Musique folklorique canadienne-française
Les colons français apportent sur les rives du Saint-Laurent leurs coutumes, leur manière de vivre et leur musique. De la Conquête (1759-1960) jusqu'au milieu du XXe siècle, les communautés francophones, rurales pour la plupart, persistent dans un isolement linguistique et culturel qui leur permet de sauvegarder la vitalité et la vigueur de leur culture traditionnelle.
La musique instrumentale canadienne-française puise à différentes sources. Exempte des contraintes linguistiques inhérentes à la chanson, elle bénéficie de ses contacts avec la MUSIQUE CELTIQUE et avec la musique française et britannique. Tout en conservant certaines caractéristiques du pays d'origine, la musique folklorique canadienne-française montre plus de liberté et de lyrisme. Elle s'adapte à la rigueur du pays et au tempérament latin de ses habitants. Essentiellement fonctionnelle, elle accompagne les danses comme le quadrille, le cotillon, la gigue et diverses rondes et jeux dansés (voir DANSE FOLKLORIQUE).
Le violon, instrument le plus courant dans la musique folklorique canadienne-française, date de la Nouvelle-France. Joseph Allard, Jean CARIGNAN et Jos Bouchard sont les violoneux les plus réputés. Originaire d'Allemagne, l'harmonica est introduit au Canada par les États-Unis en 1866 et devient rapidement populaire. L'accordéon diatonique est originaire d'Allemagne et devient également, en 1892, un des instruments favoris des Canadiens français. Alfred Montmarquette et Philippe Bruneau en sont les interprètes les plus connus. La guimbarde (appelée aussi bombarde) et des instruments de percussion rudimentaires tels les cuillères, les osselets et les pieds sont aussi représentatifs de cette musique traditionnelle.
Chansons folkloriques
Les chansons folkloriques viennent du peuple, donc des classes paysannes, et ont été transmises oralement, de génération en génération, se renouvelant et se transformant chemin faisant. Les couplets et le vocabulaire sont simples, et la métrique a une structure bien déterminée. Certaines chansons proviennent de la tradition médiévale française et ont été apportée ici par les premiers colons. Elles représentent aujourd'hui un répertoire folklorique fort ancien, parfois plus riche que ce que l'on trouve en France. D'autres chansons sont de composition plus récente et ont un langage rude et imitatif. Complaintes ou satires, ces chansons reflètent les conditions de vie de la communauté canadienne-française : vie de VOYAGEURS, camps de bûcherons, désastres et malheurs, vie politique et communautaire. L'Acadie est une source abondante de ce style de composition musicale.
La recherche sur les chansons folkloriques, amorcée en France en 1853, a une incidence au Canada. En 1863, Hubert LaRue publie, dans Le Foyer canadien, un article intitulé « Les chansons populaires et historiques du Canada ». Il persuade Ernest GAGNON de recueillir et de transcrire les mélodies pour certains textes qu'il a recueillis. Deux ans plus tard, Gagnon publie un ouvrage intitulé Chansons populaires du Canada comprenant plus d'une centaine de chansons avec les mélodies et de nombreux commentaires. En 1916, Marius BARBEAU, anthropologue au Musée national du Canada, entreprend le collectage de chansons folkloriques. Sa collection de plus de 10 000 chansons est conservée au Centre canadien d'études sur la culture traditionnelle à Hull (maintenant le Musée canadien des Civilisations). Ses principaux ouvrages sur la chanson traditionnelle sont Romancero du Canada (1937), Jongleur Songs of Old Quebec (1962), Le Rossignol y chante (1962), En roulant ma boule (1982) et Le Roi boit (1987).
En 1944, Luc Lacourcière fonde les archives de folklore à l'U. Laval. Sous sa direction, Conrad Laforte entreprend la classification des chansons folkloriques et, entre 1977 et 1987, il publie le Catalogue de la chanson folklorique française en six volumes. De 1942 à 1993, les pères Anselme Chiasson et Daniel Boudreau publient les Chansons d'Acadie en 11 cahiers. Le père Anselme est aussi un des fondateurs du Centre d'études acadiennes et des Archives de folklore à l'U. de Moncton. En Ontario, le père Germain Lemieux, fondateur du Centre franco-ontarien de folklore, publie Chansonniers franco-ontarien I (1974) et Chansonniers franco-ontarien II (1975). Au Manitoba, Marcien Ferland publie Chansons à répondre du Manitoba en 1979. Depuis le début des années 80, des folkloristes comme Georges Arsenault, Madeleine Béland, Charlotte Cormier et Donald Deschênes ont étudié le répertoire composé ici au Canada, « les chansons de composition locale ».
Voir aussi FOLKLORE.