent d’ouvrir en 2013, les cérémonies d’ouverture ont lieu le 19 septembre 2014, mais plusieurs galeries restent encore fermées. Ce musée unique en son genre a été conçu afin d’explorer la question universelle des droits de la personne, en portant une attention particulière aux droits de la personne dans un contexte canadien. Son objectif est « d’accroître la compréhension du public [à l’égard des droits de la personne], de promouvoir le respect des autres et d’encourager la réflexion et le dialogue ».
Histoire
Le musée est l’idée du magnat des médias Israel (Izzy) Asper, qui créé une fondation en 2003 pour faire de son rêve une réalité, et le projet est ensuite mené à bien grâce aux efforts de la famille Asper et de plusieurs autres individus engagés. L’idée d’un établissement visant la promotion de la sensibilisation aux droits de la personne par le biais d’initiatives d’enseignement innovatrices constitue le concept central du musée. Parmi ces initiatives, la création d’un programme national de voyage scolaire qui amènera chaque année plus de 20 000 étudiants au musée est particulièrement remarquable.
L’emplacement du musée n’a pas été choisi au hasard. En effet, Winnipeg a été le site de plusieurs événements historiques majeurs (par exemple la grève générale de Winnipeg en 1919) qui ont influencé l’évolution du mouvement des droits civiques au Canada, particulièrement en ce qui concerne la lutte pour les droits des peuples autochtones, des femmes, des francophones et des travailleurs. De plus, le grand nombre de francophones, de membres des Premières Nations, de Métis et d’immigrants qui y vivent font de Winnipeg l’une des villes les plus diversifiées au Canada.
Galeries
Le Musée canadien pour les droits de la personne abrite 11 galeries portant sur plusieurs questions touchant aux droits de la personne : (1) Que sont les droits de la personne, (2) Perspectives autochtones, (3) Les parcours canadiens, (4) La protection des droits au Canada, (5) Examiner l’Holocauste, (6) Les tournants de l’humanité, (7) Briser le silence, (8) Chaque geste compte, (9) Les droits aujourd’hui, (10) Inspirer le changement et (11) Expressions.
La galerie Perspectives autochtones accueille une série d’œuvres portant sur l’histoire traumatisante des peuples autochtones. Dans cette série se trouve Trace, une sculpture de céramique en forme de couverture haute de plusieurs étages exécutée sur commande par l’artiste ojibwéeRebecca Belmore en 2014. Les parcours canadiens présente des expositions portant sur les pensionnats, la relocation forcée des Inuits, l’ internement des Canadiens d’origine japonaise pendant la Deuxième Guerre mondiale, la taxe d’entrée imposée aux immigrants chinois, le Chemin de fer clandestin, le Komagata Maru, et la grève générale de Winnipeg. Examiner l’Holocauste n’examine pas seulement l’Holocauste, mais aussi d’autres génocides tels l’Holodomor (la terrible famine ukrainienne de 1932 et 1933), les génocides arménien et rwandais, et le nettoyage ethnique en Bosnie.
Polémiques
Le musée est sujet à la polémique pour deux raisons. D’abord, entre 2008 et 2012, les archéologues Sid Kroker et David McLeod, travaillant respectivement pour Quaternary Consultants et Stantec Consulting, fouillent le site du futur chantier et trouvent près de 400 000 artefacts autochtones, dont certains remontent à 1100 de notre ère. Il a été suggéré que cela fait du site la plus grande source d’artefacts autochtones au Manitoba, et donc un emplacement inadéquat pour le Musée canadien des droits de la personne. De plus, quelques-uns ont sous-entendu que le bâtiment est bâti sur un ancien cimetière autochtone. Cependant, plus de 50 fouilles distinctes ont été menées sur le site depuis les années 1950, et malgré la découverte d’une multitude d’artefacts, aucune dépouille n’a été trouvée.
La deuxième source de polémique en ce moment est le contenu du musée et les galeries spécialement consacrées à l’Holocauste et à la persécution des peuples autochtones au Canada. Depuis 2010, Canadians for Genocide Education, le Ukrainian Canadian Congress, le German-Canadian Congress, et la Ukrainian Canadian Civil Liberties Association (UCCLA) et d’autres groupes semblables protestent qu’il est de mauvais goût de donner à deux cas de violation flagrante des droits de la personne un statut particulier par rapport à d’autres, par exemple la grande famine ukrainienne de 1932 ou l’internement d’Ukrainiens et d’autres Européens dans des camps à travers le Canada entre 1914 et 1920.
En octobre 2014, on annonce que le contrat du premier directeur du musée, Stuart Murray, ne serait pas renouvelé. Selon certaines sources, la ministre fédérale du patrimoine, Shelly Glover, aurait fait pression sur le musée pour qu’il présente un portrait plus reluisant du Canada en matière de droits de la personne. Cela expliquerait en partie le retard dans l’ouverture de certaines expositions, dont celle portant sur les femmes et filles autochtones disparues et assassinées au Canada.
Un musée national
Conçu par l’architecte américain Antoine Predock, le Musée canadien des droits de la personne est le cinquième musée national du Canada et le premier à être créé depuis 1967. De plus, il s’agit du premier musée national dans l’histoire du pays à être construit en dehors de la région de la capitale nationale. Une étape importante dans le développement du MCDP fut la création des Amis du Musée canadien pour les droits de la personne (les Amis). Fondé en 2002, ce partenariat coopératif entre les secteurs public et privé est un organisme de bienfaisance enregistré qui a joué un rôle prépondérant dans la création du nouveau musée et dans la gestion de la campagne de capitalisation visant à récolter des fonds dans le secteur privé.
Le Musée canadien des droits de la personne fait partie du portefeuille du Patrimoine canadien et rend compte au Parlement par l'intermédiaire du ministre du Patrimoine canadien.