Contexte
Après avoir soumis à l’Office national du film (ONF) un projet de fiction documentaire scénarisée à propos de la chasse aux bélugas sur l’île aux Coudres, le réalisateur Pierre Perrault est présenté au directeur de la photo Michel Brault qui suggère de réaliser le film dans le style du cinéma direct (voir Cinéma documentaire) dont il a été le pionnier à l’ONF depuis la fin des années 1950. Pour la suite du monde, réalisé avec un budget de 80 000 $, est le résultat de cette collaboration.
Synopsis
Pendant des siècles, les habitants de l’île aux Coudres, une petite île située dans le Saint-Laurent près de Québec, ont chassé les bélugas en plongeant une fascine d’arbrisseaux dans la boue proche du littoral à marée basse. Cette pratique a été abandonnée après 1940. En 1962, une équipe de cinéastes dirigée par Pierre Perrault et Michel Brault, arrive sur l’île pour réaliser un documentaire sur les habitants et leur vie isolée tout en encourageant les insulaires à faire renaître la pratique de la pêche aux bélugas.
Réception critique et commerciale
Le film ainsi produit, intitulé Pour la suite du monde, filmé avec une incroyable sensibilité par Michel Brault, contient un certain nombre d’images absolument étonnantes. Il obtient un immense succès populaire à sa sortie au Québec et reçoit des critiques très élogieuses. La version originale en français de 105 minutes se voit raccourcie à 83 minutes dans sa version en anglais qui est connue sous divers titres : Moontrap, Of Whales, the Moon and Men ou For the Continuation of the World.
Cycle de l’île aux Coudres
Pierre Perrault réalise par la suite, en 1967, Le Règne du jour, un long métrage centré autour d’Alexis Tremblay et des autres villageois présents dans Pour la suite du monde en visite sur leurs terres d’origine en France, puis, en 1968, un autre long métrage, Les Voitures d’eau, à propos du destin des goélettes vieillissantes utilisées par les pêcheurs et du processus de construction d’un nouveau bateau, enfin, toujours en 1968, Le Beau plaisir, un court métrage qui offre une description détaillée des pièges à bélugas utilisés dans Pour la suite du monde, ces trois films constituant un cycle cinématographique consacré aux habitants de l’île aux Coudres.
Distinctions et héritage
Pour la suite du monde représente une évolution marquante dans le mouvement du cinéma-vérité, s’éloignant de la simple observation pour aller vers une participation plus directe et une importance plus grande accordée au discours des personnes dépeintes. En 1964, le film remporte le prix du Meilleur film de l’année au Palmarès du film canadien et se voit également accorder un prix spécial en reconnaissance de ses qualités visuelles, de son point de vue original et de ses qualités artistiques.
Le film est désormais considéré comme un classique du cinéma canadien. Le film fait régulièrement l’objet d’analyses approfondies et est systématiquement classé par les critiques comme l’un des meilleurs films canadiens jamais réalisés. Il est inscrit, en 1984, dans la liste des dix meilleurs films canadiens de tous les temps à l’occasion d’une enquête menée par le Festival international du film de Toronto. En 1996, le film a l’honneur de faire partie des dix films représentés sur une série de timbres-poste émis par Postes Canada pour célébrer le centième anniversaire du cinéma au Canada.
En 2008, Pour la suite du monde devient le premier film québécois à être désigné comme « chef-d’œuvre » par l’agence de presse québécoise spécialisée dans le cinéma Médiafilm. En 2012, Michel Brault se rend à l’île aux Coudres pour le 50e anniversaire du film où il rencontre les descendants des personnes qu’il a filmées. En octobre 2016, Pour la suite du monde est classé parmi 150 œuvres essentielles de l’histoire du cinéma canadien dans le cadre d’un sondage auprès de 200 professionnels des médias mené par le TIFF, Bibliothèque et Archives Canada, la Cinémathèque québécoise et la Cinematheque de Vancouver en prévision des célébrations entourant le 150e anniversaire du Canada en 2017.
Voir aussi : Longs métrages canadiens; Cinéma québécois.
Récompenses
Golden Mikeldi, Festival international du documentaire et du court métrage de Bilbao (1963)
Meilleur film de l’année, Palmarès du film canadien (1964)
Prix spécial, Palmarès du film canadien (1964)