Peter Collins
Peter Collins, architecte et historien de l'architecture (13 août 1920, Leeds, Angl. - Westmount, Qc, 7 juin 1981). Considéré comme l'un des plus grands professeurs d'architecture canadiens du 20ième siècle, P. Collins propose une nouvelle façon de comprendre le modernisme, autant dans les cours qu'il donne que dans les ouvrages primés qu'il publie.Très tôt, sa vie et sa carrière sont marquées par une grande mobilité géographique. Né en Angleterre, il se passionne pour l'architecture française. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il s'engage comme homme de troupe dans les Hussards du Yorkshire; il sert comme officier du renseignement au Moyen-Orient et en Italie. À la fin de la guerre, il retourne à Leeds pour y achever ses études d'architecture, puis part pour Fribourg, en Suisse, où il travaillera dans le cabinet de Denis Honegger, ancien élève d'Auguste Perret, l'un des premiers architectes à utiliser le béton armé. À Paris, où il retourne fréquemment, il travaille chez Pierre-Édouard Lambert, dont le cabinet est chargé de la reconstruction du Havre. Ce projet urbain de grande envergure est dirigé par Perret. Par la suite, P. Collins publie un article sur ces travaux, ce qui fait de lui une autorité de premier plan sur Perret.
Ayant épousé une Outaouaise, Margaret Gardner Taylor, en 1953, il s'installera au Canada en 1956. En 1955, il présente à l'Université de Manchester un mémoire de maîtrise portant sur la théorie de l'architecture française du milieu du XVIIIe siècle. Son essai sur la vie et l'oeuvre de Jacques François Blondel, architecte français du XVIIIe siècle, lui vaut en 1954 une médaille d'argent de l'Institut royal des architectes britanniques. Grâce à une bourse Fulbright, le jeune couple part en 1955 pour l'Université de Yale, où Collins enseignera l'histoire de l'architecture.
P. Collins poursuit la majeure partie de sa carrière à MONTRÉAL. Il enseigne à l'école d'architecture de l'UNIVERSITÉ MCGILL de 1956 à sa mort. Affectueusement surnommé « PC » par ses collègues, il donne des cours d'une grande rigueur intellectuelle, à la mesure de ses exigences et de sa quasi-obsession pour la précision du langage. Son intérêt marqué pour la hiérarchie et l'héraldique va de pair avec ses opinions politiques conservatrices, son insistance sur une tenue vestimentaire correcte et une ponctualité militaire. La densité du contexte architectural des années 60 à Montréal constitue le sujet de plusieurs des articles qu'il écrit en tant que correspondant du Manchester Guardian pour l'architecture. Dans les années 50 et 60, il rédigera près de 20 articles pour ce journal britannique, en plus d'une centaine d'autres pour de grandes revues d'architecture de la Grande-Bretagne, du Canada et des États-Unis.
Les trois livres qu'il a écrits représentent sans aucun doute son legs le plus précieux. Concrete, the Vision of a New Architecture (1959) porte principalement sur l'oeuvre de Perret. Changing Ideals in Modern Architecture (1965), encore très lu en tant que texte fondamental sur le modernisme, est d'abord paru sous la forme d'une série publiée par la revue Canadian Architect; il a été également publié en italien et en espagnol (en 1973). C'est dans cet ouvrage que Peter Collins situe la source des idéaux du XXe siècle bien avant le développement du modernisme et de l'architecture moderne.
Les recherches nécessaires à la rédaction de son ouvrage intitulé Architectural Judgment (1971) amènent P. Collins à retourner à Yale pour y étudier le droit. Son intérêt marqué pour le précédent, méthodiquement argumenté dans cet ouvrage qui compare l'architecture et le droit, a manifestement influencé sa critique du modernisme. Il admire les bâtiments inspirés par des précédents ou qui en créent, et méprise ceux qui demeurent uniques.
C'est maintenant seulement que le rôle de P. Collins en tant que figure de proue de l'historiographie du modernisme commence à attirer l'attention des chercheurs. Des éditions spéciales de revues d'architecture (ARQ et Fifth Column) consacrées à son oeuvre, la réédition de deux de ses livres et un symposium qui s'est tenu au Centre Canadien d'Architecture en 1999 ont suscité un regain d'intérêt pour sa prolifique carrière.