Kateri Tekakwitha ou Tekaouïta, (baptisée Catherine, surnommée « le Lys des Mohawks » ou encore « le Lys des Agniers »), sainte (née en 1656 à Ossernenon, aujourd’hui Auriesville, dans l’État de New York; décédée le 17 avril 1680 à la mission de Saint-François-Xavier à Sault-Saint-Louis, aujourd’hui Kahnawà:ake au Québec). Kateri Tekakwitha a été la première femme autochtone d’Amérique du Nord à être élevée au rang de sainte par l’Église catholique.
Enfance et conversion au christianisme
Kateri Tekakwitha naît d’un père kanyen’kehà:ka (mohawk), et d’une mère algonquine. Elle devient orpheline à l’âge de 4 ans en 1660, lorsqu’une épidémie de variole anéantit la majeure partie de son village, tuant ses parents et son jeune frère. La jeune Kateri Tekakwitha survit à la maladie, mais elle est gravement marquée de cicatrices et sa vue est très affectée.
En 1666, les Français lancent une expédition punitive contre les Kanyen’kehà:ka, et le village de Kateri Tekakwitha est complètement détruit. Son peuple choisit alors de traverser la rivière Mohawk vers Gandaouagué. En 1667, trois missionnaires Jésuites arrivent dans la communauté et commencent à prêcher le catholicisme.
En 1674, Kateri Tekakwitha se lie d’amitié avec le père Jacques de Lamberville qui dirige la mission. Elle lui fait part de son désir d’être baptisée. Le père Lamberville lui enseigne le catéchisme, et à Pâques en 1676, il la baptise sous le nom de Catherine. Elle a alors 20 ans. Ce prénom lui est donné en l’honneur de sainte Catherine de Sienne, une mystique italienne du 14e siècle. De nos jours, Kateri Tekakwitha est généralement connue sous son vrai nom, soit Kateri Tekakwitha, étant donné que ce nom est la version en kanyen'kéha, la langue mohawk, du nom Catherine.
Les premiers biographes de Kateri Tekakwitha, notamment le père Claude Chauchetière et le père Pierre Cholenec, qui contribuent à la croissance de son culte (une forme particulière de vénération, de dévotion ou de groupe de fidèles), insistent sur le fait que même avant de se convertir au christianisme, elle était en désaccord avec le mode de vie et les valeurs des Kanyen’kehà:ka. Son refus de demandes en mariage et son désir de rester vierge sont utilisés pour soutenir cet argument.
Départ pour la mission Saint-François-Xavier
Le baptême de Kateri Tekakwitha et ensuite sa première communion en 1677 font d’elle la cible de persécutions dans son village. Avec l’aide du père Lamberville, elle voyage sur plusieurs centaines de kilomètres pour se rendre à la mission chrétienne de Saint-François-Xavier, située à Sault-Saint-Louis (aujourd’hui la réserve de Kahnawà:ke). À cet endroit, elle se joint à un groupe de femmes haudenosaunee chrétiennes qui ont choisi de renoncer à la sexualité et au mariage et qui pratiquent la mortification. Kateri Tekakwitha se soumet elle-même à une sévère discipline de jeûne, de flagellation et d’exposition à la douleur par le feu et le froid.
Le 25 mars 1679, le jour de l’Annonciation, les Jésuites permettent à Kateri Tetakakwitha, qui fait preuve d’une piété exceptionnelle, de prononcer en privé son vœu de chasteté perpétuelle. Toutefois, la vie est précaire en cette période marquée par les épidémies et les guerres. Kateri Tekakwitha, dont la santé est fragile, meurt le 17 avril 1680, à la suite d’une longue maladie possiblement provoquée par ses pratiques excessives.
