Jeunesse
Pauline est l’enfant unique de Charles Archer, un juge de la Cour supérieure du Québec, et de Thérèse de Salaberry, une descendante de Charles-Michel d’Irumberry de Salaberry, qui commandait les forces de l’Amérique du Nord britannique à la Bataille de Châteauguay pendant la Guerre de 1812. Pauline est éduquée au Collège du Sacré-Cœur de Montréal de 8 à 11 ans, puis à la maison par des gouvernantes qui lui enseignent le français, l’anglais, l’italien, la musique et la catéchèse. Elle développe une foi religieuse profonde, racontant, plus tard dans sa vie : « J’ai sérieusement pensé alors que je voudrais devenir une religieuse, et j’étais très attirée par l’idée d’une vie religieuse. Quand j’ai eu 12 ans, j’ai entendu un de nos grands missionnaires parler de sa vie dans le Nord, et j’ai décidé à ce moment que je joindrais son ordre et vivrais dans l’Arctique. »
Pauline reçoit une formation d’infirmière à l’âge de 19 ans, et elle devient bénévole pour la Croix-Rouge dans un hôpital pour militaires convalescents de 1917 à 1919, pendant la Première Guerre mondiale et l’épidémie de grippe espagnole. Elle se joint ensuite à un comité pour accueillir les soldats canadiens revenant de la guerre.
Mariage et famille
Le 29 septembre 1921, Pauline épouse Georges Philias Vanier, avocat et membre fondateur du Royal 22e Régiment (surnommé les Van Doos). Le couple a cinq enfants : Thérèse, qui deviendra capitaine du Service féminin de l’Armée canadienne durant la Deuxième Guerre mondiale puis hématologue et médecin en soins palliatifs, et fondera la communauté de l’Arche pour personnes ayant un handicap mental au Royaume-Uni; Georges, surnommé « Byngsie » en mémoire de son parrain, le gouverneur-général Julian Byng, vicomte de Vimy, qui se joindra au monastère trappiste d’Oka, au Québec, et prendra le nom de Benedict; Bernard, peintre et professeur d’anglais; Jean, officier naval, philosophe, philanthrope et fondateur original de la communauté de l’Arche en France; et Michel, professeur de sciences politiques.
Diplomatie et œuvre humanitaire
Après leur mariage, les Vanier vivent à Kingston, où Georges Vanier fréquente le Collège militaire royal du Canada. En 1921, il est nommé aide de camp du gouverneur-général Julian Byng, qui devient un ami proche des Vanier. Pauline Vanier voyage beaucoup, agissant comme hôtesse durant la longue carrière diplomatique de son mari. De 1930 à 1939, le couple vit à Londres, où Georges Vanier est secrétaire du Haut-commissariat du Canada. En 1939, les Vanier s’installent à Paris, où Georges Vanier est diplomate.
Ils fuient l’invasion nazie en 1940, puis reviennent après la Libération, quand Georges Vanier devient le premier ambassadeur du Canada en France, poste qu’il conserve jusqu’en 1953. Pauline Vanier s’active pour aider les réfugiés déplacés par la Deuxième Guerre mondiale : « Nous accueillions les réfugiés avec des boissons, des rafraîchissements, des vêtements et des kits de survie, et nous essayions de rejoindre leurs familles, leurs amis, ou quiconque pouvait les accueillir. Beaucoup, cependant, ne savaient si des gens qu’ils connaissaient étaient encore vivants, et encore moins où ils se trouvaient. Pour eux, nous organisions des refuges temporaires. Puis nous prenions leur photo et les installions sur de longs panneaux le long des stations de chemin de fer, dans l’espoir que quelqu’un dans la foule reconnaîtrait, dans les noms ou les images, des parents ou des amis depuis longtemps perdus de vue. » Les Vanier militent pour changer les lois sur l’immigration du Canada, permettant à 186 000 réfugiés européens de s’établir au Canada entre 1947 et 1953.
Consort vice-royale
En 1959, le premier ministre John Diefenbaker conseille à la reine Elizabeth II de nommer Georges Vanier en tant que gouverneur-général, le deuxième d’origine canadienne après Vincent Massey, qui a détenu le poste de 1952 à 1959. La nomination est populaire à la fois parmi les Canadiens anglais et les Canadiens français, en raison de l’exceptionnelle carrière militaire et diplomatique de Georges Vanier.
