Famille
George Imlach est l’enfant unique de George Alexander Imlach et d’Isabella Cheyne, deux Écossais venus au Canada en 1911. George A. Imlach, ancien militaire dans l’armée britannique, se porte volontaire pour le service au Canada lorsque la Première Guerre mondiale éclate. Le 20 mai 1915 à Festubert, il est blessé au combat par un éclat d’obus qui fracasse un os dans son bras gauche. Le membre ne guérit jamais complètement, et le soldat est envoyé à Toronto et démobilisé en octobre 1916. Il en profite pour renouer avec le soccer — un sport auquel il a joué plus jeune — en gérant le Ulster United, une talentueuse équipe canadienne à Toronto.
Début de carrière comme joueur
Tout comme son père, George Imlach grandit en jouant au soccer, ainsi qu’au hockey, à la crosse et au baseball. Adolescent, il étudie au Riverdale Collegiate. En février 1935, peu de temps avant son 17e anniversaire, George Imlach se fait inviter à Maple Leaf Gardens pour le camp d’essai d’une équipe de hockey junior torontoise appelée les Young Rangers. Cet hiver-là, il s’entraîne avec l’équipe tout en continuant à jouer dans la ligue de hockey junior, pour finalement intégrer l’équipe en 1935-1936. Au même moment, George Imlach décide d’abandonner le soccer pour se concentrer sur le hockey. Aux séries éliminatoires de l’Association de hockey de l’Ontario pour la saison 1937-1938, il se démarque — malgré la défaite de son équipe — contre une des meilleures équipes en compétition, les Generals d’Oshawa. Le jeune homme a alors obtenu son diplôme d’études secondaires et travaille pour la Banque Toronto-Dominion, à la succursale au coin des rues Queen et Broadview. Il est également de l’équipe de la Banque Dominion dans la ligue de hockey des banques de Toronto.
À l’hiver 1938-1939, George Imlach joue la première de deux saisons avec l’équipe séniore des Goodyears de Toronto. Lors d’un match à Windsor cet hiver-là, il est plaqué et assommé sur le coup. On raconte que lorsqu’il reprend connaissance, George Imlach se met à frapper ses coéquipiers ou son entraîneur (les multiples versions du récit, même celles de George Imlach, diffèrent à ce sujet), ce qui lui vaut le surnom « Punchy ». Le quolibet est plus tard raccourci pour « Punch ».
Années de guerre
À l’été 1939, George Imlach rencontre un homme de Glasgow qui cherche des joueurs pour une ligue de hockey en Écosse. George Imlach accepte de jouer dans la ligue, mais le déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale fait tomber ses plans à l’eau. Il renoue donc avec les Goodyears à la saison 1939-1940. Lorsque l’équipe fusionne aux Marlboros de Toronto, la saison suivante, George Imlach entreprend des démarches pour intégrer l’équipe séniore A des Sénateurs d’Ottawa, notamment en demandant d’être muté dans la capitale. La demande, cependant, esft refusée, une décision que George Imlach attribue au fait que le président de sa banque est également président des Goodyears. S’il finit par quitter son emploi à la banque, il accepte néanmoins de jouer pour les Marlboros pour la saison 1940-1941. La saison suivante, Lex Cook amène George Imlach à Cornwall, en Ontario, afin qu’il joue pour les Flyers de Cornwall dans la Ligue de hockey sénior
du Québec. En avril 1942, lorsque Lex Cook reçoit le mandat de monter une équipe de militaires à Cornwall pour la saison 1942-1943, George Imlach s’enrôle dans l’armée. Il est promptement nommé lieutenant et passe le reste de la guerre au pays, à entraîner les troupes. En janvier 1943, George Imlach épouse la Torontoise Dorothy « Dodo » Simons.
Dans son livre Hockey Is a Battle, George Imlach raconte qu’il a manqué toute une saison de jeu à cause d’un poignet brisé. Il passe donc la saison à titre d’entraîneur. Ce repos forcé signifie qu’il n’est pas au sommet de sa forme lorsque les Red Wings de Détroit l’invitent à leur période d’entraînement à la fin de la guerre. Son ami et collègue militaire Tommy Ivan l’invite donc à rejoindre le club-école des Omaha Knights de Détroit, mais George Imlach reste plutôt fidèle à Lex Cook et se rend à Québec pour jouer avec les As. Grâce à son expérience à la banque, il décroche un poste en comptabilité à la Anglo-Canadian Pulp and Paper Company, une papetière qui commandite les As.