Dans les dernières semaines de la vie de Kateri Tekakwitha, le père Claude Chauchetière, un jeune jésuite, se rend à son chevet tous les jours. Dans ses écrits, il se décrit lui-même comme étant fasciné par l’attitude calme et posée de Kateri face à la mort qui l’attend. Avant même qu’elle ne tombe malade, son confesseur, le père Cholenec mentionne dans une lettre confidentielle à ses supérieurs que Kateri Tekakwitha est la « plus fervente » de toutes les jeunes femmes haudenosaunee qui pratiquent la prière et la pénitence. Il mentionne également qu’une lumière mystérieuse l’entoure lorsqu’elle s’autoflagelle. Les missionnaires et les Haudenosaunee chrétiens semblent avoir attribué des pouvoirs spirituels à Kateri Tekakwitha alors qu’elle était en vie, et son attitude face à la mort ne fait que leur fournir une confirmation supplémentaire.
Canonisation
Dès 1680, le père Chauchetière écrit une courte biographie sur Kateri Tekakwitha, et il peint son portrait. Il écrit plus tard une biographie plus longue sur elle. Dans une autre biographie écrite par le père Cholonec en 1696, ce dernier rapporte que quinze minutes après la mort de Kateri Tekakwitha, ses cicatrices de variole disparaissent et son visage est blanc et rayonnant de beauté. Pour les Jésuites, il s’agit d’un premier miracle et de la naissance de la légende de la vierge haudenosaunee, Kateri Tekakwitha.
À la fin du 17e siècle et au début du 18e siècle, d’autres dirigeants catholiques décrivent Kateri Tekakwitha de manières qui sont semblables aux descriptions de ses premiers biographes. Monseigneur Jean-Baptiste de la Croix de Chevrières de Saint-Vallier, le deuxième évêque de Québec, suggère qu’elle était « la Geneviève du Canada », tandis que le père Pierre-François-Xavier de Charlevoix affirme qu’elle était « universellement considérée comme la protectrice du Canada ».
Le 3 janvier 1943, Kateri Tekakwitha est déclarée vénérable par le pape Pie XII. Suite à cette reconnaissance par le Vatican de ses pratiques chrétiennes exemplaires, elle est béatifiée par le pape Jean-Paul II, le 22 juin 1980. Ceci fait en sorte qu’elle peut être vénérée publiquement et que sa fête, qui est le 17 avril au Canada et le 14 juillet aux États-Unis, est inscrite au calendrier liturgique de l’Église catholique.
Le 19 décembre 2011, le pape Benoît XVI reconnait un miracle attribué à Kateri Tekakwitha, soit celui de la guérison d’un jeune garçon dans l’État de Washington en 2006. Le garçon, Jake Finkbonner, a contracté une fasciite nécrosante, maladie également connue sous le nom de « bactérie mangeuse de chair ». Le 21 octobre 2012, Kateri Tekakwitha est élevée au rang de sainte, et elle devient la première femme autochtone d’Amérique du Nord à être canonisée.
Controverse
Si les catholiques canadiens voient cette sainteté comme une source de fierté, d’autres voient Kateri Tekakwitha comme une victime du colonialisme. Il est vrai que dans les nombreuses biographies écrites à son sujet, les auteurs accordent souvent plus de pages à la légende qu’au contexte historique. À une époque où l’Église catholique veut encourager les conversions des peuples autochtones, le mysticisme et la piété de Kateri Tekakwitha en font un modèle à suivre.
Legs

Depuis son décès, l’histoire de Kateri Tekakwitha est racontée dans plus de 300 livres et en 20 langues. Ces récits permettent de faire connaitre son culte (une forme particulière de vénération, de dévotion ou de groupe de fidèles) au Canada, aux États-Unis et à travers le monde.
Ses reliques, qui sont conservées dans un sanctuaire à Kahnawà:ke, font l’objet d’une vénération. Au Québec, deux églises portent son nom; l’une dans la communauté innue de Mashteuiash dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean, et l’autre dans la communauté innue d’Uashat Mak Maliotenam près de Sept-Îles. Une statue de Kateri Tekakwitha se trouve à la basilique de Sainte-Anne-de-Beaupré. Kateri Tekakwitha est également un personnage du roman Beautiful Losers (1966; trad. Les perdants magnifiques, 1972) de l’auteur montréalais Leonard Cohen.