Naomi Klein parle de son ouvrage Tout peut changer : Capitalisme et changement climatique à Madrid, le 26 mars 2015
Enfance et famille
Naomi Klein naît à Montréal, au Québec, dans la famille de la cinéaste et activiste féministe Bonnie Sherr Klein et du médecin Michael Klein. Ses parents sont tous deux des immigrants juifs américains, qui ont quitté les États-Unis pour s’opposer à la guerre au Vietnam. Naomi a un frère, Seth Klein.
Grandissant auprès d’une mère féministe, Naomi Klein se rebelle en devenant une « teeny bopper » accro aux marques et aux centres commerciaux. Un de ses réveils politiques se produit lors de l’incident de l’École polytechnique de Montréal, en 1989, où un homme armé abat 14 femmes; Naomi Klein avoue : « C’était le moment où je ne pouvais plus être une adolescente apolitique ». (Voir aussi Tragédie de Polytechnique).
Naomi Klein fait ses études à l’Université de Toronto, où elle est rédactrice en chef du principal journal du campus, The Varsity. Plus tard, elle abandonne l’Université pour travailler comme chroniqueuse au Globe and Mail.
Naomi Klein habite à Toronto, en Ontario. Elle est mariée au cinéaste Avi Lewis. Ils ont un fils, Toma. Son beau-père est l’homme politique et diplomate Stephen Lewis, qui est chef du Nouveau Parti démocratique ontarien de 1970 à 1978. Sa belle-mère, Michele Landsberg, est journaliste et auteure.
No Logo
Naomi Klein reprend ses études à l’université en 1996. Cependant, trouvant que les universités sont envahies par la commercialisation et la publicité, elle abandonne à nouveau ses études. Elle entreprend des recherches sur la culture des marques et la mondialisation pour son premier essai, No Logo (1999), où elle analyse le rôle de l’entreprise dans une économie mondialisée. No Logo aborde aussi l’impact des grandes marques sur la culture et la dévastation que ces entreprises provoquent dans les pays en voie de développement, où la plupart des produits sont fabriqués. Le livre est traduit en plus de 30 langues et est sélectionné comme l’un des 100 meilleurs livres documentaires de tous les temps par le journal The Guardian.
La parution de No Logo coïncide avec une période de contestations contre les organisations de commerce international et les sommets économiques. Naomi Klein participe à plusieurs contre-sommets, ainsi qu’à la Conférence internationale sur la mondialisation en 2001. Dans son deuxième ouvrage, Fences and Windows (2002), Naomi Klein montre comment les politiques de mondialisation établies par des organismes internationaux comme la Banque mondiale ont pour effet d’accroître le gouffre entre pauvres et riches, et compare ces politiques à des barrières invisibles.
Naomi Klein est l’objet de critiques parce qu’elle s’en prend à la culture des marques tout en faisant le marketing de ses propres livres. Quand on lui demande si elle est une marque elle-même, elle répond : « Probablement… mais je m’efforce d’en être une vraiment mauvaise. »
Le saviez-vous?
Dans No Logo, Naomi Klein s’est penchée sur l’impact des grandes marques sur le marché du travail et a popularisé le terme « McJob », qui signifie un emploi temporaire, mal payé et précaire. Au Canada, on estime que 25 % des travailleurs ont des emplois pouvant être considérés comme précaires. Les emplois précaires ont des répercussions sur la santé mentale et physique. (Voir aussi Politique du travail).
La stratégie du choc
Une autre thèse paradigmatique, énoncée dans son livre La stratégie du choc : la montée d’un capitalisme du désastre, paru en 2008, est que les gouvernements et les hommes politiques se servent des chocs causé par les catastrophes naturelles, les crises économiques ou les troubles politiques pour faire adopter des politiques autoritaires et recréer la société selon la volonté de la grande entreprise. Elle donne l’exemple du tsunami dévastateur en Asie en 2004, de l’ouragan Katrina en 2005 ou de la soi-disant « guerre contre le terrorisme » lancée par les États-Unis.
