La présence anglaise au Canada remonte au voyage de Jean Cabot, effectué en 1497 sous la bannière d'Henri VII. Peu après, la région qui allait devenir Saint-Jean, T.-N., fut utilisée comme escale par les pêcheurs anglais. D'autres établissements furent ensuite fondés à Saint-Jean, N.-B. (1631), et Halifax, N.-É. (1749). Québec fut sous contrôle britannique de 1629 à 1632. Par le traité de Paris (1763), les établissements français devinrent partie intégrante de l'Empire britannique, d'abord comme colonies puis, après la Confédération, comme membre indépendant du Commonwealth, soumis cependant au monarque britannique et agissant comme pays allié en temps de paix et de guerre.
Avant l'arrivée au Canada au XIXe siècle de forts contingents d'immigrants de diverses origines, la musique dans les colonies était celle des Britanniques et des Français : leur musique sacrée, leurs chansons et danses folkloriques, leurs goûts et leurs préjugés, leurs idées et méthodes d'enseignement de la musique, ainsi que leurs écrits sur la musique. Même la prédominance de chefs de musique allemands au Canada au début du XIXe siècle reflétait la situation de la musique en Angleterre, dans la mesure où ces Allemands, déjà en nombre imposant en Angleterre, étaient venus ensuite au Canada. L'immigration intensive de musiciens anglais commença au début du XIXe siècle et se poursuivit sans interruption mais à un rythme irrégulier. L'étude des relations musicales complexes entre le Canada et l'Angleterre ne peut être ici envisagée, et le présent article se limitera aux principales influences et traditions.
Musiciens d'église et éducateurs
Parmi les premiers musiciens anglais à venir au Canada figurent un certain monsieur Evans, peut-être un Gallois si l'on se fie à son nom, qui installa l'orgue à l'église anglicane Saint Paul's de Halifax en 1765, et Viere Warner qui devint l'organiste de cette église en 1768 (voir Musique religieuse anglicane). Le premier musicien anglais d'une certaine importance dont on sait qu'il choisit de vivre au Canada fut John Bentley, qui arriva en 1786, fit un bref séjour à Montréal puis se fixa à Québec où il fut actif comme musicien d'église, compositeur et comédien. Les autres, présumés Anglais de naissance et ayant vécu à Montréal, furent A. Stevenson, auteur de The Vocal Preceptor (Montréal 1811), et S. Brewer, organiste temporaire à l'église Notre-Dame en 1814. En 1816, Stephen Codman fut nommé organiste à la cathédrale anglicane Holy Trinity à Québec.
Au cours du XIXe siècle et assez tard au XXe, un poste à l'église constituait le principal point d'appui de la profession musicale. Au Canada anglais, les églises anglicane, presbytérienne, méthodiste et baptiste, ainsi que l'Armée du salut, conservèrent les traditions musicales, chorales en particulier, telles qu'établies dans la mère-patrie, et employaient volontiers des musiciens britanniques formés dans ces traditions (voir aussi Musique religieuse protestante, Orgue - Pratique et enseignement). Ces musiciens furent souvent des pionniers et des plus intrépides, ceci dans beaucoup de domaines. Ils ne s'arrêtaient pas à leurs fonctions à l'église : faire répéter les choeurs et accompagner les offices du culte ou, dans le cas de musiciens de l'Armée du salut, former des instrumentistes et faire circuler les harmonies dans les localités. Ils se chargèrent aussi pour la plupart d'une ou de plusieurs autres fonctions utiles : composer de la musique, fonder d'imposantes sociétés chorales et instrumentales et les diriger dans la présentation d'oratorios et de cantates, enseigner le chant, les instruments à clavier et les matières théoriques en privé, dans les conservatoires ou dans les écoles et universités, fonder des écoles de chant choral, donner des récitals, participer à des jurys et faire passer des examens, écrire des comptes rendus et essais pour les journaux et périodiques, tout cela à un certain niveau de compétence. Plusieurs d'entre eux avaient reçu une rigoureuse et solide formation dans l'une des Royal Schools (Écoles royales), à la Guildhall School ou dans une université de renom, et les méthodes britanniques qu'ils connaissaient furent aussi adoptées par les établissements en voie de développement au Canada. Le RCMT et le WBM ont repris le système d'examens anglais, mettant l'accent sur le classement et les diplômes. Deux institutions anglaises, L'Associated Board of the Royal Schools of Music et le Trinity College (Londres), envoyèrent chaque année pendant une longue période des examinateurs au Canada pour y décerner des diplômes aux Canadiens. Élaboré en Angleterre par Curwen, le système très répandu de lecture à vue pour le chant dit « tonic sol-fa » fut introduit au Canada dans les années 1880 par Alexander Cringan (un Écossais formé à Londres), et devint aussi commun dans les écoles que le moineau dans le paysage anglais. Un autre aspect, peut-être moins heureux, de la prédominance anglaise dans l'éducation musicale furent les cours de théorie dans le style du XIXe siècle anglais, qui mettaient l'accent sur l'harmonie et le contrepoint selon des règles livresques, mais négligeaient l'interprétation comme telle, la composition contemporaine et l'érudition historique. Ces cours persistèrent dans certains studios, écoles et universités du Canada jusqu'au milieu du XXe siècle, alors qu'ils avaient été depuis longtemps remplacés en Angleterre.
