Cependant, la culture folklorique lituanienne est surtout d'inspiration rurale. Plusieurs dainos (chansons de folklore) sont riches en symbolisme et souvent liés à d'importants événements comme les mariages et les funérailles. Parmi les autres genres anciens, on retrouve les chansons rituelles du calendrier, devenues chrétiennes par leur association avec l'Avent, Noël, Pâques et d'autres fêtes religieuses. Une foule de chansons de métiers d'hommes et de femmes traitent du travail associé à la vie et au labeur agricultural (meunier, fileuse, tisserande, moissonneur, berger, gardien de troupeaux, etc.) et survivent également au Canada grâce à des interprètes isolés. (Kenneth Peacock recueille 409 chansons et 63 pièces instrumentales pour le Musée national de l'homme (Musée canadien des civilisations) en 1962 et 1967-1968.) Une partie de ce matériel est fondu dans des présentations chorales et instrumentales plus élaborées à l'occasion de concerts, de festivals et de banquets.
Les mélodies de certaines chansons archaïques sont très brèves - seulement trois ou quatre tons, dont certains sont répétés. D'autres, souvent associées à des provinces particulières de Lituanie, sont plus développées et possèdent une orientation diatonique majeure ou mineure. Les longues chansons narratives comme les ballades, sont rares. Un petit nombre de chansons datant du 19e siècle sont sentimentales et plutôt banales comparées à celles de l'ancienne tradition (voir Musique folklorique).
Les chansons les plus inusitées sont les sutartines (de « sutarti » signifiant chanter en accord ou être d'accord et chanter en harmonie) à plusieurs voix. Ces chansons polyphoniques sont souvent caractérisées par des frottements de secondes majeures et mineures et des procédés canoniques. Les mélodies synchronisées et dissonantes ainsi que les paroles sont principalement chantées par les femmes et les enfants et elles s'inspirent d'un éventail complet des sujets de chansons folkloriques. Un mot rythmé ou une onomatopée sont répétés par quelques voix tandis que le texte défile, chanté en parties par d'autres voix. Certaines des chansons sont aussi interprétées avec des mouvements comme la marche, le piétinement, le vol plané ou de simples danses chorégraphiées en rangées ou en cercle.
Deux types de sutartine - les Dvejines, chantées par un duo et les trejines, chantées par trois femmes - sont exclusives à la musique lituanienne et une source de fascination pour les musicologues. Les contreparties masculines de la sutartine sont jouées par les hommes et les garçons sur des pipeaux à une seule note (skuduèiai) mais de différentes longueurs. Chaque instrumentiste tient deux ou trois pipeaux et joue la note voulue au moment approprié dans la pièce - un peu à la façon des groupes de sonneurs. Une innovation canadienne dans la construction du skuduèiai est l'utilisation du bambou, dont les joints naturels forment les extrémités bouchées. Les autres instruments incluent la populaire kankles (cithare), également de dimensions diverses, et le cor de la Pentecôte, un instrument à anche et percé de trous.
Les groupes lituaniens au Canada sont notamment l'Aušros Vartu Parapijos Choras de Montréal, un choeur mixte de 50 voix fondé en 1950 et successivement dirigé par A. Piešina, V. Kerbelis, A. Ambrozaitis et Madeleine Roch; Varpas (signifiant « cloche »), un choeur mixte de Toronto de 50 voix, dirigé par Stasys Gailevicius, actif au milieu des années 1950; et un choeur masculin, également de Toronto, qui donne son premier concert le 6 mai 1978 sous la direction de son fondateur Vaclovas Verikaitis. Après le décès de Verikaitis (8 janvier 1990), le choeur poursuit ses activités sous la direction de John Govedas (1950 - 7 mai 2005). Un autre choeur, Volunge, débute en 1978 en tant qu'ensemble de jeunes filles et devient mixte en 1981. Il compte 52 voix en 1991 et Dalia Viskontas, qui le fonde, le dirige encore. À Ottawa, les Ramuneles Singers, un ensemble féminin de sept ou huit voix, se produit de 1976 à 1987 sous la direction conjointe de Ruta Siulys (plus tard Klicius) et de Loretta Luksa-Cassidy. Un festival de chansons lituaniennes a lieu au Maple Leaf Gardens durant l'été de 1978, et en 1987, un concert se tient à l'église Saint-Casimir de Montréal pour commémorer les 600 ans de l'Église catholique en Lituanie.
Lyra, un orchestre de chambre créé par la communauté lituanienne de Toronto, commence à faire connaître la musique, les musiciens et les compositeurs lituaniens populaires et classiques au public canadien. Lyra est fondé en 1997 et sa première représentation célèbre l'indépendance lituanienne le 15 mars 1998.
En 2002, ERGO Projects aide à mettre en place un échange musical entre la Lituanie et le Canada avec la section lituanienne de la Société internationale pour la musique contemporaine (SIMC), Numus (New Music Society) et la Music Gallery à Toronto. ERGO et Numus exécutent la musique contemporaine et en font la promotion au Canada et à l'étranger. En 2003, le Quatuor à cordes Penderecki interprète des œuvres du compositeur lituanien-canadien Piotr Grella-Mozejko à Kaunas au festival de la SIMC (2003) en Slovénie. En 2004, l'Université Wilfrid Laurier et ERGO Projects organisent le Vidmantas Bartulis Festival avec des concerts comprenant de nouveau des œuvres de Grella-Mozejko à Toronto, Waterloo et London.
La soprano Lilian Sukis et la basse Allan Fine sont nés en Lituanie. La violoniste Dana Pomeranz (qui se fixe au Canada en 1974 avec son mari, le violoniste ukrainien Yuri Mazurkevitch) est née à Kaunas (Lituanie), mais est élevée en Autriche. La soprano Gina Capkas (née Capkauskiene, Lituanie, 1930) étudie à Montréal avec Pauline Donalda et Lina Narducci. Elle chante à l'opéra et au concert, en Australie, aux États-Unis et au Canada.
Bibliographie
Kenneth PEACOCK, A Garland of Rue : Lithuanian Folksongs of Love and Betrothal (Musée national de l'Homme, Ottawa 1971).