Edwin John Dove (E.J.) Pratt, CGM, FRSC, poète, professeur, critique (né le 4 février 1882 à Western Bay à Terre-Neuve; décédé le 26 avril 1964 à Toronto en Ontario). E.J. Pratt était l’un des plus grands poètes canadiens du 20e siècle. Certaines de ses œuvres ont reçu des prix littéraires du Gouverneur général (1937, 1940, 1952) ainsi que la médaille du Conseil des arts du Canada pour distinction en littérature (1961). E.J. Pratt a reçu de nombreuses distinctions au cours de sa vie, notamment le titre de Compagnon de l’Ordre de Saint-Michel et Saint-Georges (1946).

Jeunesse, éducation et famille
Edwin John Dove (E.J.) Pratt est le fils du révérend John Pratt, un ministre méthodiste, et de Fanny Pitts Knight. Il grandit dans une succession de petits ports de Terre-Neuve, et il termine ses études au Methodist College de St. John’s. Après avoir enseigné pendant deux ans, il se présente pour devenir ministre méthodiste en 1904; il effectue une période de probation de trois ans avant d’entrer au Victoria College l’Université de Toronto, où il étudie la théologie et la psychologie. Il obtient son doctorat de l’Université de Toronto en 1917.
Le 20 août 1918, E.J. Pratt épouse l’écrivaine Viola Leone Whitney. Le couple a une fille, Mildred Claire, qui naît le 18 mars 1921.
Carrière universitaire
E.J. Pratt est ordonné en 1913, mais il n’exerce jamais la fonction de ministre régulier. De 1913 à 1920, il est ministre adjoint dans des églises de Streetsville, à Mississauga en Ontario, et il est chargé de cours en psychologie à l’Université de Toronto. En 1920, il est nommé au département d’anglais du Victoria College, où il enseigne jusqu’à sa retraite en 1953.
Poète célèbre
E.J. Pratt commence à publier de la poésie en 1914, mais avant Newfoundland Verse (1923), il n’attire que peu d’attention. Par la suite, il s’impose comme le poète canadien le plus important de la première moitié du siècle, publiant une douzaine de recueils de poèmes, de The Witches' Brew et Titans en 1926 à Collected Poems en 1958. Il est également fondateur et premier éditeur (1946-1943) du The Canadian Poetry Magazine.
E.J. Pratt est élu à la Société royale du Canada (1930), et il reçoit la médaille Lorne Pierce pour poésie en 1940. Trois de ses recueils de poésie remportent des prix littéraires du Gouverneur général : The Fable of the Goats and Other Poems (1937), Brébeuf and His Brethren (1940), et Towards the Last Spike (1952). En 1946, il est nommé Compagnon de l’Ordre de St-Michel et St-Georges (CMG) par le roi George VI.
Poésie
La poésie d’E.J. Pratt reflète souvent ses origines terre-neuviennes bien que les références spécifiques à cette région n’apparaissent que dans relativement peu de poèmes, mais particulièrement dans Newfoundland Verse. Toutefois, la mer et la vie maritime sont au cœur de plusieurs de ses poèmes. C’est le cas de ses poèmes courts (par exemple, « Erosion », « Sea-Gulls » ou « Silences ») et de ses poèmes longs, comme The Cachalot (1926), qui décrit les duels entre une baleine et ses ennemis, un calmar géant et un baleinier avec son équipage. The Roosevelt and the Antinoe (1930), un autre des poèmes narratifs d’E.J. Pratt raconte le sauvetage héroïque de l’équipage d’un navire de charge en perdition dans un ouragan hivernal. The Titanic (1935) est une version ironique de la célèbre tragédie maritime (voir Titanic), et Behind the Log (1947) est l’histoire dramatique des convois dans l’Atlantique Nord pendant la Deuxième Guerre mondiale (voir Bataille de l’Atlantique).
Sea Gulls
For one carved instant as they flew,
The language had no simile—
Silver, crystal, ivory
Were tarnished. Etched upon the horizon blue,
The frieze must go unchallenged, for the lift
And carriage of the wings would stain the drift
Of stars against a tropic indigo
Or dull the parable of snow.Now settling one by one
Within green hollows or where curled
Crests caught the spectrum from the sun,
A thousand wings are furled.
No clay-born lilies of the world
Could blow as free
As those wild orchids of the sea.(Mouettes de mer [traduction libre]
Un seul instant dans leur envol,
Un langage sans pareil
L’argent, le cristal, l’ivoire,
Ont été ternis. Gravée sur le bleu de l’horizon,
La frise doit être immobile, car l’élévation
Et le port des ailes entacheraient la dérive
Des étoiles contre l’indigo des tropiques
Ou terniraient l’histoire de la neige.Maintenant, se posant une à une
Dans des creux verts ou là où les crêtes
Frisées captent le spectre du soleil,
Un millier d’ailes se replient.
Aucun lys né de l’argile du monde
Ne pourrait être soufflé aussi librement
Que ces orchidées sauvages de la mer.)
Les thèmes des sciences et de la technologie apparaissent également fréquemment dans son œuvre et, durant les années 1930, ses poèmes manifestent une grande préoccupation pour les problèmes sociaux et économiques contemporains; The Fable of the Goats (1937) est un poème antiguerre écrit à la veille de la Deuxième Guerre mondiale. Dans Brébeuf and His Brethren (1940; trad. Brébeuf et ses frères, 1989) et dans Towards the Last Spike (1952), E.J. Pratt se tourne vers des thèmes spécifiquement canadiens, héroïques et historiques. Il raconte, dans Brébeuf and His Brethren, le martyre des missionnaires jésuites en Huronie au 17e siècle, et il fait un récit saisissant de la construction du chemin de fer du Canadien Pacifique dans Towards the Last Spike.
E.J. Pratt présente une vision de la vie généralement réaliste, souvent teintée d’humour et d’ironie. Les qualités qu’il apprécie et glorifie le plus sont le courage, l’abnégation, la loyauté et la défiance envers les oppresseurs. Poète important de la littérature canadienne, il demeure néanmoins une figure isolée, n’appartenant à aucune école ni aucun mouvement, et n’influençant directement que peu d’autres poètes de son époque.

Prix et distinctions
- Membre, Société royale du Canada (1930)
- Prix littéraire du Gouverneur général pour The Fable of the Goats and Other Poems (1937)
- Prix littéraire du Gouverneur général pour Brébeuf and His Brethren (1940)
- Médaille d’or Lorne Pierce pour services distingués à la littérature canadienne, Société royale du Canada (1940)
- Compagnon, Ordre de Saint-Michel et Saint-Georges (1946)
- Prix littéraire du Gouverneur général pour Towards the Last Spike (1952)
- Médaille du Conseil des arts du Canada pour distinction en littérature (1961)
Publications choisies
- Studies in Pauline Eschatology (1917)
- Rachel: A Sea Story of Newfoundland in Verse (1917)
- Newfoundland Verse (1923)
- The Witches’ Brew (1926)
- Titans (1926)
- The Cachalot (1926)
- The Iron Door: An Ode (1927)
- The Roosevelt and the Antinoe (1930)
- Many Moods (1932)
- The Titanic (1935)
- The Fable of the Goats and Other Poems (1937)
- Brébeuf and His Brethren (1940; trad. Brébeuf et ses frères, 1989)
- Dunkirk (1941)
- Still Life and Other Verse (1943)
- They are Returning (1945)
- Behind the Log (1947)
- Ten Selected Poems (1947)
- Towards the Last Spike (1952)
- Here the Tide Flows (1962)