La contribution des musiciens anglais à la pratique et au développement de la musique au Canada selon les traditions religieuse, chorale et vocale a néanmoins été considérable, comme en témoignent ces noms qui se rattachent aux XIXe et XXe siècles : Robert S. Ambrose, W. H. Anderson, Dalton Baker, Hugh Bancroft, Vernon Barford, John Bearder, Edgar Birch, Edward Arthur Bishop, Edward Broome, C. Allanson Brown, Giles Bryant, les frères Carter, Frederick Chubb, Douglas Clarke, John Cook (Maldon, Essex, 1918 - 1984; formé au RCM, il s'établit à London, Ont., en 1954, puis à Boston en 1962), Melville Cook, Richard Westall Cooke, Hubert Eisdell (un ténor réputé qui s'établit au Canada en 1930, enseigna au TCM de 1933 à 1936 et au Lakefield College de 1936 à 1948), Maitland Farmer, Charles Findlater, H.A. Fricker, Frederick Geoghegan, Ronald Gibson, John Goss, Albert Ham, C.L.M. Harris, J.W.F. Harrison, Charles A.E. Harriss, Elliott Haslam, Derek Healy, Alfred Heather, Godfrey Hewitt, W.H.Hewlett, Derek Holman, Filmer Hubble, Percival Illsley, les frères Kent, Harold Eustace Key, Brian Law, Frederic Lord, Leonard Mayoh, Bernard Naylor, Lucien Needham, Charles Peaker, Harold Ramsay, Horace Reyner, Eric Rollinson, Hugh Ross, Herbert Sanders, John Sidgwick, Frederick Silvester, F.H. Torrington, Robert Watkin-Mills, John Weatherseed, C.E. Wheeler, Alfred Whitehead, Healey Willan, Leonard Wilson et Eric Woodward.
D'autres personnalités anglaises de la même époque ayant porté une attention particulière à l'enseignement et à l'éducation dans un sens plus large ont pour nom J.E.P. Aldous, J. Humfrey Anger, John Churchill (voir Université Carleton), Arthur Collingwood, Edwin Collins, Gwendda Owen Davies, Harry Dean, Peter Fletcher, Leonard Heaton, F.J. Horwood, Andrew Hugues, Leonard Isaacs, George Lambert, Leonard Leacock, Frederick Newnham, H.C. Perrin, Philip et Joseph Shadwick, Leo Smith, Alan Walker, John Waterhouse, Albert Whitehead, Gladys Whitehead, Norman Wilks et David Zafer. Les manuels de théorie musicale écrits par les Canadiens anglais J. Humfrey Anger et Albert Ham, et par les Anglais Charles Herbert Kitson, Stewart Macpherson et Ebenezer Prout furent utilisés par des générations de professeurs et d'étudiants canadiens, tout comme le furent par la suite ceux de R.O. Morris sur l'harmonie et le contrepoint et de Gordon Jacob sur la technique de l'orchestration.
