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Or

L'or (Au) est un métal jaune brillant connu pour sa grande densité (19,3 fois la masse d'un volume égal d'eau), estimé pour son exceptionnelle ductilité, sa grande résistance à la corrosion, son éclat et sa rareté.
Exploitation aurifère
Drague, Dawson City au Yukon (avec la permission d'Aerocamera Services).
Or, mine d
La mine de Hemlo dans le Nord de l'Ontario (photo de Brian Milne/First Light).
Pièce d
Pièce d'or de la Nouvelle-France de 1724 (photo de James Zagon/avec la permission du Musée de la monnaie, Banque du Canada).

L'or (Au) est un métal jaune brillant connu pour sa grande densité (19,3 fois la masse d'un volume égal d'eau), estimé pour son exceptionnelle ductilité, sa grande résistance à la corrosion, son éclat et sa rareté. La pyrite de fer, parfois appelée l'or des fous, se différencie de l'or véritable par sa fragilité, sa dureté et sa couleur noire lorsque mise en poudre.

L'or est le plus stable des métaux. Il se trouve habituellement à l'état natif ou libre. On le découvre principalement dans les veines (filons) du substrat rocheux, mais aussi sous forme de pépites, de paillettes ou de poussières mêlées au sable et au gravier des ruisseaux et des rivières. L'or est également un sous-produit des mines de métaux communs, source du cinquième de la production aurifère canadienne.

Extraction

La nature du minerai détermine le procédé de séparation et de récupération adopté. Quand l'or se présente sous une forme relativement grossière et libre, il peut être récupéré par des moyens mécaniques tels que des pièges à gravité et des tables à secousses où, en raison de sa densité élevée, il se sépare des autres minéraux. Le procédé chimique par cyanuration permet de récupérer l'or finement dispersé dans le minerai. Le procédé est complexe; il consiste à dissoudre l'or par immersion du minerai finement moulu dans une solution cyanurée, puis à agiter le mélange en milieu aérobique. Après avoir subi divers traitements, la solution est clarifiée, puis le métal est précipité par l'ajout de poudre de zinc à la solution. À l'étape de la méthode du charbon en pulpe de ce procédé, dans laquelle on se sert du charbon activé pour recueillir l'or sans avoir à filtrer la boue contenant le minerai broyé, compte au nombre des récentes améliorations apportées au processus. Le charbon activé est délesté de son or dans un bain d'acide puis recyclé.

Une fois séparé du minerai sous forme d'un précipité impur, l'or est placé dans un four à haute température en présence d'un fondant. Il s'y produit alors une réaction chimique au cours de laquelle le fondant et les impuretés se combinent et produisent des scories. L'or en fusion se retrouve au fond du four d'où il s'écoule pour être moulé en « dorés », des lingots contenant tout l'or et l'argent qui se trouvait dans le minerai brut.

La demande industrielle mondiale d'or est principalement le fait de la joaillerie, de l'électronique et des pièces de monnaie officielles. Depuis la nuit des temps, l'or a été un symbole de richesse. Même s'il est trop mou pour la fabrication d'armes ou d'outils, l'or est apprécié pour sa valeur esthétique et monétaire. Métal chimiquement inerte, il a longtemps servi en dentisterie pour les couronnes et les obturations. Sa résistance à la corrosion et sa conductivité électrique en font un matériau de choix dans l'électronique de précision. L'application d'un film d'or sur des vitres améliore leurs propriétés thermiques de façon phénoménale, réduisant les gains de chaleur en été et les pertes en hiver. On a employé cette technique pour l'édifice de la Banque Royale à Toronto.

Or au Canada

On trouve de l'or dans le Bouclier canadien, en Colombie-Britannique, au Nunavut et dans l'île de Terre-Neuve. Les premières découvertes d'or au Canada remontent à 1823, sur les berges de la rivière Chaudière, dans les Cantons de l'Est, au Québec. En 1858, à la suite des fabuleuses ruées vers la Californie et l'Australie, de l'or est découvert dans le sable du fleuve Fraser, en Colombie-Britannique, ce qui déclenche la ruée vers l'or de Cariboo. Près de 40 ans plus tard, la légendaire ruée vers l’or du Klondike, au Yukon, marque le début d'une des périodes les plus productives de l'histoire de l'exploitation aurifère canadienne.

Dès le 20e siècle, plusieurs camps miniers d'or importants tels que Porcupine, Timmins, Larder Lake, Kirkland Lake et Red Lake voient le jour dans le Nord de l'Ontario. La fièvre de l'or traverse la frontière québécoise et gagne le nord de la province; de l'or est alors découvert à Bourlamaque, à Val d'Or, à Chibougamau et à Malartic. Avec la Deuxième Guerre mondiale et les dépenses qu'elle entraîne, la production canadienne d'or connaît une bonne augmentation. En 1941, elle atteint un niveau record de 166 tonnes, puis elle décline considérablement à cause de la guerre.

