Ray Mead, artiste visuel (né le 22 septembre 1921 à Watford, Hertfordshire, en Angleterre; décédé le 5 septembre 1998 à Toronto, en Ontario). Membre du Groupe des Onze et de l’Ontario Society of Artists, Ray Mead fait partie des artistes exposés lors du Jubilee Year Canadian Art Show à l’Art Gallery of Toronto (maintenant Musée des beaux-arts de l’Ontario) en 1950 et, en 1954, de l’exposition du Groupe des Onze à la Roberts Gallery. L’un des peintres du 20e siècle les plus célébrés au Canada, Ray Mead joue un rôle crucial dans le développement du modernisme au Canada.
Enfance et éducation
Élevé au sein d’une famille cultivée de la classe moyenne dans une petite communauté rurale au nord-ouest de Londres appelée Watford, dans la région d’Hertfordshire, Ray Mead nourrit son amour de l’art dès le plus jeune âge auprès de sa grand-mère, collectionneuse d’œuvres d’art et conteuse. Cette dernière agit à titre de guide, d’historienne de l’art et de décodeuse d’œuvres auprès du jeune homme, lors de leurs régulières excursions au Musée Tate et à la National Gallery de Londres. Lorsqu’il n’est pas dans les musées, Ray Mead étudie la collection personnelle de sa grand-mère, qui contenait des œuvres de James McNeill Whistler et Gils Anderson.
C’est durant ces premières années formatrices que Ray Mead reçoit ses premières leçons d’art de son oncle, un peintre amateur. À 10 ans, il se dévoue entièrement au dessin, se faisant la main et aiguisant son œil en reproduisant le port St. Ives, près de chez lui. À 14 ans, il demande à Charles Holmes, peintre-paysagiste, de lui enseigner les techniques traditionnelles.
Ray Mead obtient ensuite un diplôme en beaux-arts à la Slade School of Art à Londres, sous la tutelle de Randolph Schwabe, Gilbert Spencer et John Nash. Il se familiarise avec l’œuvre de Mark Gertler, Henry Moore et Augustus Hohn, qui comptent parmi les artistes anglais importants de l’époque. L’accent que ces artistes mettent sur la précision et la technique a un impact majeur sur Ray Mead, impact qui se reflète dans ses premières toiles tout en retenue.
En 1939, peu de temps après l’obtention de son diplôme, Ray Mead rejoint les Forces de l’armée de l’air comme pilote de chasse. Une blessure en 1941 le confine à la base aérienne Mount Hope à Hamilton, en Ontario, mais il est bientôt réaffecté à l’entraînement des pilotes de bombardiers américains. De passage à New York, il découvre la peinture américaine et est immédiatement attiré par les compositions mi-abstraites qui font fureur à l’époque.
Début de carrière
De retour à Hamilton, Ray Mead se lie d'amitié avec Hortense Gordon, peintre et ancienne élève d’Hans Hofmann, tissant ainsi une relation qui s’est avérée plus que profitable. C’est elle qui le convainc de participer au Jubilee Year Canadian Art Show de 1950 à l’Art Gallery of Toronto, une exposition rassemblant des artistes d’un bout à l’autre du pays. La contribution de Ray Mead, une nature morte de style cubiste, sort du lot parce qu’elle représente un axe nouveau dans la peinture canadienne, une reconnaissance qui le place au-devant de la scène artistique canadienne.
Au début des années 1950, Ray Mead devient membre de l’Ontario Society of Artists et participe à la 80e exposition annuelle du groupe à l’Art Gallery of Toronto, où sa nature morte Bottles in the Evening, lui vaut le Prix Taber Dulmage Feheley Purchase qui récompense l’innovation en peinture. Cette œuvre, si elle est vaguement inspirée du cubisme, reste marquée par la technique classique anglaise apprise par Ray Mead. Or, cette technique entre résolument en conflit avec les tendances modernes qui animent son œuvre au cours des années 1950.
En 1953, un groupe de jeunes artistes, dont Ray Mead, fonde le Groupe des Onze. Leur objectif : résister au conservatisme propre à la tradition paysagiste canadienne qui, selon eux, a empêché le modernisme de s'imposer au Canada. La même année, Ray Mead découvre, lors d’un voyage à New York, le travail de Robert Motherwell et de Franz Kline. Leur style émotif et extrêmement dynamique ouvre la porte à Ray Mead et lui permet de briser la rigidité de ses lignes et d’explorer les possibilités expressives de la peinture.
En 1958, Ray Mead s'installe à Montréal pour travailler à titre de directeur artistique dans une grande agence de publicité. Pendant ses années à l’agence, il continue à réaliser de nombreuses œuvres et s’éloigne peu à peu du dogme du Groupe des Onze. Cette année-là, il participe pour la dernière fois à leur exposition à l’École des Beaux-Arts, avant que le groupe ne se dissolve en 1960.
Milieu et fin de carrière
Les années 1960 sont une période particulièrement fructueuse pour l’artiste. Sa rencontre fortuite avec la collectionneuse et galeriste Denyse Delrue à l’École des Beaux-Arts en 1958 a des conséquences heureuses : cette dernière se prend d’affection pour le jeune artiste et organise pour lui deux expositions solos ( 1963 et 1964). Ray Mead expose au Musée des beaux-arts de Montréal (1960 et 1964) et au Musée des beaux-arts du Canada (1960 et 1961). Il participe également à l’importante Centennial Exhibition en 1967 à l’Art Gallery of Hamilton et, en 1972, à l’exposition Toronto Painting au Musée des beaux-arts de l’Ontario.
Des ennuis de santé causés par les produits chimiques présents dans la peinture dont il se sert tout au long de sa carrière mettent une fin brutale à sa production en 1964. Huit ans plus tard, il revient à la peinture et réaffirme son intérêt pour la couleur en peignant maintes abstractions de grand format. Des années 1970 à 1990, il passe de la peinture à l’huile à l’acrylique. Il peut ainsi atteindre une pureté semblable à celle qu’on retrouve dans les œuvres du peintre américain Mark Rothko. En 1982, Ray Mead fait l’objet d’une rétrospective à la Robert McLaughlin Gallery à Oshawa, organisée par Joan Murray. L’exposition est louangée pour la franchise étonnante et la profondeur émotionnelle du style mature de Ray Mead.
Ray Mead travaille ensuite sans agent, ce qui ne l’empêche pas de participer à un certain nombre d’expositions seul ou en groupe. En 1986, il s'installe à Toronto.
Au début des années 1990, Ray Mead, représenté par le Torontois Simon Dresdnere, présente deux expositions solos, en 1991 et en 1992. Il rejoint ensuite la Christopher Cutts Gallery, qui l’accueille jusqu’à sa mort en 1998.