Chefs d'orchestre, instrumentistes
Les chefs d'orchestre et instrumentistes anglais professionnels - par opposition aux organistes-maîtres de chapelle aux talents variés qui se tournèrent vers ces disciplines par opportunisme, nécessité ou simplement à la faveur d'une occasion - ont été moins nombreux et plus lents à arriver au Canada en raison du développement tardif des orchestres et de l'étude instrumentale par rapport à celle du chant. Cependant, leur apport a été varié et important, spécialement au cours des 35 ans qui suivirent la Deuxième Guerre mondiale. Donald Heins fit connaître les symphonies de Mozart et de Beethoven à Ottawa au cours des années 1903-27, et Douglas Clarke se distingua avec le Montreal Orchestra après la Première Guerre mondiale, mais c'est au cours de la période suivante qu'eurent lieu les événements significatifs. Geoffrey Waddington fut nommé au poste de dir. mus. de la SRC, et Boyd Neel arriva pour prendre la direction du RCMT et allait fonder l'Orchestre Hart House. Plus tard, Meredith Davies arriva pour diriger l'Orchestre symphonique de Vancouver, Brian Priestman puis Lawrence Leonard pour l'Orchestre symphonique d'Edmonton, Maurice Handford pour l'Orchestre philharmonique de Calgary, Leonard Atherton pour l'OS de Saint Catharines (Orchestre symphonique du Niagara), Andrew Davis pour prendre en main la direction du TS, Bramwell Tovey pour devenir dir. artistique de l'Orchestre symphonique de Winnipeg et Trevor Pinnock, dir. mus. de l'OCNA. Le remarquable organiste de concert Quentin Maclean se fixa au Canada en 1939. Le violoncelliste Maurice Miles (Erith, Kent, 1883 - 1958) étudia à la RAM avant de venir s'établir à Winnipeg en 1905, puis à Vancouver en 1923. Au cours des années embrassant les deux guerres mondiales, Leo Smith fut l'un des principaux violoncellistes de Toronto, et Rex Battle oeuvra comme pianiste et chef d'orchestre. Clifford Poole, un autre pianiste-chef d'orchestre, poursuivait toujours sa carrière en 1990. David Gray, qui avait été cor solo de l'OS de Londres, se fixa au Canada vers 1970, étudia la direction d'orchestre et dirigea l'OS International de Sarnia et Port Huron puis l'OS de Terre-Neuve. Dans le domaine instrumental, Reginald Godden a laissé sa marque personnelle comme pianiste, ardent défenseur de la musique contemporaine et spécialiste de Bach, George Brough comme l'un des meilleurs répétiteurs-accompagnateurs, George Zukerman comme bassoniste et impresario de premier plan, Liona Boyd comme guitariste de concert, Christopher Weait comme basson solo adj. du TS, Simon Streatfeild comme altiste et chef d'orchestre et Cardo Smalley comme violon solo de l'Orchestre (de chambre) de la SRC à Vancouver. C'est un autre Anglais, John Eliot Gardiner, qui fut chef d'orchestre de ce dernier ensemble de 1980 à 1983.
Édition, critique, jurys
Les Anglais sont demeurés présents dans tous les domaines de la vie musicale canadienne au moyen de l'édition musicale (succursales d'Oxford, Chappell (Warner-Chappell), Boosey & Hawkes et plusieurs agences; voir aussi Anglo-Canadian Music Co., Ashdown, AB of the RSM), d'ouvrages de référence qui font autorité (Grove's Dictionary et des oeuvres de grande valeur de Colles, Scholes, Tovey, etc.) et de périodiques (notamment The Gramophone, Music and Letters, The Musical Times). En 1967, le gouvernement britannique fit à la Bibliothèque nationale du Canada un don généreux incluant de nombreuses publications musicales anglaises. Des critiques musicaux et essayistes nés en Angleterre ont fait carrière au Canada, parmi lesquels Alexander Alldrick, Thomas Archer, H. Poynter Bell, Augustus Bridle, Lawrence Cluderay, Graham George, Ronald Gibson, John Norris, Edwin Parkhurst, Robert Sunter et Max Wyman. Pour la radiodiffusion, la BBC a servi de modèle à la SRC, aussi bien dans la programmation que dans la présentation. Elle fournissait aussi, et encore en 1990, des transcriptions de plusieurs de ses émissions.