Début de carrière d’entraîneur : Québec et Springfield
George Imlach joue pour les As de Québec pendant deux saisons (1945-1946 et 1946-1947) avant de devenir joueur-entraîneur pour l’équipe en 1947-1948. Après la saison 1948-1949, il abandonne le jeu pour se concentrer sur son mandat d’entraîneur, qu’il défend à Québec jusqu’en 1956-1957. Durant cette période, il devient également directeur général et copropriétaire des As, qui comptent nul autre que Jean Béliveau dans ses rangs pendant deux saisons, de 1951 à 1953.
Après que les As remportent le Trophée d’Édimbourg à titre de champions du Canada en division professionnelle mineure en 1957, George Imlach est embauché par les Bruins de Boston comme entraîneur et directeur général du club-école des Indians de Springfield, dans la Ligue américaine de hockey. L’équipe de Springfield finit en quatrième position au classement et se rend jusqu’aux finales de la coupe Calder, mais George Imlach ne s’entend pas avec le propriétaire Eddie Shore, qui décide de reprendre le contrôle de l’équipe à la fin de la saison.
Maple Leafs de Toronto
Le 10 juillet 1958, Punch Imlach accepte un contrat de deux ans comme entraîneur adjoint des Maple Leafs de Toronto. Il commence à travailler avec l’équipe en août, sous la supervision d’un comité de gestion de sept personnes présidé par Stafford Smythe (le fils du fondateur de l’équipe Conn Smythe). Une des premières tâches de George Imlach est de négocier le contrat de Johnny Bower, un ancien des Barons de Cleveland, dans la Ligue américaine.
Les Maple Leafs avaient raté les séries éliminatoires deux années de suite et avaient terminé en sixième et dernière position du classement de la LNH en 1957-1958. Le 21 novembre 1958, lorsque l’équipe continue d’obtenir des résultats décevants au début de la saison suivante, George Imlach est promu directeur général. Une semaine plus tard, il congédie l’entraîneur Bill Reay et s’empare de son mandat. Les Maple Leafs semblent destinés à rater les séries éliminatoires une troisième fois, mais George Imlach garde confiance. L’histoire lui donne raison lorsqu’une série de cinq victoires consécutives permet à l’équipe de se glisser en quatrième place, tout juste devant les Rangers de New York. Toronto défait ensuite Boston en demi-finale avant de plier devant les Canadiens de Montréal lors des finales de la coupe Stanley.
Sous la tutelle de George Imlach, les Maple Leafs ne cessent de s’améliorer. Au printemps 1962, l’équipe remporte sa première coupe Stanley, brisant ainsi une période de disette record de 11 ans en championnat. À la saison 1962-1963, l’équipe de Toronto se classe en tête du classement de la saison régulière pour la première fois depuis 1947-1948. Les Maple Leafs gagnent leur deuxième Coupe cette saison-là, puis une troisième encore au printemps 1964.
George Imlach est vu comme le cerveau derrière le succès de Toronto, et les admirateurs des Maple Leafs l’en remercient chaudement. Ce n’est toutefois pas tous les joueurs qui partagent cette opinion. En effet, George Imlach est dur avec ses joueurs; ses entraînements sont longs et les jours de repos, eux, sont rares. Il est également un fin manipulateur, multipliant les menaces de bannissement et refusant de négocier les contrats avant le début des périodes d’entraînement parce qu’il trouve les joueurs plus motivés quand ils ont peur de perdre leur emploi. Certains joueurs s’épanouissent dans ces conditions, mais ce n’est pas le cas de tous. La guerre psychologique qu’il mène avec Frank Mahovlich, par exemple, force le joueur étoile à quitter l’équipe à deux reprises pour épuisement mental. En 1965, Carl Brewer décide qu’il en a assez de se battre contre George Imlach et quitte l’équipe. Le stress atteint aussi George Imlach, qui doit être hospitalisé pour épuisement à la moitié de la saison 1966-1967. Les Maple Leafs jouent beaucoup mieux lors des 10 matches supervisés par King Clancy, l’assistant de George Imlach. Lorsque l’entraîneur revient au travail, il mène l’équipe à sa quatrième victoire de la coupe Stanley.
