Nardwuar

Jeunesse et éducation

John Ruskin naît à Vancouver. Il est le fils d’Olga Bruchovsky, une journaliste et enseignante, et de Vernon Ruskin, un ingénieur. John Ruskin est élevé dans la foi juive. Sa mère est d’abord sténographe judiciaire à Toronto avant de s’installer en Colombie-Britannique. Durant sa jeunesse, sa mère anime une émission de télévision sur une chaine de câblodistribution intitulée Our Pioneers and Neighbours. Elle coécrit également la première biographie du pionnier et tenancier de saloon « Gassy » Jack Deighton.

John Ruskin commence à s’intéresser à la musique dès son adolescence. En tant que président du conseil étudiant de la Hillside Secondary School de West Vancouver en 1985, il engage des groupes de musiciens pour les danses de l’école. Parmi ces groupes figurent des groupes alternatifs comme The Enigmas et Poisoned. Toujours en 1985, John Ruskin organise son premier concert, un concert en plein air intitulé « Hillstock ». Son propre groupe, The Evaporators, fait ses débuts la même année lors d’un spectacle de variétés de l’école Hillside High.

À la même époque, John Ruskin commence à collectionner des coupures d’articles de journaux locaux de la scène musicale de Vancouver. Il qualifie cette période de « début » de sa vie. Il réalise sa première entrevue avec Art Bergmann et Tom Upex du groupe punk de Vancouver Poisoned après leur prestation à l’école secondaire Hillside HIgh, le 26 septembre 1985. Le groupe Poisoned se produit à l’école parce que c’est le groupe que la plupart des étudiants désirent voir, et John Ruskin organise et fait la promotion du spectacle.

Nardwuar the Human Serviette

John Ruskin change légalement son nom pour Nardwuar the Human Serviette en 1986. Il affirme que ce nom n’a aucune signification. En 1995, il déclare à la CBC que c’est simplement un « nom stupide et débile comme Sting » (en référence au chanteur principal du groupe The Police). Dans une autre entrevue, il déclare que c’est simplement un drôle de son qu’il a inventé un jour.

Une autre fois où on lui demande comment il a obtenu son nom, Nardwuar déclare qu’il avait besoin d’un nom pour son émission de radio et que « Nardwuar » était une expression que les enfants avaient l’habitude de se crier les uns aux autres. Lors d’une entrevue en 1992 avec le Vancouver Sun, il raconte que « the Human Serviette » est né après un incident à Bellingham à Washington, au cours duquel il a demandé à plusieurs reprises une serviette à une serveuse, et que la serveuse ne comprenait pas qu’il demandait une « napkin ». Il déclare également que le « Human » fait référence à une chanson du groupe Cramps intitulée « Human Fly ».

Faits saillants de carrière

La carrière de Nardwuar commence alors qu’il étudie à l’Université de la Colombie-Britannique (UBC), du milieu à la fin des années 1980. Il lance son émission de radio sur CiTR, la station de radio du campus. Au début, le directeur de la station a des doutes sur Nardwuar, mais il persiste et il est finalement autorisé à prendre l’antenne pendant une minute chaque vendredi. Cette durée passe à cinq minutes, et ensuite à 15 minutes. Pendant cette période, Nardwuar gagne en popularité grâce aux questions inhabituelles et obscures qu’il pose aux gens. Il contribue également au magazine de la station, le Discorder, qui présente aussi les entrevues insolites de Nardwuar. Il obtient un diplôme de premier cycle en histoire à l’UBC en 1990, avec une spécialisation en histoire politique canadienne et américaine.

De la fin des années 1990 à la fin des années 2000, Nardwuar travaille comme intervieweur indépendant pour MuchMusic. Lorsqu’il commence à publier ses entrevues sur YouTube, il a près de 10 000 heures d’entrevues enregistrées, ce qui lui vaut une reconnaissance mondiale. Les vues de ses vidéos sur YouTube se classent dans le premier 3 % de la plateforme. La première vidéo qu’il met en ligne est une entrevue d’une question qu’il pose à l’ancien vice-président américain Dan Quayle en 1995. Nardwuar lui demande qui est le premier ministre du Canada à cette époque, ce à quoi Dan Quayle ne sait pas quoi répondre. Les autres entrevues notables de Nardwuar incluent celles de Drake, Jay Z, Kendrick Lamar et Seth Rogen, ainsi que plus de dix entrevues avec Snoop Dogg qui remontent à 2000.