à une certaine époque, les musiciens anglais exercèrent un monopole quasi total au sein des jurys des festivals-concours canadiens. On se souvient en particulier de sir Thomas Armstrong, Edgar Bainton, sir Edward Bairstow, sir Granville Bantock, Ronald Biggs, Thomas Dunhill, sir William Glock, Harry Plunkett Greene, Percy Hull, Leonard Isaacs, Maurice Jacobson, Alec Redshaw, Harold Samuel, Gordon Slater, Frederic Staton et Jan van der Gucht. Après la Deuxième Guerre mondiale, la diminution progressive de la dépendance vis-à-vis des traditions britanniques d'interprétation créa un certain conflit entre ceux qui demeurèrent fidèles et ceux qui préférèrent les concepts des États-Unis ou de l'Europe continentale. Mais les archétypes anglais ressuscitèrent de leurs cendres comme des phénix et, la vie musicale canadienne s'étant affirmée et développée, plusieurs possibilités de contact entre l'ancienne culture et la nouvelle s'offrirent de nouveau.
« Ballad opera », opérette
Les oeuvres lyriques présentées à Halifax, Québec et Montréal à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe furent principalement des « ballad operas » anglais de Dibdin, Linley, Shield et leurs contemporains. Un siècle plus tard, on pouvait entendre les opérettes de Gilbert et Sullivan d'une extrémité à l'autre du Canada. Le succès de H.M.S. Pinafore fut si foudroyant qu'à peine sortie des mains de ses auteurs, l'oeuvre faisait déjà l'objet d'une populaire parodie à saveur politique, H.M.S. Parliament, et divertissait les auditoires canadiens grâce à la musique de Sullivan et au texte de William H. Fuller. Gilbert et Sullivan suscitent encore une sorte de culte et leurs opérettes sont régulièrement présentées par des groupes d'amateurs aussi bien que de professionnels. Durant la première partie du XXe siècle, les opérettes d'Edward German et Sidney Jones furent interprétées par l'Eaton Operatic Society, les Savoyards et autres. Les « ballad operas » du XXe siècle de Healey Willan, Anglais expatrié au Canada, furent présentées aux festivals du CP à Québec et à Banff.
Chant folklorique
Une grande partie des chansons folkloriques du Canada sont d'origine anglaise (voir Musique Folklorique canadienne-anglaise) et les authentiques chansons folkloriques anglaises (à ne pas confondre avec les variantes et versions canadiennes-anglaises) ont été enseignées dans les écoles de par leur appartenance au patrimoine anglais et aussi utilisées dans des méthodes de lecture à vue, notamment les adaptations en langue anglaise des principes de Kodály. Dans la recherche sur sa propre musique folklorique, le Canada doit beaucoup au mouvement qui naquit en Angleterre au tournant du siècle. Marius Barbeau étudia l'ethnologie à l'Université d'Oxford, et les travaux des collecteurs anglais Ralph Vaughan Williams et Cecil Sharp furent un stimulant pour Helen Creighton, Edith Fowke et d'autres. L'Anglaise Maud Karpeles vint aux États-Unis comme adjointe de Cecil Sharp afin de recueillir des chansons mais revint seule en Amérique du Nord après la mort de ce dernier, afin de donner suite à son projet de recueillir des chansons de folklore à Terre-Neuve. De ce voyage de 1929 résultèrent deux volumes de chansons de Terre-Neuve, publiés à Londres en 1971. L'oeuvre de Karpeles fut hautement appréciée et elle reçut des doctorats honorifiques de l'Université Laval et de l'Université Memorial.
Compositon
À la fin du XVIIIe siècle, il était possible à Québec ou à Halifax de se procurer des partitions ou d'aller écouter en concert des oeuvres de Londoniens tels que C.F. Abel, Thomas Arne, Charles Avison, J.C. Bach et Haendel. Tout au long du XIXe siècle, les compositeurs anglais furent mieux connus au Canada par leur musique chorale et sacrée. Il fallut attendre Edward Elgar pour que la musique d'origine anglaise figure de façon significative au programme des concerts symphoniques. Carl Morey (dans « Orchestras in Toronto before 1914 », Musical Canada) mentionne que les oeuvres suivantes d'Elgar furent jouées à Toronto dans la première décennie du XXe siècle : Cockaigne Overture, Sea Pictures, Enigma Variations, Symphonie no 1. L'influence des compositeurs anglais demeurait forte chez les musiciens d'église et les organistes en particulier, elle se fit cependant sentir davantage avec l'arrivée de Delius, Holst, Vaughan Williams, Walton et chez certains Canadiens ou Canadiens d'adoption, notamment Anderson, Bales, Douglas Clarke, Fleming, Quentin Maclean, MacMillan, Naylor, Ridout, Smith, Whitehead et Willan. Mais au fur et à mesure que la radio et le disque faisaient davantage connaître la musique canadienne, celle des États-Unis, de l'Europe continentale et, de plus en plus, la musique orientale, à mesure que les postes clés dans les conservatoires, universités et orchestres symphoniques étaient plus souvent confiés à des musiciens de formation autre qu'anglaise, moins de musique anglaise fut entendue (sauf à l'église, où au moins Parry et Stanford tenaient bon). Son influence sur la musique canadienne déclina par voie de conséquence.