En 1970, les coûts de production trop élevés provoquent la fermeture de nombreuses mines au Canada. La production diminue, n'atteignant que le tiers de la production des meilleures années. Puis des modifications dans les politiques monétaires internationales engendrent une hausse marquée du prix de l'or à la fin des années 1970 (voir Étalon-or), ce qui relance les activités de prospection et encourage l'exploitation de nouveaux sites miniers. En 1981, la découverte d'un important gisement d'or à Hemlo, dans le Nord de l'Ontario, suivie d'autres découvertes et d'activités de mise en valeur dans tous les territoires et provinces du Canada aboutissent à une augmentation de la production et redonnent à l'or une place importante dans l'économie canadienne. On produit près de 175 tonnes d'or en 1990 et en 1997, et 150 tonnes en 2001. Puis la production aurifère chute pour atteindre 94,8 tonnes en 2008, son résultat le plus bas en 22 années. Comme la valeur de l'or augmente de façon inversement proportionnelle à sa production, la valeur de la production canadienne enregistre alors un record, 2,82 milliards de dollars en 2008 comparativement à 2,47 milliards de dollars en 2007, soit un bond de 15 %.

Environ 90 % de la production aurifère du Canada provient de roches dures de mines souterraines et à ciel ouvert; le reste provient des mines de métaux communs et de l'exploitation de placers. L'or canadien est principalement produit en Ontario et au Québec. Les mines arrivées à maturité, la diminution des investissements de développement et le manque de fonds pour la prospection ont causé ce déclin de la production aurifère. De 2002 à 2007, cependant, une augmentation des dépenses de prospection s'est soldée par une augmentation des réserves et des ressources dans les gisements connus et les nouveaux gisements, de même que dans d'anciennes mines.

Participation des Autochtones à l'exploitation aurifère

Les Autochtones sont les premiers à avoir prospecté et exploité les ressources minières en Amérique du Nord. Ils utilisaient notamment l'or, le cuivre, l'argent et le cobalt pour fabriquer des outils, des armes et d'autres objets, ainsi que dans leur art. Ils ont découvert de l'or dans le nord-ouest du Pacifique et leurs tentatives pour défendre leurs gisements ont conduit à la guerre du fleuve Fraser de 1858 et à la création des réserves indiennes en Colombie-Britannique. Dans les années 1850, les Nlaka'pamux de la rivière Thompson et du fleuve Fraser commencent à vendre de l'or à la Compagnie de la Baie d'Hudson. Comme le territoire n'est pas officiellement colonisé par les Britanniques, James Douglas, alors gouverneur de la Colombie-Britannique, essaie de garder secrète la découverte de cet or dans l'espoir d'éviter l'afflux de mineurs américains. Malgré tout, la rumeur se répand et des mineurs arrivent en grand nombre. En juillet 1857, les Nlaka'pamux chassent des mineurs de leur territoire, le long du fleuve Fraser. À l'été de 1858, les mineurs surpassent en nombre les Autochtones et, cette fois, ce sont ces derniers qui sont chassés de leur territoire. Douglas presse le gouvernement britannique d'assurer une présence dans cette région. La tension monte entre les mineurs et les Autochtones, des attaques de représailles ont lieu et des troupes sont demandées en renfort.

Aujourd'hui, on constate une corrélation entre les endroits où les communautés autochtones se sont établies, les gisements métallifères connus et les activités minières. En fait, selon Ressources naturelles Canada, il y aurait environ 1200 communautés autochtones implantées à moins de 200 km d'activités minières. Depuis l'industrialisation des activités minières au Canada, les Premières Nations n'ont pas souvent eu la parole dans le processus décisionnel concernant l'exploitation minière sur ou à proximité de leurs terres ancestrales, et elles n'en tirent que peu de bénéfices. La situation évolue, notamment grâce à l'amélioration de leur capacité de négociation de leurs droits et titres ancestraux ainsi que dans les revendications territoriales. Bien qu'il n'existe pas de données récentes sur l'emploi des Autochtones dans le secteur aurifère, on sait que certains d'entre eux travaillent dans les mines; ils sont principalement ouvriers, mineurs, chauffeurs de camion, opérateurs d'équipement et employés de l'entretien.

Développement minier durable

Au Canada, l'industrie minière ne ménage pas ses efforts pour surmonter un passé lourd en dommages environnementaux. Entre autres conséquences de l'exploitation aurifère, on déplore le rejet de milliers de tonnes de mercure et de cyanure dans l'environnement. En 2004, l'Association minière du Canada (AMC) lance son programme « Vers le développement minier durable ». Ce programme encourage les compagnies minières à développer une conscience environnementale et sociale. Parmi les principes directeurs, l'objectif déclaré est de contribuer « aux initiatives mondiales qui visent à promouvoir la production, l'utilisation et le recyclage des minéraux et des métaux de façon sécuritaire et respectueuse à l'égard de l'environnement; [d'essayer] de minimiser l'incidence de nos activités sur l'environnement et la biodiversité, à toutes les étapes de l'exploitation, depuis l'exploration jusqu'à la fermeture; [de collaborer] avec les communautés d'intérêts pour traiter les enjeux liés aux legs du passé tels que les mines orphelines ou abandonnées ».

Le programme est autosurveillé en fonction de critères d'évaluation établis par l'AMC pour la gestion des résidus, de l'énergie, des communications en temps de crise et des relations avec les communautés voisines. Chaque année, les membres de l'AMC doivent évaluer leurs propres performances en la matière et communiquer leurs résultats. Alors qu'on ignore pour le moment si ce programme est une innovation qu'il faut saluer ou une simple tentative d'écoblanchiment, son existence même atteste de l'évolution surprenante de l'industrie.