Les Lettons d'origine russe et allemande commencèrent à arriver au Canada à la fin du XIXe siècle et leur nombre s'accrut après la révolution russe en 1905. La Lettonie acquit son indépendance de la Russie en 1918, mais la perdit à nouveau quand le pays fut occupé par l'Union soviétique puis par l'Allemagne nazie durant la Deuxième Guerre mondiale. La république fut intégrée à l'Union soviétique en 1945. Plus de 15 000 Lettons en exil s'établirent au Canada en 1946 et 1963. En 1986, le nombre des Canadiens d'origine lettonne dépassait 12 620, dont environ 64 p. 100 résidaient en Ontario. La plupart des Lettons sont luthériens; quelques-uns sont baptistes, juifs ou catholiques romains.
Les Lettons apportèrent au Canada un riche folklore, fruit d'une longue tradition nationale. La majorité de leurs chansons folkloriques sont des dainas, stances de quatre lignes d'une double paire de vers, à chute rythmique sans anacrouse. Composées de quatre icti, 95 p. 100 des lignes mélodiques des chansons sont des dipodies trochaïques. Diminution, répétition et parallélisme se reflètent aussi dans la musique, parce que les mélodies - essentiellement syllabiques et souvent modales - suivent la mesure et le rythme du texte. Cette pérennité du texte et de la musique a joué un rôle important dans la fidélité de transmission orale des chansons au cours des siècles. Les thèmes favoris sont les rituels, la mythologie, les coutumes et travaux de la ferme, la famille, l'indispensable cheval, la cour aux jeunes filles et leur enlèvement, l'oppression et, en particulier, les phénomènes naturels vus comme une métaphore de l'esprit et de la condition humaine. Les jeunes Lettons canadiens ont manifesté un vif intérêt dans l'animation et la renaissance de ce folklore. Les jeunes ont été encouragés à jouer du kokle, un instrument de 5 à 12 cordes pincées apparenté de loin au tympanon médiéval. Le kokle est l'instrument national de la Lettonie et sert à l'accompagnement des chansons et des danses. Quelque 189 chansons de folklore d'origine lettonne ont été recueillies à Toronto pour le Musée national de l'Homme (Musée canadien des civilisations) par Aija B. Beldaves, Helen Creighton et John Glofcheskie. Les festivals annuels de la chanson nationale commencèrent en Lettonie en 1873 et ont été développés par les nombreuses communautés d'exilés lettons en un mouvement international. Des concerts de musique d'église, d'orchestre et de chambre par des compositeurs et interprètes lettons, aussi bien que des spectacles de danse folklorique, des représentations théâtrales et des expositions d'art et d'artisanat constituent un foyer de l'identité culturelle lettonne. De tels festivals ont eu lieu à Toronto en 1953, 1957, 1961, 1965, 1970, 1976, 1981, 1986 et 1991.
Avant la Première Guerre mondiale, Edouard Hesselberg et Harry Adaskin, tous deux né à Riga, avaient émigré au Canada. Environ la moitié des principales personnalités musicales de la Lettonie quittèrent leur patrie après 1944, et plusieurs d'entre elles s'établirent au Canada : les compositeurs et chefs d'orchestre Janis Cirulis (1897-1962), Janis Kalnins, Janis Norvilis (né en 1906) et Haralds Berino; les chanteurs et professeurs Janis Niedra (1887-1956) et Mariss Vetra (1902-1965); le violoniste Janis Kalejs et sa femme, la pianiste Felicita Kalejs. Vetra, le baryton et professeur Teodor Brilts et le chef d'orchestre Alfred Strombergs ont été actifs dans la Nova Scotia Opera Assn. À Halifax toujours, Mirdza Dambergs,une ancienne danseuse de ballet étoile de l'Opéra de Riga, fonda la Dambergs School of Ballet (1957-82). À Toronto, le compositeur Talivaldis Kenins s'est fait connaître comme l'un des compositeurs les plus prestigieux du Canada et sa renommée est internationale. Le chef de choeur Arvids Purvs et l'organiste Anita Rundane, établis à Toronto, ont tous deux joué un rôle prédominant dans les activités musicales de la communauté internationale des lettons expatriés, tout comme le chef d'orchestre et compositeur Imants Sakss qui s'est fixé à Hamilton. Le compositeur Imant Raminsh de la Colombie-Britannique a aussi émigré de la Lettonie après la Deuxième Guerre mondiale. Le pianiste Arthur Ozolins, né en Allemagne, est aussi un des grands musiciens canadiens d'ascendance lettonne. Parmi les musiciens nés au Canada de parents lettons, on retrouve Ivars Taurins, altiste avec le Tafelmusik et dir. fondateur du Tafelmusik Chamber Choir, ainsi que plusieurs jeunes interprètes ontariens : les pianistes Sandra Mogensen et Peter Sarins; la basse Paul Sketris; l'altiste Arturs Jansons et la violoncelliste Jill Vitols; le chef de choeur Visma Maksina; et Gunta Dreifelds, responsable de la traduction et des surtitres pour la COC. Les saxophonistes (alto) de jazz Campbell Ryga et Janis Stephrans, qui ont émergé à Vancouver et Montréal respectivement au milieu des années 1980, sont aussi d'ascendance lettone. Plusieurs musiciens lettons expatriés aux États-Unis se produisirent à Toronto au cours des années 1960 sous les auspices de la Latvian Concert Assn. Plusieurs canadiens-lettons de deuxième génération comme Mogensen, Sketris et Maksina ont donné des concerts et enregistré des émissions radiodiffusées en Lettonie soviétique. En 1989, le réputé choeur de chambre de Riga Ave Sol se produisit à Toronto, Montréal et Halifax, et la même année, Talivaldis Kenins fut un des invités au 70e anniversaire du Cons. d'État de Lettonie. Des choeurs et des troupes de danse canadiennes-lettones participèrent au Festival international de la chanson à Riga en 1990.