Morawetz et Bissell, le premier en théorie et le second en pratique, ont démontré un attachement particulier à Britten. Mais Charpentier, Freedman, Garant, Mather, Morel, Papineau-Couture, Pentland, Prévost, Schafer, Somers, Tremblay et Weinzweig, pour n'en nommer que 12, n'ont pas laissé voir la moindre influence de leurs collègues anglais, bien que Schafer ait écrit un livre sur eux. Quand Anhalt, dans son article sur Beckwith dans l' EMC, définit ce dernier comme « la voix canadienne-anglaise la plus caractéristique dans le domaine de la composition », il veut dire le Canada anglais et non l'Angleterre. Comme la majorité de ses collègues, Beckwith a eu ses « antennes créatrices » branchées sur une longueur d'ondes d'amplitude internationale où l'Angleterre a joué un rôle relativement restreint.
Cette indifférence quasi totale n'a cependant pas existé que d'un côté. Il ne serait pas inexact de dire que les compositeurs anglais ont eu tendance à considérer le Canada uniquement comme un marché d'exportation, se montrant peu intéressés aux productions originales de ce marché. En 1980, la réciprocité était plus une affaire de courtoisie que de fascination mutuelle et l'accueil réservé à une importante série de concerts d'oeuvres de 32 compositeurs canadiens présentée à Londres en 1977 sous le titre de Musicanada en fut plutôt un de politesse. Si l'on veut être positif toutefois, il faut souligner les efforts de la Canada House à Londres qui a réussi à mettre la musique canadienne à l'honneur par la présentation de concerts.
Des années 1940 aux années 1970, la SRC radiodiffusa un nombre respectable d'oeuvres de Britten (par exemple, la première radiophonique de Peter Grimes en Amérique du Nord) ainsi que des documentaires et des séries d'émissions sur Britten, Holst, Tippett et Vaughan Williams. Cependant, la SRC elle-même fit peu d'efforts pour faire écho aux développements multiples et variés que connut l'Angleterre après la Guerre. Une poignée d'oeuvres d'avant-guerre sont demeurées au répertoire comme The Planets et la Saint Paul's Suite de Holst, et On Wenlock Edge de Vaughan Williams - auxquelles s'ajoutent occasionnellement des concertos d'Elgar et de Walton. En outre, dans les années 1970, Britten et Tippett devinrent des personnalités internationales et comme telles, impossibles à ignorer. La SRC réalisa à Toronto en 1980 un festival de cinq concerts consacré à Tippett et à ses contemporains, et le TS présenta, en première audition nord-américaine, le Triple Concerto de Tippett.
Corps de musique
De la fin du XVIIIe siècle et jusqu'à tard au XIXe, des musiques régimentaires britanniques étaient en garnison partout au Canada. En plus de jouer à des fins militaires, elles fournissaient des instrumentistes aux orchestres locaux et établissaient également des standards quand à l'interprétation et à l'organisation des effectifs, lesquels furent de plus en plus adoptés par les corps de musique canadiens. De nombreux chefs de musique anglais s'établirent au Canada au cours des XIXe et XXe siècles, notamment William Atkins, Martin Boundy, Richard Coates (aussi l'un des premiers facteurs d'orgues au Canada), Leonard Camplin, Arthur Delamont, Kenneth Elloway, Richard Hayward, Arthur, Henry et John Slatter, Derek Stannard et Alfred Zealley. Quelques Canadiens furent formés à la RMSM (Kneller Hall) en Angleterre, dont Armand Ferland et James Gayfer. Plusieurs chefs de musique anglais ont oeuvré dans l'Armée du salut canadienne. Voir aussi Harmonies.