Bien qu’il accueille de jeunes joueurs étoiles comme Dave Keon et Ron Ellis dans l’équipe pendant son mandat, George Imlach préfère les joueurs plus vieux. Des vétérans comme George Armstrong, Tim Horton, Johnny Bower, Red Kelly, Bob Pulford (avec qui il multiplie les conflits) et Frank Mahovlich contribuent tous grandement au succès de l’équipe dans les années 1960. Lorsque la NHL passe de six à douze équipes en 1967-1968, toutefois, George Imlach peine à conserver son bataillon de vétérans. Les Maple Leafs perdent un grand nombre de leurs bons joueurs, dont le gardien Terry Sawchuk et les défenseurs Bob Baun et Kent Douglas. Red Kelly quitte également le jeu pour devenir entraîneur des Kings de Los Angeles, et Eddie Shack est échangé à l’équipe de Boston. Les Maple Leafs manquent les séries éliminatoires cette saison-là et, un an plus tard, le 6 avril 1969, George Imlach est congédié dans les minutes qui suivent l’élimination de l’équipe en quart de finale.
Sabres de Buffalo
George Imlach possède des parts des Canucks de Vancouver dans la Ligue de hockey de l’Ouest, mais lorsque l’équipe intègre la nouvelle LNH agrandie en 1970-1971, c’est un autre groupe de propriétaires qui en bénéficie. L’entraîneur accepte donc un poste d’entraîneur et de directeur général dans la nouvelle mouture des Sabres de Buffalo.
Grâce à Gilbert Perreault, un joueur recruté au premier tour aux repêchages de la LNH de 1970, George Imlach fait des Sabres une équipe plus compétitive. Une crise cardiaque durant la saison 1971-1972, toutefois, le force à délaisser l’entraînement. C’est donc à titre de directeur général qu’il mène les Sabres en finales de la coupe Stanley lors de leur cinquième saison, en 1974-1975. Au cours des années qui suivent, les Sabres continuent de bien jouer en saison régulière, mais ne réussissent pas à se classer pour les séries éliminatoires. Le 4 décembre 1978, après un début de saison laborieux, George Imlach est démis de ses fonctions.
Retour à Toronto
Dès 1975, le propriétaire des Maple Leafs, Harold Ballard, caresse le rêve de ramener George Imlach à Toronto. Les deux hommes en effet se connaissent depuis 1940, époque à laquelle Harold Ballard s’occupe des Marlboros de Toronto. Le 4 juillet 1979, après avoir laissé planer le doute depuis mars, Harold Ballard proclame officiellement le retour de l’ère Imlach. Le succès des années 1960, cependant, ne se répète pas.
George Imlach commence immédiatement à affirmer son contrôle sur l’équipe, ce qui crée des tensions avec le capitaine Darryl Sittler. En vertu de son contrat, Darryl Sittler ne peut être échangé. George Imlach décide donc de s’attaquer aux joueurs qui sont proches de lui, notamment Lanny McDonald, échangé le 28 décembre 1979. Avant le match des Maple Leafs le lendemain, Darryl Sittler proteste en retirant le C de son maillot. Malgré l’hostilité dans les vestiaires, l’équipe torontoise réussit à se rendre aux séries éliminatoires de 1979-1980.
Malgré une deuxième crise cardiaque en août 1980, George Imlach continue d’entraîner les Maple Leafs pendant la saison 1980-1981. En septembre 1981, il est forcé de se retirer en raison d’un autre malaise cardiaque. Lorsqu’il revient à Maple Leaf Gardens en novembre, George Imlach découvre que sa place de stationnement a été réassignée et que Gerry McNamara est maintenant directeur général. George Imlach ne reprendra jamais ses fonctions, même s’il n’a jamais été officiellement renvoyé. Après son intronisation au Temple de la renommée du hockey en 1984, Punch Imlach est hospitalisé pour des symptômes de crise cardiaque en novembre 1985. Il décède le 1er décembre 1987, des suites d’une autre crise cardiaque survenue deux jours plus tôt.