Programme de réinstallation de Terre-Neuve
Depuis les débuts de la colonisation de Terre-Neuve, les gens se sont déplacés pour trouver de meilleurs lieux de pêche, de nouvelles terres ou de l'emploi. Lorsque les champs de pêche devenaient trop achalandés ou, comme ce fut le cas plus récemment, quand la pêche côtière déclinait, les gens quittaient leur domicile en quête de nouvelles perspectives d'emploi dans d'autres régions de Terre-Neuve, ailleurs au Canada ou aux États-Unis. Cela avait pour effet de réduire grandement la population de certaines communautés et d'en laisser d'autres complètement abandonnées.
Entre 1946 et 1954, quelque 49 communautés ont été ainsi abandonnées sans aucune assistance gouvernementale. En 1953, le ministère du Bien-être social de Terre-Neuve, sentant le besoin de venir en aide à ces communautés, a mis sur pied un programme centralisé d'assistance pour accélérer le processus. Le programme offrait une aide financière minime pour faciliter le déménagement des familles de communautés où les services de santé, d'éducation et autres étaient inexistants ou insuffisants et où tous les ménages avaient accepté de partir. Ainsi, 110 communautés ont été déplacées, ce qui marquait l'avènement des mesures d'aide gouvernementale à la réinstallation à Terre-Neuve et au Labrador.
Le programme de réinstallation de Terre-Neuve qui succédait à celui de la centralisation était une initiative fédérale-provinciale. De 1967 à 1975, les habitants de 150 communautés ont reçu une aide financière. Le montant maximal d'assistance était augmenté de 400 $ à 1000 $ ou plus, selon le nombre de membres du foyer, et la proportion exigé quant au pourcentage de familles acceptant de partir était diminué de 100 p. 100 à 75 p. 100. Un comité fédéral-provincial de réinstallation approuvait le déménagement de chaque famille vers un des « centres de croissance », soit vers une des 77 communautés plus importantes de Terre-Neuve. Ces centres étaient apparemment désignés parce qu'ils étaient plus grands et qu'ils offraient de meilleurs services sociaux et de meilleures perspectives d'emploi.
Ce programme, aujourd'hui abandonné, est généralement considéré comme un échec. Malgré les services sociaux supérieurs des centres de croissance, surtout dans le domaine de l'éducation, plusieurs industries y ont échoué et les travailleurs réinstallés avaient dû délaisser la pêche, leur gagne-pain traditionnel. La piètre intégration sociale et économique de ces gens dans leur nouvelle communauté a entraîné dysfonction et aliénation sociales. Avec la reprise de la pêche côtière, certains pêcheurs et leur famille, surtout ceux de la baie de Plaisance, sont retournés à leur travail saisonnier ou annuel, dans leur ancienne communauté, sans assistance gouvernementale. On organise souvent des réunions dans ces localités abandonnées pour marquer la fin d'un style de vie.