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Ma vie (racontée malgré moi), par Henry K. Larsen

En partie inspiré par le massacre de l’école secondaire Columbine, le roman The Reluctant Journals of Henry K. Larsen (2012; trad. Ma vie (racontée malgré moi), par Henry K. Larsen, 2014), a remporté le prix littéraire du Gouverneur général dans la catégorie de littérature jeunesse en 2012. Ce roman de Susin Nielsen relate l’histoire d’Henry Larsen, un adolescent forcé d’affronter ses émotions et d’apprendre à aller de l’avant après la fusillade commise à son école par son frère, victime d’intimidation et d’exclusion. Nommé livre pour enfants de l’année par l’Association canadienne des bibliothèques, le roman a aussi gagné le prix Ruth et Sylvia Schwartz de littérature jeunesse.

Origines

En 1988, Susin Nielsen, qui a grandi à London et à Chatham, en Ontario, débute sa carrière d’auteure en travaillant sur la série télévisée Degrassi Junior High. Entre les épisodes qu’elle écrit, elle publie aussi quatre romans pour jeunes adultes dérivés de la série. Cette expérience l’encourage à créer des histoires originales. Après deux décennies à travailler principalement dans le domaine de la télévision, elle signe son premier roman jeunesse, Word Nerd (2008; trad. Les maux d’Ambroise Bukowski, 2013), qui reçoit d’excellentes critiques. Son deuxième roman, Dear George Clooney, Please Marry My Mom, paraît en 2010 (trad. Dear George Clooney, tu veux pas épouser ma mère?, 2011).

C’est après avoir lu The Hour I First Believed (2008; trad. Le Chagrin et la grâce, 2009) de Wally K. Lamb que Susin Nielsen trouve l’inspiration pour Ma vie (racontée malgré moi), par Henry K. Larsen. L’histoire du roman de Wally K. Lamb se déroule au lendemain de la fusillade de l’école secondaire Columbine en 1999, et Susin Nielsen y apprend pour la première fois qu’un des tireurs avait un frère d’âge scolaire. Elle se demande alors comment les membres de la famille « laissés derrière » pourraient vivre les suites d’un tel acte.

Résumé

Le roman se présente comme le journal intime d’Henry Larsen, un adolescent de 13 ans vivant à Vancouver, en Colombie-Britannique. Henry commence à l’écrire suivant les conseils de sa psychologue, Cecil, qu’il soupçonne de ne pas être « la crème de la crème des psychologues ». Par cette écriture, celle-ci espère qu’il s’ouvrira par rapport à une expérience traumatisante de son passé récent, qu’il appelle seulement « ÇA » initialement.

Henry refuse de parler de ÇA en détail. Il indique plutôt qu’il vient de déménager à Vancouver et vit dans un petit appartement avec son père. Il est entouré de voisins agaçants, dont M. Atapattu, un accro du Home Shopping Network cuisinant des currys qui sentent très fort, ainsi que Karen, qu’il soupçonne de vouloir « voler » son père à sa mère absente.

À sa nouvelle école, Henry se lie d’amitié avec Farley Wong, l’enfant d’apparence la plus nerd qu’Henry ait jamais vu. Il sait qu’être l’ami de Farley pourrait équivaloir à un suicide social, mais leurs liens se resserrent malgré tout grâce à leur amour commun pour la lutte professionnelle. Farley encourage également son nouvel ami à se joindre à l’équipe Reach for the Top de l’école, un club qui participe à des jeux-questionnaires contre des équipes d’autres écoles. C’est là qu’Henry rencontre Alberta, une fille quelque peu punk pour laquelle il commence lentement à avoir des sentiments.

Inspiré par ses nouveaux amis nerds, Henry songe en privé à son frère, Jesse. Socialement exclu, ce dernier était la cible d’un intimidateur à l’ancienne école d’Henry à Port Salish, en Colombie-Britannique. Un jour, Jesse avait volé le fusil de chasse de leur père, l’avait emporté à l’école et avait abattu l’intimidateur avant de se suicider. Henry ne parle à personne de l’incident et est même réticent à écrire ses émotions à ce sujet dans son journal.

Henry doit également faire face à son nouveau monde social troublé. Sa mère est hospitalisée dans un établissement psychiatrique en Ontario. Son père travaille sur des chantiers de construction et boit beaucoup. Henry apprend progressivement à apprécier M. Atapattu, qui leur prépare des repas à son père et à lui, et se joint à eux pour regarder la lutte à la télévision. Il se rapproche également de Farley et d’Alberta, mais se méfie encore de Karen et refuse de permettre à son père de la voir.

Lors de la semaine de relâche, Henry va en Ontario pour rendre visite à sa mère et s’attend à ce qu’elle vienne bientôt vivre avec son père et lui à Vancouver. Quand elle lui dit qu’elle préfère rester et poursuivre son traitement, il se déchaîne contre elle et l’accuse des gestes posés par Jesse. À son retour, il apprend que son père a vu Karen et se sent trahi par ses deux parents. Karen finit par confronter Henry et lui révèle qu’elle a perdu son père par suicide. Elle lui explique que les émotions qu’il essaie d’éviter ne partiront jamais et qu’il doit les affronter.

À l’école, Henry apprend que l’argent qu’il avait recueilli avec Farley pour se rendre à un événement de lutte a été dérobé. Quand l’intimidateur de l’école exhibe un nouveau gadget cher, Henry le vole et le détruit, et se fait donc sérieusement tabasser par l’intimidateur. C’est ainsi qu’Henry en vient à accepter qu’il doit faire face à ce qu’il ressent. Il confesse la vérité à ses amis et tente de faire preuve de compréhension envers ses parents, particulièrement sa mère, qui déménage à Vancouver pour être avec son père et lui.

Réception

Peu après sa publication en anglais, en 2012, le roman reçoit le prix littéraire du Gouverneur général dans la catégorie de littérature jeunesse. Le jury indique qu’il s’agit « d’une histoire pertinente qui fait réfléchir et traite des effets de l’intimidation d’une manière réaliste, fascinante et empreinte de compassion ». Le livre poursuit sa lancée en remportant en 2013 à la fois le prix Ruth et Sylvia Schwartz de littérature jeunesse et le titre de livre pour enfants de l’année de l’Association canadienne des bibliothèques.

Le roman connaît généralement une bonne réception. Les critiques mentionnent fréquemment la compassion et le sens de l’humour présents dans l’histoire, remarquables au vu des thèmes difficiles abordés. Des revues littéraires américaines sont particulièrement élogieuses : Kirkus Reviews indique que l’histoire d’Henry est « un portrait réaliste et poignant d’un adolescent qui surmonte des sentiments de tristesse et de culpabilité presque insupportables ». School Library Journal affirme pour sa part qu’il s’agit d’un « roman profond et nuancé sur l’intimidation et le suicide, ainsi que sur l’amour familial et la résilience ».