Sanctuaires et réserves d'oiseaux
Au tournant du siècle, la chasse intensive décime grandement les populations d'oiseaux et on commence alors à les protéger en créant des sanctuaires à l'intérieur desquels la chasse est interdite en toutes saisons. De nos jours, alors que la chasse est maintenant réglementée, ce sont d'autres types d'activités humaines qui menacent les oiseaux. Devant l'envahissement des forêts et la destruction des milieux humides causés notamment par l'industrialisation et l'accroissement de la population, on a décidé d'étendre la protection accordée aux habitats fauniques.
Il y a plusieurs façons d'assurer cette protection, mentionnons notamment le zonage, les accords à long terme avec les propriétaires des territoires concernés et les expropriations par des organismes fauniques gouvernementaux. Les territoires protégés sont appelés réserves nationales de faune, zones de conservation, réserves de chasse ou autres. Là où on veut avant tout protéger les habitats fauniques, la chasse est permise ou interdite selon les circonstances, mais les deux modes de gestion poursuivent le même but : assurer la conservation de la diversité faunique canadienne.
Refuges d'oiseaux migrateurs
Actuellement, le Service canadien de la faune gère 98 sanctuaires d'oiseaux migrateurs, dont 3 à Terre-Neuve; 1 à l'Île-du-Prince-Édouard; 8 en Nouvelle-Écosse; 2 au Nouveau-Brunswick; 33 au Québec; 10 en Ontario; 15 en Saskatchewan; 4 en Alberta; 7 en Colombie-Britannique; 5 dans les Territoires du Nord-Ouest; et 10 dans le Nunavut. Un de ces refuges chevauche la frontière de l'Ontario et du Nunavut et un autre celle du Nunavut et du Québec. Parmi les sanctuaires les plus connus, mentionnons :
Réserves nationales de faune
Le Service canadien de la faune assure la protection d'habitats migratoires importants; il s'agit de 49 réserves nationales de faune réparties dans 8 provinces et 2 territoires. Parmi les réserves connues, figurent :
Autres zones protégées
Les oiseaux et leurs habitats sont protégés dans les parcs nationaux et dans la plupart des parcs provinciaux du Canada. Parmi les parcs qui présentent un intérêt particulier, on compte le Parc National Wood Buffalo (à la frontière de l'Alberta et des Territoires du Nord-Ouest), qui est le seul lieu de nidification connu de la grue blanche d'Amérique, une espèce en danger de disparition. Les municipalités, les institutions privées, les clubs ornithologiques et des particuliers ont également beaucoup contribué à protéger des territoires importants pour les oiseaux, par exemple, l'île aux Basques, dans l'estuaire du Saint-Laurent, où nichent l'Eider à duvet, les goélands et le Grand héron, a été achetée en 1927 par la Société Provancher d'histoire naturelle; le refuge Jack Miner, créé en 1904 près de Kingsville, en Ontario, qui attire des colonies de bernaches du Canada; et le sanctuaire d'oies d'Alf Hole, près de Rennie, au Manitoba.
Les oiseaux migrateurs traversent régulièrement les frontières et doivent être considérés comme un héritage international. Le Canada, en signant la Convention de Ramsar pour la conservation des milieux humides d'importance internationale (1981) s'est engagé à protéger des marais importants, dont ceux d'Alaksen, de Cap-Tourmente et de la baie de la Reine-Maud (Nunavut), sites essentiels de nidification pour l'Oie de Ross, la Bernache cravant et plusieurs autres espèces d'oiseaux aquatiques. Actuellement, les marais canadiens d'importance internationale sous la protection de la Convention de Ramsar couvrent 13 millions d'hectares.
Même si le Canada jouit d'une réputation enviable pour avoir créé des refuges et des réserves d'oiseaux, certaines préoccupations demeurent. En effet, la pollution, la perturbation, la destruction des habitats et la chasse menacent toujours ces populations d'oiseaux.
Voir aussi Animaux en voie de disparition; Conservation et aménagement de la faune; Réserve faunique.
Île de Sable (Nouvelle-Écosse)
Seul site de nidification du bruant d'Ipswich (une sous-espèce du Bruant des prés autrefois considérée comme une espèce distincte), le sanctuaire abrite aussi de nombreuses populations nicheuses de sternes (voir Sterne et guifette) et de goélands (voir Goélands et mouettes).