Musique pop
Dans le domaine de la musique populaire, la tradition du music-hall anglais s'enracina au Canada au début du XXe siècle grâce à des artistes tels que Jules Brazil, James (« Jimmie ») Fax et Will J. White. La musique rock anglaise, avec ses nombreux styles à partir des Beatles au milieu des années 1960, a rivalisé avec sa contrepartie américaine en popularité auprès des jeunes et en influence sur les exécutants canadiens (voir Rock).
Visiteurs anglais
Au nombre des premiers musiciens anglais à venir au Canada figurent le ténor John Braham en 1841, le baryton Henry Phillips (1844-45) et la soprano Anna Bishop en 1848 puis 1851, etc. D'autres plus célèbres suivirent, dont sir Alexander C. Mackenzie qui monta au pupitre lors du célèbre Cycle des festivals de musique en 1903, sir Edward Elgar qui dirigea en 1911 le Sheffield Choir dans son oeuvre The Dream of Gerontius (voir Charles A.E. Harriss). À ces deux noms s'ajoutent des compositeurs, chefs d'orchestre, instrumentistes et chanteurs distingués, tels que Janet Baker, John Barbirolli, Thomas Beecham, Richard Rodney Bennett, Adrian Boult, Benjamin Britten, Clara Butt, Henry Coward, Clifford Curzon, Peter Maxwell Davies, Alfred Deller, Jacqueline Du Pré, Kathleen Ferrier, Myra Hess, Gustav Holst, Gerald Moore (qui reçut une bonne partie de sa formation musicale au Canada), John Ogdon, Peter Pears, Alan Rawsthorne, Malcolm Sargent, Humphrey Searle, Solomon (Solomon Cutner), Arthur Sullivan, Michael Tippett, Ralph Vaughan Williams et William Walton. La satiriste d'origine anglaise Anna Russell, toujours unique en son genre, commença sa carrière au Canada et fut plus qu'une artiste de passage : citoyenne canadienne de 1943 à 1952, elle se fixa ensuite aux États-Unis dont elle adopta la nationalité puis revint vivre au Canada. D'innombrables ensembles anglais se sont produits au Canada et il faut se limiter à seulement quelques-uns : le Thomas Quinlan Opera, 1913-14, avec le ténor Charles Hedmont qui reçut sa première formation à Montréal; la Dan Godfrey British Band qui donna quelque 80 concerts au Canada vers 1898; la D'Oyly Carte Company à plusieurs reprises; le Sheffield Choir qui donna 16 concerts lors de sa première visite au Canada en 1908; l'OS de Londres sous la direction de Nikisch en 1912; le London String Quartet en 1921 et plusieurs fois par la suite; le Griller String Quartet en 1940 et souvent par la suite; plus récemment, l'Amadeus String Quartet (à de nombreuses reprises), le Royal Philharmonic Orchestra (1963), le Festival Orchestra de Bath sous la direction de Menuhin, l'English Opera Group et la Northern Sinfonietta sous la direction de Boris Brott (ces trois ensembles au Festival mondial de l'Expo 67), l'English Chamber Orchestra sous la direction de Vladimir Ashkenazy, le Saint Paul's Cathedral Choir (au début des années 1960 et de nouveau en 1980) et plusieurs autres organismes musicaux.
Canadiens en Angleterre
Relativement peu de Canadiens firent des études en Angleterre au XIXe siècle. Les premiers furent Romain-Octave Pelletier (1871-72) et William Reed (1878). Au XXe siècle, le nombre augmenta considérablement : Hugh Davidson, Victor Feldbrill (durant la Deuxième Guerre mondiale), John Keane, Ingemar Korjus, Catherine Robbin, Janet Stubbs et plusieurs boursiers de l'AB of the RSM dont Donald Bell, Carlina Carr, Smyth Humphreys, Hugh McLean, Ross Pratt, Thomas Rolston, Winifred Scott et Robin Wood.
D'autres Canadiens se sont établis ou ont longuement travaillé en Angleterre, comme Emma Albani, Les Allen, Nancy Argenta, Ellen Ballon, Paul Berkowitz, la pianiste Margaret Bruce, l'auteur-compositeur John Mais Capel, Russell Chester, Arthur Davison, Bonnie Dobson, Louise Edvina, Art Ellefson, Robert Farnon, Harry Field, Don Garrard, Fred Grinke, Angela Hewitt, Ted Hockridge, Leslie Holmes, Doreen Hume, Laura Lemon, Patti Lewis, Beatrice Lillie, Jane Leslie MacKenzie, David Martin, Lois McDonall, Libby Morris, le chef d'orchestre Harry Newstone (Winnipeg, 21 juin 1929; fondateur en 1949 du London Haydn Chamber Orchestra qu'il dirigea jusque vers 1959), Alfie Noakes, Jackie Rae, Tommy Reilly, la pianiste et violoniste Daphne Sandercock, Joseph Shadwick, Annon Lee Silver, Russ Titus, Malcolm Troup, John Warren, Jean Watson et Kenny Wheeler (voir aussi Jazz, Rock).