Le moment le plus marquant de Nardwuar a sans doute lieu en 1997, lorsqu’il pose une question au premier ministre de l’époque, Jean Chrétien, lors d’une conférence de presse à l’occasion de la 5^e réunion des dirigeants économiques de l’APEC qui se déroule à l’UBC. Plus tôt dans la journée, des manifestants qui assistent au sommet ont été aspergés de gaz lacrymogène, et Nardwuar demande donc à Jean Chrétien s’il croit que « le gaz lacrymogène est synonyme de liberté » dans une société démocratique. Lorsque Jean Chrétien semble incertain de ce que Nardwuar veut dire, ce dernier explique que le gaz lacrymogène est la même chose que du gaz poivré. Jean Chrétien plaisante alors : « Moi, le poivre, je le mets dans mon assiette… Au suivant. » Jean Chrétien est vivement critiqué pour avoir minimisé les actions de la police et les effets sur les manifestants, et sa réponse devient tristement célèbre dans la politique canadienne.

Image distincte et unique

Plusieurs éléments de la personnalité, du style et de l’approche en entrevue de Nardwuar le rendent unique. L’idée qu’un intervieweur de célébrités puisse se qualifier de « Human Serviette » (serviette humaine; une serviette étant quelque chose que les gens utilisent pour se nettoyer, pour purifier leur image) est une blague d’initiés que de nombreux membres de la génération X cyniques et avertis en matière de médias saisissent immédiatement. On peut en dire autant de l’habitude de Nardwuar de terminer chaque entrevue en scandant les premières notes de la chanson-danse classique du vaudeville « Shave and a Haircut, Two Bits » et en s’attendant à ce que son sujet finisse la mélodie; une reconnaissance du fait que les entrevues de célébrités ne sont en fait que des routines de chanson et de danse soigneusement chorégraphiées.

Mais ces références échappent souvent aux personnes interviewées par Nardwuar, surtout au début de sa carrière. Les réponses sont variées, allant du scepticisme et de la confusion au mieux jusqu’à la violence verbale et physique, au pire. Nardwuar se moque également de la nature fade et superficielle de nombreuses entrevues de célébrités en posant des questions obscures, profondes et souvent éclairantes sur le passé d’une personne, qui sont clairement le fruit d’une recherche rigoureuse. Lors de l’entrevue de Nardwuar en 2008 avec Pharrell Williams, alors membre du groupe N.E.R.D., Pharrell déclare : « C’est l’une des entrevues les plus impressionnantes que j’ai jamais vécues de ma vie. »

Sur le plan vestimentaire, Nardwuar apparait souvent coiffé d’une casquette écossaise en tartan et d’un pantalon de golf assorti. Il présente également souvent ses entrevues dans le style des pancartes de boxe ou de lutte (du style de « Nardwuar contre la ou les personnes interviewées »). Il a presque toujours un accessoire ou un album, qu’il offre occasionnellement en cadeau, qui a tendance à être significatif pour la personne interviewée. Nardwuar conclut également ses entrevues par la phrase « keep on rockin’ in the free world » (continuez à rocker dans le monde libre), une référence à la chanson de Neil Young de 1989 du même nom.

Distinctions

Nardwuar est intronisé au Entertainment Hall of Fame de la Colombie-Britannique en 2019. Lors de son intronisation, le Hall déclare : « Vous auriez du mal à trouver un artiste de Vancouver qui affiche la fierté de sa ville natale à l’échelle mondiale plus que l’infatigable et mondialement connu Nardwuar. » Pour célébrer son intronisation, la ville de Vancouver déclare le 29 septembre 2019 comme étant la Journée Nardwuar.