La Stratégie du choc a été adapté au cinéma dans un court métrage de Naomi Klein et le réalisateur Alfonso Cuarón, puis dans un long métrage documentaire des réalisateurs Michael Winterbottom et Mat Whitecross.
Dans son ouvrage Dire non, et après ? Contre la stratégie du choc de Trump, paru en 2017, Naomi Klein analyse l’ascension de Donald Trump, président des États-Unis, et le début de son gouvernement, tout en cadrant son activité politique en utilisant son modèle théorique La Stratégie du choc.
Tout peut changer : Capitalisme et changement climatique
Naomi Klein avoue que la question des changements climatiques a retenu son attention assez tard. Elle explique : « Ce n’est pas que je n’en savais rien ou que m’en foutais… Mais je pensais que les droits de la personne, les inégalités, toutes ces injustices sur lesquelles je me suis concentrée, étaient plus urgentes ». Son réveil, dit-elle, s’est produit lors de l’ouragan Katrina en 2005, lorsqu’elle a vu comment les catastrophes climatiques endommageaient de manière encore plus significative les secteurs publics faibles ou défaillants.
L’ouvrage de Naomi Klein Tout peut changer : Capitalisme et changement climatique, paru en 2014, montre comment la croissance économique sans entraves accélère les changements climatiques, et comment le système économique actuel utilise les changements climatiques pour réaliser des gains. Le système de crédit carbone et les assurances couvrant les dommages causés par les catastrophes naturelles sont des exemples qui montrent comment « on profite de la crise, afin de permettre au 1 % de la population de faire encore plus de profit ».
En 2016, Naomi Klein participe en tant que narratrice et actrice au court métrage Under the Surface, réalisé par The Guardian. Ce film traite de la destruction des récifs de la Grande Barrière, en Australie, et montre la colère de Naomi Klein à l’idée que son fils ne pourra jamais voir la beauté de cette partie de la nature.
Naomi Klein est membre du conseil de 350.org, un organisme communautaire international, dont le but est de minimiser notre dépendance à l’égard des combustibles fossiles. Elle est aussi une des auteures et des signataires fondatrices du manifeste Un bond vers l’avant, un appel à restructurer l’économie canadienne pour assurer le respect de l’environnement et des systèmes sociaux.
Enseignement et journalisme
Naomi Klein a travaillé en tant qu’employée ou journaliste collaboratrice pour de nombreuses publications importantes et elle est correspondante principale de The Intercept. Elle a remporté le prix James Aronson de journalisme en justice sociale en 2004 pour ses reportages sur la guerre d’Irak.
Naomi Klein est également active en enseignement. Elle a été conférencière Miliband à la London School of Economics, et elle est devenue titulaire de la chaire Gloria Steinem en médias, culture et études féministes de l’Université Rutgers-New Brunswick (New Jersey) en 2018. Au cours des trois années de son contrat, elle fera de la recherche et enseignera des sujets comme l’activisme en journalisme, les nouvelles technologies des médias et les mouvements pour la justice raciale, la justice économique et la justice en matière de genre.
Distinctions honorifiques et principaux prix
- National Business Book Award pour No Logo (2001)
- Prix James Aronson de journalisme en justice sociale (2004)
- Doctorat honorifique en droit civil, Université de King’s College (2007)
- Doctorat honorifique en lettres, Université St-Thomas (2011)
- Hilary Weston Writers’ Trust Prize dans la catégorie « ouvrages documentaires » pour Tout peut changer (2014)
- Prix IPE de la meilleure militante-boursière, Association d’études internationales (2014)
- Prix Izzy, Park Center for Independent Media (2015)
- Prix de la paix de Sydney, Sydney Peace Foundation (2016)
- Doctorat honorifique, Université d’Amsterdam (2018)