Île Machias Seal (Nouveau-Brunswick)
L'île accueille plusieurs espèces d'oiseaux marins, dont le macareux moine, la Sterne arctique, le petit pingouin, et l'océanite.
Île Bonaventure (Québec)
C'est un spectaculaire lieu de rassemblement de fous de Bassan, de mouettes tridactyle, de guillemots et d'autres espèces d'oiseaux qui nichent sur les falaises.
Haut-Canada (Ontario)
La Bernache du Canada y fait sa halte migratoire.
Lac de la Dernière-Montagne (Saskatchewan)
On a souligné le centenaire de ce premier refuge d'oiseaux en Amérique du Nord en 1987, lors d'une cérémonie présidée par le Prince Philippe. Ce refuge accueille plusieurs espèces migratrices de canards, d'oies, de cygnes et de grues. Pour d'autres espèces, dont le Tétras à queue fine (voir Gélinottes, lagopèdes et tétras), la Sterne pierregarin, l'avocette d'Amérique et le Canard colvert, il sert de lieu de nidification.
George C. Reifel (Colombie-Britannique)
Ce refuge fait maintenant partie d'un ensemble de sites protégés près de l'embouchure du fleuve Fraser. Il abrite plusieurs espèces d'oiseaux aquatiques et d'oiseaux de rivage pendant les migrations, tandis que l'Oie des neiges, le Canard d'Amérique et la foulque d'Amérique y passent l'hiver.
Île Bylot (Nunavut)
La Grande Oie des neiges niche dans la plaine d'épandage fluvio-glaciaire du Sud-Ouest. Le Guillemot de Brünnich, la Mouette tridactyle et d'autres oiseaux marins nichent sur ses rivages Nord et Est.
La plupart des organismes fauniques provinciaux ont aussi établi des sanctuaires d'oiseaux à l'intérieur de leurs territoires. Les refuges d'oiseaux marins de la Colombie-Britannique et de Terre-Neuve et les sanctuaires du pélican et de la gélinotte du Manitoba, de la Saskatchewan et de l'Alberta sont au nombre des sanctuaires les plus importants.
Tintamarre (Nouveau-Brunswick)
Située dansla région des marais Tantramar, à la tête de la baie de Fundy, ce refuge est fréquenté par les oiseaux migrateurs aquatiques au cours des migrations ou durant la saison de nidification.
Cap-Tourmente (Québec)
Une grande proportion de la population mondiale de Grande Oie des neiges s'y arrête durant les migrations, profitant aussi de la présence de marais d'eau douce et de champs à proximité pour s'alimenter.
Long Point (Ontario)
Située sur la rive Nord du lac Érié, cette réserve fait partie d'un ensemble de sites protégés par des organismes fédéraux, provinciaux et privés et constitue un point exceptionnel de rassemblement de passereaux et d'oiseaux aquatiques lors des migrations.
Alaksen (Colombie-Britannique)
Cette réserve fait partie de l'ensemble des territoires protégés du fleuve Fraser, qui inclut le sanctuaire Reifel.
Lac Vaseaux (Colombie-Britannique)
Situé dans la vallée de l'Okanagan, ce site protégé accueille le Cygne trompette pendant sa migration d'automne.
Polar Bear Pass (Nunavut)
Située sur l'île Bathurst, la réserve abrite un nombre impressionnant d'espèces fauniques arctiques pendant la saison de reproduction : l'Oie des neiges, la Bernache cravant, l'Eider à tête grise, le Lagopède alpin, les Labbes et de nombreuses espèces d'oiseaux de rivage.
Les organismes fauniques provinciaux ont également constitué de nombreux sanctuaires fauniques, dont plusieurs ont été choisis en fonction de la diversité et de la richesse des habitats offerts. Plusieurs autres zones importantes pour les oiseaux sont protégées et gérées conjointement par les deux paliers du gouvernement. Par exemple, dans l'aire de protection de la faune de la vallée de Creston (Colombie-Britannique), les gouvernements provincial et fédéral, en collaboration avec des organismes privés et des particuliers, protègent et gèrent un marais riche, d'une grande importance pour les oiseaux aquatiques en migration.