Un des premiers invités des Vanier à Rideau Hall est la princesse Alice, comtesse d’Athlone, qui a été consort vice-royale de 1940 à 1946. Pauline raconte avoir demandé conseil à la comtesse : « Alors, nous nous installâmes dans mon salon et [Alice] commença. “Premièrement, vous devez en tout temps paraître légèrement réservée et garder une petite distance. Et ne laissez jamais les gens vous appeler ʻPaulineʼ. Vous devez être prête pour les gens qui vous feront une révérence. Et en aucun cas vous ne devez embrasser quiconque en public, particulièrement une figure politique, car cela démontrerait un favoritisme.” J’ai trouvé tout cela très difficile, considérant mon caractère. »
Pauline Vanier supervise les rénovations de Rideau Hall et de la Citadelle de Québec, incluant l’actuelle décoration de couleur bleu et or de la salle de bal de Rideau Hall et l’installation d’une murale photographique du vieux Québec dans sa salle à manger à la Citadelle.
Les Vanier reçoivent de nombreux invités prestigieux à Rideau Hall, dont John et Jacqueline Kennedy en 1961 et le président de France Charles de Gaulle, qu’ils ont soutenu pendant la Deuxième Guerre mondiale. Pauline Vanier est en désaccord avec de Gaulle au sujet du séparatisme québécois. En 1967, se souvient-elle, « Le général de Gaulle se tourna vers moi et me dit : “Madame Vanier, quel avenir pensez-vous qu’il y a pour le Canada ?” Je répondis : “Général, je ne peux voir aucun autre avenir que celui qu’envisage mon mari, un pays uni par deux grandes races fondatrices.” »
Les Vanier voyagent beaucoup au Canada, et Pauline Vanier, extravertie, est populaire auprès des Canadiens. Elle se souvient que les voyages d’un bout à l’autre du pays étaient « la meilleure manière de garder le contact avec les sentiments dans le pays. Presque jamais, nous n’avons reçu d’aussi belles réceptions, où que nous allions. »
En 1965, Georges et Pauline Vanier fondent l’Institut Vanier de la famille, peu après la première conférence canadienne sur la famille en 1964. L’Institut est une organisation à but non lucratif qui promeut la conscientisation et la compréhension de la complexité et la diversité des familles canadiennes par la promotion, la sensibilisation du public, la recherche et les publications.
Georges Vanier meurt en fonction en 1967. La même année, le premier ministre Lester B. Pearson nomme Pauline Vanier au Conseil privé de la Reine pour le Canada à la place de son mari (selon la coutume, les gouverneurs-généraux se joignent au Conseil privé à la fin de leur mandat). Pauline Vanier est la première femme hors de la politique de parti à occuper ce rôle.
Chancelière de l’Université d’Ottawa
En 1965, Pauline Vanier est nommée chancelière de l’Université d’Ottawa, un poste qu’elle conservera jusqu’en 1973. Elle est la première laïque et la première femme à occuper ce poste, et elle parle de son installation comme de l’« un de ses plus grands moments de fierté ». Dans son premier discours de chancelière, elle fait allusion à sa profonde foi religieuse : « L’idéalisme vient naturellement aux jeunes, si nous l’encourageons à s’épanouir. Mais l’idéalisme, sans la foi pour le motiver et le soutenir, se flétrit devant les épreuves et les tentations de la vie adulte. Aussi, par-dessus tout, nous devons cultiver la foi et le sens des valeurs chez nos jeunes, sans quoi la société s’écroulera autour de nous. »
Participation à l’Arche
À l’âge de 73 ans, Pauline déménage en France et s’engage dans la communauté de l’Arche pour les personnes ayant un handicap mental, fondée par son fils Jean en 1964. Elle est active dans la communauté pendant 19 ans, jusqu’à son décès en 1991. Pauline est enterrée avec son mari à la Citadelle.
Honneurs et postérité
Pauline Vanier a reçu la Légion d’Honneur du gouvernement français pour son œuvre caritative. Au Canada, elle a reçu des diplômes honorifiques de nombreuses universités, et elle a été nommée « Femme de l’année » par la Presse Canadienne en 1965. Le 6 juillet 1967, elle est devenue l’un des premiers compagnons du tout nouvel Ordre du Canada en reconnaissance de son œuvre humanitaire.
De nombreuses écoles, édifices et lieux portent le nom de Pauline Vanier, dont le parc Pauline-Vanier à Ottawa et Vanier Hall, une résidence pour femmes de l’Université Saint Thomas à Fredericton, au Nouveau-Brunswick.
Georges et Pauline Vanier sont tous deux en procès de béatification par l’Église catholique, une des étapes vers la canonisation.