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Roland Poulin

Poulin est fortement marqué dès ses débuts par les toiles abstraites de Paul-Émile Borduas, aussi bien que par l'abstraction rigoureuse des Plasticiens, surtout celle des artistes de la génération de Guido Molinari, qui le précède.

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Sculpture en bois polychrome réalisée par Roland Poulin, en 1991 (avec la permission de l'artiste).

Roland Poulin, sculpteur (né le 17 avril à St. Thomas, ON). Dès son enfance, Poulin déménage à Montréal, où il étudie à l'École des beaux-arts. Il expose beaucoup au Canada, notamment dans des expositions personnelles au Musée d'art contemporain de Montréal en 1982 et en 1983, et au Musée des beaux-arts du Canada en 1994, aussi bien qu'à l'étranger, y compris à New York, en 1981 et en 1986, et à Paris, en 1989. Il reçoit le Prix Ozias-Leduc en 1993. Il vit et travaille près de Montréal.

Toutefois, il ne souscrit pas à la recherche d'abstraction pure de Molinari, et son oeuvre fait de plus en plus appel à des formes hybrides de l'art figuratif et de l'art abstrait.

Sculptures abstraites basses

L'oeuvre de la maturité, chez Poulin, peut se diviser en deux périodes majeures. De 1978 à 1984, il réalise une admirable série de sculptures abstraites basses faites de dalles de ciment moulé. Souvent organisées autour d'un vide central, ces oeuvres possèdent une force expressive et intellectuelle qui résulte du contraste entre la densité matérielle du ciment et l'espace environnant, ainsi que de la présence, dans des configurations géométriques d'apparence régulière, de légères irrégularités dont les subtilités se révèlent progressivement à l'observateur attentif. Par ailleurs, Poulin confère à ses sculptures une autre dimension en explorant à travers elles des formes archétypales inspirées par ses lectures de l'oeuvre de Carl Jung.

Déséquilibre dynamique

Depuis 1985, Poulin travaille le bois, créant de grandes masses sculpturales fragmentées, disposées selon un déséquilibre dynamique. Toujours abstraites, ces formes évoquent néanmoins des échos figuratifs de plus en plus fréquents. En faisant référence aux tombeaux et aux tables, aux autels et aux foyers dans cet ensemble d'oeuvres, Poulin touche de près au thème de la mort et tente de suggérer des éléments de son mystère. On peut le ressentir en particulier dans l'ambiguïté de ses formes ainsi que dans le ton sombre et presque noir des surfaces de ses sculptures. Dans les oeuvres récentes, apparaissent des références à l'iconographie chrétienne, rendant plus visible encore l'intensité dramatique du conflit entre le charnel et le sacré qui est au coeur de cette oeuvre.