Des compagnies d'opéra anglaises comme le Sadler's Wells, Glyndebourne, l'English Opera Group et le Royal Opera (Covent Garden avant 1947) ont engagé de nombreux artistes canadiens dont Albani, Milla Andrew, David Astor, Lissant Beardmore, Émile Belcourt, Donald Bell, Mario Bernardi, Napoléon Bisson, Jean Bonhomme, Victor Braun, Jules Bruyère, Edmund Burke, Donna-Faye Carr, James W. Craig, Walter Dinoff, France Dion, Pauline Donalda, Roger Doucet, Carl Duggan, Jeanne Dusseau, Edvina, Sarah Fischer, Odette de Foras, Don Garrard, Victor Godfrey, Béatrice La Palme, Louise Lebrun, Audrey Mildmay (non seulement elle chanta à Glyndebourne mais elle était l'épouse de son fondateur, John Christie), James Milligan, Norman Mittelmann, Louis Quilico, Joseph Rouleau, Robert Savoie, Annon Lee Silver, Léopold Simoneau, Teresa Stratas, Paul Trépanier, André Turp, Richard Verreau et Jon Vickers. Formé en art dramatique à l'Université York (1972-74) et à la Old Vic School de Bristol, puis établi à Londres, le Canadien d'origine Robert Carsen a atteint la renommée mondiale comme metteur en scène d'opéra. Il a travaillé avec l'Opéra du Festival de Glyndebourne, l'Opéra flamand d'Anvers, l'Opéra d'État de Bavière à Munich, le Santa Fe Opera et le Pacific Opera West. Parmi ceux qui se sont produits à Wigmore Hall figurent Mona Bates, Beckett et McDonald, Bedford et Eby, Donald Bell, Ray Dudley, le Duo Ascher, Ada Twohy Kent et David Martin, Zara Nelsova, Émiliano Renaud, Winifred Scott et Robin Wood. En 1986, Festival of the Sound commença à présenter une série de concerts automnaux à Wigmore Hall et continua cette pratique par la suite. Glenn Gould fit ses débuts à Londres dans les cinq concertos de Beethoven avec l'OS de Londres dirigé par Joseph Krips. André Jobin chanta près de 1000 représentations de Showboat à l'Adelphi Theatre. Le TS joua au Festival Hall de Londres sous la direction de Seiji Ozawa en 1965, et se produisit de nouveau à Londres et dans d'autres villes anglaises par après, tout comme l'OCNA et le Quatuor à cordes Orford. Lois Marshall, Léopold Simoneau et Jon Vickers ont tous fait d'importants enregistrements avec sir Thomas Beecham et le Royal Philharmonic Orchestra, et Steven Staryk fut violon solo de cet orchestre. Vickers, considéré le plus célèbre Peter Grimes de son époque, enregistra cet opéra de Britten avec le Royal Opera Orchestra dirigé par Colin Davis. Raoul Jobin chanta fréquemment avec orchestre à la BBC, et enregistra Alceste pour Decca-London avec Kirsten Flagstad. Ce qui précède ne constitue qu'un faible échantillonnage des interprètes et groupes canadiens qui se sont produits en Angleterre. Canada House, la maison du Centre culturel canadien à Londres, a aussi organisé plusieurs concerts et récitals de jeunes artistes canadiens au cours des ans, et ces présentations ont reçu bon accueil dans la presse britannique. En 1985, le Globe and Mail de Toronto citait un passage du Daily Telegraph disant que le Centre culturel canadien était « ce qu'il y a de mieux à Londres dans le genre ». Parmi les représentants culturels ont figuré Ian C. Clark (1970-72), C.E. Garrard (1973-75), Hugh Davidson (1978-80), David Peacock (1981-85), et C.L. Barrow (1985-89), succédé par R. Picard.